YARIV LEVIN, LE LOUP DÉGUISÉ
EN BREBIS
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Il a des ascendances nationalistes puisque l’oncle
de sa mère était le commandant du navire Altalena qui avait voulu s’opposer à
Ben Gourion. Par ailleurs, honneur suprême, Menahem Begin avait été le parrain à l’occasion de sa circoncision. Il est trilingue, hébreu, anglais,
arabe, ce qui lui a permis d’être traducteur au sein du Corps des
renseignements israéliens. Diplômé de l’université hébraïque de Jérusalem, il a
commencé sa carrière dans le droit civil et commercial. Rien ne le prédestinait
à croiser le fer à la Knesset même si en tant qu’étudiant, il a été
porte-parole du Likoud. Habitant de Modiin, il y a créé une section Likoud en
2003. À ce titre, il s’est opposé au plan de désengagement de Gaza.
Découvert par
Netanyahou en 2006, il a été chargé de coordonner les activités de l’opposition
contre le gouvernement d’Ehud Olmert. En plus de ses activités politiques, il a
été chef du comité des avocats salariés de l'Association du Barreau, puis vice-président
de l'Association du Barreau (2003–2005). Il a participé aux élections primaires
du Likoud de 2009 qui le placèrent à la 21ème place pour 27 sièges
élus. Le 3 août 2009, il a été nommé président du comité de la Knesset puis représentant
de la Knesset auprès du comité de sélection des candidats au poste de procureur
général.
Il a été très actif à
la Knesset en présentant une quarantaine de projets de loi dont la loi de
novembre 2010 qui stipule qu'un référendum doit être organisé en cas de projet
d'abandon de terres souveraines ; un véritable record absolu pour un
membre de la Knesset au cours d'un seul mandat. Lors des élections du 22
janvier 2013, il a été élu à la 9ème place et a été choisi le 18
mars 2013 pour être le chef de la coalition Likoud et le représentant de la
Knesset auprès du comité de sélection des candidats au poste de procureur
général.
Bien que Juif laïc, il
n’était pas en bons termes avec les Juifs des États-Unis : «les Juifs réformés
aux États-Unis sont un monde mourant. L'assimilation se produit à grande
échelle. Ils ne suivent même pas cela correctement dans leurs communautés. Cela
est démontré par le fait qu'un homme qui se dit rabbin réformé se tient là avec
un prêtre et officie au mariage de la fille d'Hillary Clinton et personne ne le
condamne, le légitimant ainsi».
Après les
élections de 2015, il a été nommé ministre du tourisme et ministre de la
Sécurité publique, poste qu’il abandonna rapidement au profit de Gilad Erdan. Le
24 décembre 2018, il a été nommé ministre de l'Aliyah et de l'Intégration.
Pendant toute cette période, il n’a pas fait parler de lui, se comportant en
bon «soldat» du Likoud, discipliné et entièrement dévoué à son chef. Cela
lui valut d’être nommé président de la Knesset le 17 mai 2020, remplacé par la
suite par Mickey Levy le 13 juin 2021.
À la suite des élections de 2022, Levin a été élu temporairement
président de la Knesset le 13 décembre pour ensuite céder son poste le 27
décembre. Par sa discrétion, personne ne l’a vu venir et encore moins David
Amsalem qui lorgnait le poste de ministre de la Justice. Levin lui a ravi le
poste alors qu’il ne s’y attendait pas. Beaucoup ont interprété cette
nomination comme une volonté de barrer la route aux Séfarades au sein du parti.
Le vrai visage de
Levin est alors apparu lorsqu’en janvier 2023, il a décidé de démanteler le
système judiciaire afin d’affaiblir la Cour suprême en accordant au
gouvernement un contrôle effectif sur le comité de sélection des juges, en
interdisant à la Cour de se prononcer sur la constitutionnalité de certaines
lois et réglementations et en accordant à la Knesset le pouvoir d'annuler toute
décision de justice par une simple majorité. Il a exploité la lacune des Lois
fondamentales qui pouvaient être modifiées par une simple majorité alors que
partout dans le monde les modifications constitutionnelles ne peuvent
s’effectuer qu’avec une majorité des 2/3 de l’assemblée.
Ce fut le début de la controverse et des
manifestations anti-gouvernementales contre son plan. On le savait
nationaliste, opposé à la création d’un État palestinien et prônant le
droit de tout Juif de s’installer partout en Cisjordanie. Il donne aujourd’hui
l’impression d’avoir supplanté le premier ministre affaibli par l’acceptation
de toutes les exigences de l’extrême-droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir
qui font la pluie et le beau temps au gouvernement. On attendait le danger de la
part de l’extrême-droite mais la révolution est venue de l’intérieur même du
Likoud.
Il est étonnant que
Netanyahou, contrairement à ses habitudes, ait laissé son ministre s’affirmer
seul au grand jour alors qu’il a toujours empêché un concurrent potentiel d’être mis à la lumière. Pendant longtemps il avait refusé de nommer ministres
ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre, Nir Barkat en particulier. Or, le
ministre de la Justice Yariv Levin a tenu seul une conférence de presse à la
Knesset, le 4 janvier 2023, dans une sorte de one-man-show à l’heure de grande
écoute à la télévision. Lors de sa conférence de presse à l’accent volontairement
dramatique, programmée pour coïncider avec les journaux du soir, Levin,
superstar, a annoncé sa décision de refonte complète du système juridique
israélien. Netanyahou n’était pas présent ce qui l’a empêché de s'attribuer le
mérite.
Avec la qualité pointilleuse d’un employé de banque et le ton volontairement mesuré d'un professeur de sciences politiques face à ses élèves, Yariv Levin s’est transformé en homme modéré, au comportement volontairement lourdaud alors qu’il est aujourd’hui le militant du Likoud le plus offensif et avec l’esprit le plus vif. Soutien inconditionnel de Netanyahou, il reste responsable d’un éventuel effondrement du gouvernement quelques mois après sa formation. Sur la demande pressante de son mentor, il a refusé de transiger et de modifier un iota de son projet en mettant en balance sa démission du gouvernement. C’est dire s’il a pris du poids pour engager sa révolution judiciaire.
On ne l’a pas vu venir et pourtant, pendant des décennies, Levin a été un féroce critique des tribunaux israéliens. Il aimait s’inspirer de Menahem Begin en citant une de ses remarques : «existe-t-il des juges à Jérusalem ?». On ne peut pas dire qu’il n’avait pas annoncé la couleur : «Je n'accepterai pas le portefeuille de la justice comme une babiole, mais seulement si on me donne le pouvoir d'effectuer des changements substantiels». Netanyahou a succombé à ses désidératas en lui garantissant le mérite de la réforme judiciaire, alors que le premier ministre n’avait jamais montré, durant ses douze années de pouvoir, une volonté de sacrifier la Cour suprême. Les Historiens auront beaucoup de travail pour comprendre comment le grand premier ministre a basculé dans les bras d’un ministre jadis éteint, d’un loup déguisé en brebis.
6 commentaires:
Les tyrans n’ont parfois pas besoin d’imposer. Il suffit de laisser l’imagination débordante des lieutenants les plus zélés pour voir fleurir les projets les plus pourris.
Le loup a aussi pour ambition de remplacer le Calife, le moment venu. Il l'a peut-être révélé trop tot...
Bibi est affaibli par ses proces. Et je ne serais pas etonne que Levine prenne sa place et deviendrai le premier dictateur d'Israel. Son intolerance est connue et la potence ou l'echafaud vont travailler meme avec des heures supplementaires. A la place des opposants de la gauche, je m'assurerai que leurs passeports soient en regle pour fuir Israel.
Eh bien tout "Yariv" à qui sait attendre! Une correction : Yariv Levin n'a jamais voulu "démanteler" le système judiciaire de la Cour Supreme comme prétendu mais y introduire précisément plus de démocratie et un meilleur équilibre interne afin d'en limiter les abus qui lui ont fait perdre la confiance que cette institution avait dans le passé. La responsabilité de ce discrédit revient à Aharon Barak et ses successeurs de la meme caste non élue qui ont mis en oeuvre dans les années 80-90 une 'révolution judicaire" faisant de la CS une pieuvre tentaculaire cumulant à elle seule trop de pouvoirs au point de brider ceux du législatif et de l'éxecutif.Ce qui nexiste à ce niveau dans aucune démocratie que ce soit aux Etats Unis ou l'éxécutif dispose d'un droit de nomination de juges à la Cour Supreme et meme en France où aucune juridiction unique ne fait fonction de Cour de Cassation, de Conseil d'Etat et de Conseil constitutionnel!!
Il est possible de comprendre grace à un ensemble de decisions de la Cour Supreme la tendance idéologique post sioniste qui la motive; celle aussi d'une gauche qui tend à reléguer le caractère juif de l'Etat au profit de celui de "tous ses citoyens" et ce dans un esprit en concordance avec la législation européenne. Le peuple a dit non!
Les dictateurss sont du coté de la gauche et d'extreme gauche qui manifestent contre cette juste réforme aux cris trompeurs de "démocratie".
Ceux -ci sont allés jusqu'à tenter de mobiliser un quarteron de pilotes officiers de réserve qui déclarent refuser les entrainements de combat.Curieux, en Israel les anciens officiers qui manifestent sont tous de gauche.
Il faut les congédier, les sacquer de l’armée ! Imagine -t-on qu’ils refusent d’obéir aux ordres en cas de conflit, pour « des convenances personnelles ou idéologiques « ?
C’est la fin de l’ État d’ ‘Israël !Que dirait la Gauche si des officiers de droite entraient en rebellion pour la meme futile raison, ce qu'ils n'ont pas fait pendant l'expusion des Juifs du Goush Katif pourtant plus grave pour le pays?
Soros, JStreet et la gauche hargneuse, irresponsable sont en train de détruire notre société, notre économie et maintenant notre armée ! Et pourquoi ? Pour un désaccord sur une réforme judiciaire qui selon eux ferait d’Israël une dictature ? Mais savent-ils ce qu’est une dictature? Qu’ils aillent passer leurs vacances à Moscou, Istanbul ou Pyong Yang! J’ai honte pour eux… Enfin pour répondre a un commentateur j'aurais plaisir à m'assurer personnellement si j'en avais le pouvoir que leurs passeports soient en règle pour fuir "la dictature".
Bonne chance à Yariv Levin ! Et surtout qu'il ne cède pas: la majorité des électeurs soutiennent sa réforme, les cries d'orfraie de la gauche paniquée de voir un de ses meilleurs bastions idéologiques s'affaiblir ne fait que renforcer cette conviction!
Heureusement qu'il y a President Herzog pour éviter la guerre civile
Très judicieux de mettre le projecteur sur un Saint-Just si mystérieusement malade de la justice.
Très révélateur de voir le fanatisme du complot ( la gauche - Soros - JStreet...) poussant jusqu'à la menace le soutien au fanatisme de l'autoratisme
Enregistrer un commentaire