Smotrich-Galant |
Au sein
du gouvernement la lutte se poursuit
Pendant ce temps, la lutte de pouvoir se poursuit entre le ministre de la Défense Yoav Galant et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui occupe également un poste ministériel au ministère de la Défense, ce qui est inédit, à l’exception de Netanyahou qui dans le passé avait déjà cumulé plusieurs postes. Récemment, Netanyahou a donné à Smotrich un contrôle important sur les affaires civiles en Cisjordanie, où il cherche à progressivement annexer des territoires à l'extérieur de la barrière de sécurité pour réaliser son objectif politique majeur : l'inévitabilité de l'annexion, bien que Smotrich vise à éliminer la possibilité d'un État palestinien en Cisjordanie, il reconnaît que l'annexion par décret est impossible en raison des contraintes diplomatiques internationales.
Cette stratégie d'annexion de facto peut parfois passer inaperçue dans le contexte des convulsions politiques intérieures d'Israël, marquée par des modifications judiciaires proposées et les flambées de violence en cours avec les Palestiniens. Le partage du pouvoir entre Smotrich et Galant est une situation inédite, dans laquelle les responsables civils prendront des postes importants dans les organes militaires gérant les affaires civiles de Cisjordanie, tandis que les responsables de Tsahal se concentreront sur la sécurité.
Cependant, la distinction entre les questions civiles et de sécurité dans ce territoire est floue et le ministère de la Défense a averti que ce nouvel arrangement pourrait menacer l'unité de commandement. De plus, les décisions de colonisation et les changements ministériels étendront considérablement la présence d'Israël au-delà de la barrière de sécurité, ce qui anéantira les perspectives d'une solution à deux États. Cette situation rend également infiniment plus difficile les efforts des États-Unis pour apaiser les graves tensions israélo-palestiniennes avant le Ramadan, qui commence le 22 mars et chevauche la Pâque cette année, augmentant ainsi potentiellement le risque de violence.
Sommet Aqaba président Tsisekedi |
Désaccord au sein du gouvernement
Le 26 février, Washington, l'Égypte et la
Jordanie ont organisé le sommet d'Aqaba pour tenter de résoudre les tensions
entre Israël et l'Autorité palestinienne. Israël s'est engagé à «mettre fin
aux mesures unilatérales pendant une période de 3 à 6 mois», y compris
l'arrêt de toute nouvelle unité de colonisation pendant 4 mois et de
l'autorisation de tout avant-poste pour 6 mois. Cependant, certains ministres
d'extrême-droite ont rejeté le communiqué.
L’annexion
rampante
En privé, Netanyahou a déclaré qu'il n'avait
pas l'intention d'annexer la Cisjordanie pour le moment, mais la poursuite de
la construction de colonies en dehors de la barrière de sécurité pourrait
entraîner une annexion de fait et compliquer la future délimitation d'un État
palestinien séparé. La plupart des colons israéliens vivent à l'intérieur de
cette barrière, tandis que la plupart des Palestiniens vivent à l'extérieur.
Environ 84% des Israéliens vivent dans des colonies approuvées situées à
l'intérieur de la barrière, tandis que les 16% restants vivent dans des
colonies approuvées à l'extérieur de celle-ci.
avant-poste d'Eviatar, près de la ville de Naplouse |
Pour
mieux comprendre
Le gouvernement israélien a annoncé son
intention de légaliser 9 avant-postes, ce qui pourrait modifier ces
proportions. Avant cela, des groupes de colons israéliens avaient établi 106
avant-postes sans l'autorisation du gouvernement, la plupart étant construits à
l'extérieur de la barrière et sur des terres palestiniennes privées. En
combinant les colonies approuvées et les avant-postes illégaux, un total d'environ
170 colonies ont été établies à l'extérieur de la barrière de sécurité.
L’ambivalence
du gouvernement
C’est en menant un conflit interne intense avec
le ministre de la Défense Yoav Galant que Smotrich a réussi à obtenir plus
d'autorité sur les affaires civiles. Il menaçait de mettre son veto au budget
de la Défense si ses demandes n'étaient pas satisfaites. Finalement, Netanyahou
sous la menace, n’a pas eu d’autre choix que de diviser les pouvoirs de
l'administration civile et du coordinateur des activités gouvernementales dans
les territoires (COGAT) pour permettre à Smotrich de nommer un chef adjoint de
l'administration civile, lui donnant des pouvoirs étendus sur diverses
questions telles que l'arpentage, la construction de colonies, la démolition
d'avant-postes, les projets d'infrastructure, entre autres.
Galant et Tsahal conserveront le contrôle des
problèmes de sécurité, tandis que Netanyahou devra résoudre tout différend
entre les deux ministres sur des questions très médiatisées telles que les
démolitions d'avant-postes et les nouvelles constructions majeures. Pour
autant, le processus de légalisation peut prendre plusieurs années et des
contestations judiciaires peuvent encore naître. Trois des avant-postes devant
être légalisés – Avigail, Givat Harel/Haroeh et Givat Arnon – ont été
partiellement construits sur des terres palestiniennes privées dont les
propriétaires peuvent demander à la Cour suprême israélienne d'arrêter le
processus. De tels obstacles juridiques ont depuis toujours contrarié le
mouvement des colons et c’est une des principales raisons pour lesquelles le
Parti sioniste religieux de Smotrich soutient fermement une législation visant
à neutraliser l'indépendance de la Cour suprême.
La roulette russe au sein du
gouvernement
Le Premier ministre navigue entre deux voies
contradictoires en matière de politique de colonisation en Cisjordanie. D'une
part, il a cherché à apaiser les responsables internationaux et locaux en
suspendant temporairement les nouvelles légalisations d'avant-postes. D'autre
part, il a renforcé l'autorité de Smotrich considéré comme hyperactif et très
favorable à l'expansion des colonies en Cisjordanie, en lui donnant un contrôle
civil partiel. Les actions de Smotrich pourraient rapidement constituer un problème
majeur face aux décisions politiques prises pour apaiser les tensions
israélo-palestiniennes. La tactique présumée de Netanyahou consiste à apaiser
les éléments d'extrême-droite afin qu'ils restent dans sa coalition, ce qui
conduit déjà à une division sans précédent des pouvoirs en Cisjordanie.
Toutefois, il est de plus en plus préoccupant de
savoir si Netanyahou contrôle pleinement son gouvernement, étant donné qu'il
compte sur le Parti sioniste religieux pour rester au pouvoir. L’entourage du
premier ministre a beau laisser entendre en privé qu’il n’a pas formellement
approuvé les décisions unilatérales de Smotrich et qu’il imposera ses choix. Ce
genre de déclaration ne peut rassurer que ceux qui veulent y croire. Au
contraire, on a le sentiment que le premier ministre est engagé dans une
spirale dont lui-même ne connaît pas l’issue. Alors qu’il faudrait une unité
sans faille dans la conduite des affaires, on assiste chaque jour à une lutte
intestine entre responsables.
De plus, devant l’effondrement de l’autorité palestinienne, on constate
que les tensions et les conflits sont chaque jour plus, à mesure que le
ministre Smotrich renforce ses pouvoirs et prend des décisions controversées
qui pourraient conduire au déclenchement d’une nouvelle Intifada. C’est
peut-être la stratégie de l’extrême-droite pour renforcer sa mainmise sur le
gouvernement et appliquer son idéologie. Enfin, au vu des échanges quotidiens
et des manifestations, on se demande qui, dans cette lutte intestine, éliminera
l’autre.
2 commentaires:
En incluant l'extreme-droite dans sa coalition, Bibi a, en fait, don ner a cette meme extreme droite le pouvoirr absolu, quand des elements du parti de Netanyahou partagent ces idees, comme le Ministre de la Justice Levine qui fait feu de tout bois pour detruire la democratie israelienne a la grande joie de la coalition politique actuelle. Deja, mercredi dernier des heurts violents ont ete inities par la police sous les ordres explicites du Ministre de la Securite publique, le faf Ben Gvir qui a promis au Premier Mnistre qu'il arreterait toutes les manifestations a tout prix. Ce soir, il y aura une nouvelle manifestation monstre a Tel Aviv. Je suis a peu pres certain qu'il y aura mort d'hommes, quand Ben Gvir a ugorise une contre-manifestation de l'extreme droite qui n'arrivera pas les mains nues.
Dans l'histoire moderne d'Israel, les assassinats politiques sont toujours ete inities par cette meme extreme-droite. Cela sera-t-il suivi par une guerre civile? Je n'en suis pas sur, les organisateurs des manifestations contre la reforme juridique (et constituionnelle) sont des personnes moderees.
Bonjour,
@George, veuillez observer que B. Netanyahou est en fin de carrière et qu'il a fait entrer dans au gouvernement des individus qui "traditionnellement" ne sont que de petits "supports" pour le Likoud.
Mon sentiment, exprimé sur ce blog il y a plusieurs mois, se réalise; je n'en suis pas particulièrement heureux, c'est ainsi, je n'écris pas l'histoire, j'essaie de la lire.
Je vais me permettre, au cas ou cela intéresserai quelques lecteurs, de partager à nouveau ce que je crois être le mouvement politique en Israël.
Je tiens à préciser que je ne suis pas israélien; en revanche, j'apprécie étudier l'évolution de sa politique "intérieur" que je trouve dense.
B. Netanyahou est un homme politique ayant donné beaucoup de sa vie pour le peuple et, ce, avec sincérité. Il n'est pas donné à tout le monde d'être aimé par des inconnus.
Lord E. Acton disant que "le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument", signifiait qu'un homme politique se transforme sous la charge du pouvoir que le peuple lui donne et que sa tendance sera a non plus supporter cette charge mais à contraindre ce pouvoir afin qu'il devienne "absolu", plus léger.
Je crois que le vieux lion n'apprécie pas l'idée d'avoir été aimé en tant qu'homme exerçant le pouvoir et de progressivement moins l'être parce qu'il ne l'exerce plus. Et c'est ce que je crois observer: la transformation d'un parti politique, le Likoud, libéral (dans le sens français donc économique du terme, par opposition au sens états-uniens qui est lié à l'évolution des moeurs citoyens) de centre droit, vers la formation d'une chose très peu libéral et bien moins "centrale".
Cela signifie qu'un vide se créé au centre droit, que le Likoud n'a que le nom du parti mais n'a rien à voir avec ce qu'il est traditionnellement. Cela signifie, également, que la coalition de centre gauche devrait bouger vers le centre; je dirai qu'elle va bouger sur la ligne libérale qui fût peu affirmée.
Bref.
Au final, je crois qu'Israël devrait connaître quelques temps politiques complexes mais sur le long terme, Israël s'ouvre à ses voisins; ce que je trouve positif car je pense que cette ouverture, sur le long terme, implique une diminution de l'intensité des conflits avec leurs frères Palestiniens. Cela signifie un infléchissement des tensions "communautaires" en France et, donc, un changement d'attitude politique... car les communautés juives et arabo-musulmannes voteront un poil différemment; d'ailleurs, une élection se gagne souvent d'un ou deux cheveux :)
Cordialement,
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