Matinale Info de RCJ 12 août 2021
YAÏR LAPID EN VISITE HISTORIQUE AU MAROC
Jacques BENILLOUCHE au micro de Rudy SAADA
Lapid et Bourita au Maroc |
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Représentation du Maroc à Tel-Aviv |
Le président Donald Trump
avait favorisé le pas décisif en acceptant la souveraineté marocaine sur le
Sahara occidental contesté. Cela a permis au Maroc de devenir le quatrième pays
arabe à établir des relations diplomatiques avec Israël après les
Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan. Les avions d’El Al ont été autorisés
à assurer des vols commerciaux depuis Tel-Aviv. Pour rappeler la présence juive
dans le pays, Lapid profitera du voyage pour rendre un hommage aux Juifs qui
vivent encore au Maroc en visitant la synagogue Beth-El à Casablanca.
La décision marocaine a
entrainé de sérieux remous, voire de la colère, au sein des Palestiniens qui
voient s’éloigner l’espoir de la création de leur État. Alors en représailles,
les Palestiniens ont décidé de se rapprocher des Sahraouis et de renforcer
leurs liens. La Fatah
et le Hamas avaient pourtant refusé de se brouiller avec le Maroc et n’avaient pas pris
de position ferme. Seuls les gauchistes du FPLP ont toujours été des fervents
partisans du Front Polisario. Mohamed Ahmed Madi, qui dirige depuis Gaza le Comité
palestinien de solidarité avec le peuple sahraoui, espère que l’alliance ouverte
du Maroc avec Israël rendra les dirigeants palestiniens plus sympathiques à la
cause sahraouie.
La Maroc avait abrité plus
de 400.000 Juifs mais seules 3.000 personnes continuent à y vivre. La plus
grande partie des Juifs s’est installée en Israël et au Canada et une petite
minorité en France. Aujourd’hui on dénombre 700.000 originaires du Maroc vivant
en Israël tout en gardant leurs traditions.
Shimon Peres et le roi Hassan II |
Le Maroc et Israël ont
toujours maintenu des relations discrètes, en particulier sur le plan des
renseignements, surtout sous le règne de Hassan II. Il est à présent établi que
le roi avait permis à Israël d’obtenir des informations sensibles pour lancer la
Guerre des Six-Jours. Mais la deuxième Intifada avait poussé Rabat de suspendre
ses relations en 2000.
Aujourd’hui un nouvel
acteur est entré en scène avec ses capacités de nuisance. L’Iran étend ses tentacules politiques à
travers le monde et, depuis quelque temps en Afrique, un continent où il avait
du mal à s’infiltrer jusqu’alors. Les Mollahs ont estimé devoir prendre
position en faveur du Sahara occidental, la chasse gardée du Maroc ce qui a convaincu
la monarchie à rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran depuis mai 2018.
Le roi Mohamed VI accusait les Iraniens de s’insérer dans le conflit du Sahara
occidental, en soutenant officiellement le Front Polisario, une organisation de
marxistes.
Le Maroc a toujours été pragmatique
parce qu’il privilégiait d’abord son peuple et son économie plutôt que la haute
politique. Il a donc autorisé les échanges commerciaux avec Israël qui ont
atteint et 37 millions pour la seule année 2017. Certes il a interdit d’en
faire état dans les statistiques officielles mais les chiffres montrent que le
Maroc vient en quatrième position des partenaires commerciaux africains.
Netafim |
Le Maroc agit en évitant
trop communiquer sur ses relations avec Israël. Mais les investissements ne
peuvent plus être clandestins. Bien avant ces nouvelles relations, le géant
israélien de la technologie agricole, Netafim, avait créé une filiale au Maroc
en investissant 2,9 millions de dollars et en embauchant une vingtaine de salariés.
Le Maroc n’a pas choisi n’importe qui puisque le kibboutz Netafim est le leader
mondial des systèmes d’irrigation goutte à goutte, une technologie pionnière. Il participe fréquemment aux foires agricoles high-tech
israéliennes tandis que des milliers de touristes israéliens ont pris
l’habitude de visiter le Maroc chaque année en étant bien accueillis.
Mais si les relations
économiques allaient crescendo, le Maroc gardait une grande discrétion sur ses
relations politiques restées dans l’ombre pour éviter de provoquer les éléments
nationalistes marocains, conservateurs et islamistes, à l’instar du PJD (Parti
de la justice et du développement) qui dirige le gouvernement. Mais ces
nationalistes, par intérêt ou par crainte de mesures de rétorsion, ferment les
yeux sur la présence israélienne dans l’économie marocaine.
Le Maroc se présente sous
deux facettes, celle de la rue avec les femmes et les enfants en première ligne
qui manifestent contre Israël en piétinant les drapeaux israélien et américain
et celle du pragmatisme du gouvernement du Royaume. Mais le roi Hassan II qui a
subi deux coups d’État organisés par l’armée avait une confiance limitée dans
ses généraux. Le site marocain Hespress
révèle que des instructeurs israéliens forment les militaires marocains et que
la garde rapprochée du roi, une habitude depuis Hassan II, est constituée
d’anciens officiers israéliens des troupes d’élite, d’origine marocaine parlant
parfaitement la langue.
Abdallah VI et le prince héritier |
Il faut dire que le Maroc
a de fortes préoccupations militaires et qu’il a besoin de conseils d’experts.
La guerre contre le front Polisario est ravivée et elle impose à l’armée de
s’équiper pour contrer la rébellion. Le Royaume cherche donc à se doter
d’avions équipés d’une technologie israélienne en matière d’espionnage,
financés par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, après un accord avec
les États-Unis. Le gouvernement marocain
vient donc de finaliser un contrat d’équipement de quatre avions d’espionnage
et d’écoute, de type Gulf Stream G550, du fabricant américain Raytheon avec la
participation discrète de la compagnie israélienne «Elta Systems».
Golf Stream 550 |
Il faut rappeler aussi que
le grand expert du décodage des messages, des mails et des écoutes
téléphoniques est le professeur Ami Moyal de l’université d’Afeka dont les
parents marocains ont fait leur alyah dans les années 1960 à Ashdod.
Les chefs de la diplomatie
israélienne et marocaine ont signé le 11 août des accords portant notamment sur
la coopération politique, l'aviation et la culture. Le ministre marocain Nasser
Bourita a évoqué le conflit israélo-palestinien, estimant qu’il fallait «reprendre
les négociations pour parvenir à une solution sur la base de deux États». Yaïr
Lapid s’est gardé de soulever cette question qui fâche soulignant que cette
normalisation prouvait que «quelque chose est en train de changer dans la
région».
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