NETANYAHOU : SEUL CONTRE TOUS
Par Jacques BENILLOUCHE
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À
chacun son qualificatif pour expliquer le vote de la résolution de l’Onu :
revers, claque, camouflet, trahison, vengeance, retour de bâton programmé,
solde du contentieux entre Netanyahou et Obama. Tout cela pour une nième
résolution qui retrouvera, comme les autres, le chemin des tiroirs de
l’Histoire. Le seul symbole de ce vote réside dans le fait que, pour la
première fois depuis 1979, les États-Unis ont joint leur voix à tous ceux qui
utilisent systématiquement la tribune de l’ONU pour fustiger Israël. Cependant utiliser
un langage guerrier pour ce vote relève d’un hors-sujet notoire.
Cela
n’a pas changé car l’ONU a toujours représenté la bête noire d’Israël puisque
l’influence des pays à pétrodollars régit le comportement de la majorité de ses
membres. Le «vilain petit canard» ne trouve jamais grâce parmi les États
du globe qui jugent toujours les actes juifs de manière strictement négative. D’ailleurs
l’enceinte résonne encore de la vingtaine de résolutions condamnant
systématiquement Israël.
La
responsabilité de ce vote est à mettre au débit personnel de Netanyahou, d’une
part parce qu’il cumule aussi le titre de ministre des affaires étrangères et d’autre
part, parce que ses efforts pour faire dérailler le processus du vote ont été
vains. La surprise est venue de l’Égypte, à l’origine du dépôt de la
résolution, qu’on croyait unie dans le même combat contre le terrorisme. Mais
malgré le manège mis en branle par la diplomatie israélienne, le Conseil de
sécurité des Nations unies a adopté le 23 décembre, avec une célérité
étonnante, une résolution appelant l'État hébreu à stopper «immédiatement et
complétement la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est».
L'Ambassadeur israélien à l'ONU |
Le
Conseil estime que la politique d’Israël «n'a aucune validité légale et
constitue une violation flagrante du droit international ainsi qu'un obstacle
majeur à la mise en œuvre de la solution des deux États». Les États-Unis
n’ont pas fait usage de leur droit de veto et se sont abstenus alors que les
quatorze membres du Conseil, dont la France, ont approuvé le texte. Les Américains avaient multiplié les mises en
garde à l'État hébreu sur la nécessité de prendre des initiatives en faveur du
processus de paix mais le gouvernement s’est appuyé sur son extrême-droite
religieuse et sur les sionistes religieux pour faire la sourde oreille.
L’élection de Donald Trump leur a donné des ailes dès lors qu’il avait
l’intention de fermer les yeux sur la légalisation d’une centaine
d'avant-postes «sauvages» édifiés depuis la fin des années 1990.
Constructions à Jérusalem |
Le
premier ministre israélien a immédiatement condamné ce vote : «Israël
rejette cette résolution anti-israélienne honteuse des Nations unies et ne s'y
conformera pas». Il avait été dopé par la déclaration de Donald Trump
précisant que «les choses seront différentes à l'Onu après son arrivée à la
Maison Blanche dans un mois». On ignore comment le président élu pourra
obtenir des résultats tangibles car l’Onu est une organisation influencée par
les pays arabes qui régissent le comportement de la majorité de ses membres. L’habitude
est prise avec ces résolutions «unanimes», cette volonté systématique de
blâmer, de critiquer et bien sûr d’accuser Israël à chaque occasion qui se
présentera.
Mais
contrairement aux autres résolutions, cette dernière est équilibrée car elle pointe
aussi du doigt les Palestiniens en appelant les parties à «prendre des
mesures immédiates pour prévenir tout acte de violence contre les civils, y
compris les actes terroristes, de provocation et de destruction». Elle les
prie de «s'abstenir de commettre des provocations, d'inciter à la haine et
d'employer une rhétorique inflammatoire dans le but de parvenir à une
désescalade sur le terrain et de reconstruire la confiance». Cet aspect a été éludé par les Israéliens. Mais le seul effet
de cette résolution sera de mettre de l’huile sur le feu et de conforter les
extrémistes à refuser tout dialogue.
La résolution 2334 est stérile car elle n’a aucun effet contraignant puisqu’elle a
été votée, heureusement, dans le cadre du seul chapitre VI de la charte de
l’ONU. Le chapitre VII au contraire aurait pu conduire à des sanctions
économiques avec toutes les conséquences désastreuses pour le pays. Il
semblerait que les initiateurs de la résolution aient voulu la modérer pour
obtenir le vote des États-Unis. Trump ne pourra rien faire pour l’annuler car
il faudrait une autre résolution qui subirait cette fois-ci un veto de l’un des
quatre Grands.
CPI la Haye |
En
revanche, l’effet psychologique est destructeur. Les Palestiniens ont compris
qu’ils ne parviendront jamais à faire bouger la situation par la force. Ils
utilisent donc toutes les ressources des organisations internationales en
exploitant la faiblesse d’une diplomatie israélienne atone parce qu’aucun
ministre en titre n’a été désigné. La Cour pénale internationale est déjà sollicitée ;
les organisations BDS auront un argument juridique pour intensifier leurs
actions de boycott ; l’UE aura les mains libres pour faire voter d’autres
lois sur les produits des implantations.
Cependant
la colère israélienne a été sélective. Elle s’est abattue sur les pays faibles
et n’a pas touché les Grands du Conseil de sécurité. Deux poids et deux
mesures. Israël a rappelé ses ambassadeurs de Nouvelle Zélande et du Sénégal ;
il n'entretient pas de relations avec la Malaisie et le Venezuela qui eux-aussi
ont voté pour. Au moment où Israël est isolé sur le plan international, la
rupture avec un pays musulman africain peut être considérée comme une erreur de
stratégie.
Volodymyr Groïsmann |
Ajouter au rappel d’ambassadeur la suspension de l’aide israélienne
au Sénégal peut conduire ce pays à rejoindre la coalition autour de l’Iran.
Pire, Netanyahou a supprimé les visites que devaient faire en Israël le premier
ministre ukrainien d’origine juive Volodymyr Groïsmann et le ministre des
Affaires étrangères du Sénégal, Mankeur Ndiaye. Il a de plus ordonné
l’annulation de tous les programmes d’aide au Sénégal. Israël n’a pas les
moyens de se couper d’une partie de l’opinion internationale.
Ces
représailles sont incompréhensibles à l’encontre de ces petits pays contraints
d’aligner leur vote sur la majorité parce qu’ils n’ont pas les moyens
économiques et politiques pour contrer les Grands et les pays arabes. En
revanche la France a été épargnée et c’est là que réside le paradoxe de cibler
uniquement de manière sélective. Il se dit que ces mesures ont été prises pour
calmer la fureur des membres de la direction du Likoud contre la communauté
internationale.
Hélène Le Gal ambassadrice de France |
Et pourtant les États-Unis,
contrairement à la France et aux autres Grands, n’ont fait que s’abstenir.
Certains pointent la frustration de Barack Obama à l’égard d’Israël. Ben
Rhodes, conseiller du président américain, a justifié ce vote : «Benjamin
Netanyahou avait la possibilité de conduire des politiques qui auraient
engendré un autre résultat. Le fait que cela arrive à la fin de nos huit ans de
mandat montre que ce n'était pas l'évolution que nous préférions. Si c'était ce
résultat que nous cherchions, nous l'aurions obtenu depuis longtemps».
Ben Rhodes |
La
Maison Blanche voulait convaincre Israël que sa politique de constructions dans
les Territoires palestiniens et à Jérusalem-Est sabotait les espoirs de paix. La
droite israélienne qualifie d’abandon d’Israël le geste des États-Unis alors
qu’ils n’ont jamais failli dans leur soutien économique et dans la fourniture
de systèmes d'armes avancés pour sa défense militaire. Le F-35 en est
l’illustration la plus parfaite. Les Américains ne peuvent pas systématiquement
cautionner les dérives d’un gouvernement soumis aux diktats des messianiques juifs qui lui assurent une majorité politique.
5 commentaires:
Obama le cancer du monde en plus il s est trompé sur nombreuses stratégies et reste absent des plus grands conflits dans le monde conflits majeurs qui le laissent sourd
C'est une défaite pour Israël et Netanyahu n'est pas le coupable idéal sur lequel doivent s'abattre toutes les critiques et toutes les condamnations.
Faut-il rappeler :
L'intransigeance des palestiniens qui en 9 mois n'avaient fait aucune concession , exigeant tout sans rien accorder,
LA duplicité de Obama qui voulait se venger de Netanyahu et " libérer" L' Iran de toute sanction .
il a donné son coup de poignard à moins d'un mois de son départ pour laisser une situation compliquée à Trump.
Au fond, c'était Guy Milliere qui avait raison sur Hussein Obama.
Article bien equilibre. C'est une défaite sans consequence pour le gouvernement israélien. Trump n'y changera rien car personne n'est capable de trouver une solution viable sans deux etats. Il faut se résoudre (ou pas) a ne pas connaître la paix dans les prochaines années. L'opposition israélienne doit centrer ses efforts sur un programme social digne de ce nom.
Il ne faut pas se voiler la face, une colonisation reste une colonisation injustifiable aux yeux de tous sauf des colons et malheureusement, on sait comment elles ont toutes fini.
QUE QUELQU'UN M EXPLIQUE CE QU'EST UN TERRITOIRE OCCUPE .... IL FAUT QU'IL AIT APPARTENU A UN ETAT . LA JORDANIE N'EN VOULAIT PLUS.. LA JUDEE SAMARIE NE FAISANT PLUS PARTIE D'UN PAYS.
LA POPULATION QUI Y VIVAIT AVAIT DES DOCUMENTS D'IDENTITE JORDANIENS ET NON PAS PALESTINIENS.DONC LE TERME ''''TERRITOITES PALESTINIENS'''' N'A AUCUNE VALEUR
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