LES RUSSES ENVOIENT DES TROUPES TERRESTRES EN SYRIE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Base de Hmeimim |
Les Russes, qui ont eu une expérience douloureuse en Afghanistan, ont longtemps hésité à envoyer des
troupes en Syrie, préférant les interventions de l’aviation militaire.
Ils ont trouvé une solution en se faisant remplacer à terre par des troupes d’élite
tchétchènes. Les bataillons militaires Zapad et Vostok, déployés
dans la république russe de Tchétchénie, se préparent à se rendre en Syrie. Dans un premier temps, ils s’installent dans la base aérienne de Hmeimim pour la protéger. Ils seront
intégrés à la police militaire. Le choix des Tchétchènes n’est pas fortuit car,
à l’instar de la majorité du peuple syrien, ils sont musulmans sunnites ;
cela devrait ainsi faciliter leur interaction avec la population locale.
Bataillon tchétchène |
Les bataillons
tchétchènes ont une vaste expérience de lutte contre les terroristes dans les
montagnes et les zones urbaines. C'est pourquoi ils ont été choisis pour assurer la sécurité
des sites militaires russes en raison de leurs compétences. Créées en 2003, ces
unités militaires composées de ressortissants de la République tchétchène, ont
été baptisées «soldats d'élite tchétchènes». Les bataillons ont une
riche expérience des opérations d'assaut en zones urbaines et montagneuses et
sont donc compétents pour assurer la sécurité des installations militaires
russes en Syrie. La base aérienne Hmeimim est située dans la province de
Lattaquié, dans un environnement montagneux complexe. La base de Tartous, dans
l’ouest du pays, est quant à elle située dans des zones urbanisées.
Courageux, sans crainte
et surtout efficaces, les soldats tchétchènes bénéficient d’une réputation de
redoutables combattants. L’objectif psychologique n’est pas exclu car leur déploiement
en Syrie, à lui seul, fait peur. Les Russes, contraints à cette décision parce
qu’ils paient un lourd tribut, ont finalement décidé d’éradiquer les groupes
terroristes alors que les forces
spéciales syriennes sont capables de reprendre la zone est d'Alep. En
effet, l’armée
russe a annoncé la mort d’un colonel russe, tué à Alep à la suite d’un
bombardement des rebelles. Le colonel Ruslan Galitskiy est, selon les chiffres
officiels, le 23e militaire russe tué en Syrie depuis le début de l’opération
en septembre 2015. Il s’agit de l’officier le plus haut gradé tué depuis le
début de l’intervention russe. Il agissait en tant que conseiller militaire
auprès des forces syriennes. L’envoi de troupes au sol modifie ainsi la
stratégie des Russes au sol. Mais la Russie tient à masquer son intervention directe en
demandant aux soldats déployés de porter l'uniforme des forces de sécurité du
ministère de l'Intérieur tchétchène, qui ne font pas partie de l'armée
régulière.
Les Russes ont assigné à ces troupes des
objectifs précis. Ils libèrent les forces de la coalition alliées de Bachar
Al-Assad de la responsabilité de la défense du territoire, notamment à Alep. Ils
renforcent les troupes syriennes et le Hezbollah dans les zones difficiles de
la région d’Idlib au nord et de Darra au sud. Ils réduisent les pertes des «conseillers»
russes. Enfin ils remplacent officiellement les groupes de jeunes tchétchènes
auto-organisés qui avaient entrepris de lutter contre les organisations
terroristes en infiltrant les unités Daesh comme espions.
Omar al-Chichani Tchétchène de
Géorgie seul haut responsable de Daesh qui ne soit pas
irakien.
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Il s’agit enfin de combattre leurs compatriotes tchétchènes qui
ont été nombreux à rejoindre Daesh et qui ont été à la pointe de la cruauté
pour susciter la terreur. Ces nouveaux venus en Syrie apportent avec eux leur courage et leur esprit
stratégique qui font une référence pour les combattants djihadistes. Un tournant certainement dans la stratégie russe en Syrie. Le seul risque est de voir sur le terrain cruauté contre cruauté.
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