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dimanche 25 décembre 2016

Netanyahou : Seul contre tous



NETANYAHOU : SEUL CONTRE TOUS

Par Jacques BENILLOUCHE  
copyright © Temps et Contretemps  

            

          À chacun son qualificatif pour expliquer le vote de la résolution de l’Onu : revers, claque, camouflet, trahison, vengeance, retour de bâton programmé, solde du contentieux entre Netanyahou et Obama. Tout cela pour une nième résolution qui retrouvera, comme les autres, le chemin des tiroirs de l’Histoire. Le seul symbole de ce vote réside dans le fait que, pour la première fois depuis 1979, les États-Unis ont joint leur voix à tous ceux qui utilisent systématiquement la tribune de l’ONU pour fustiger Israël. Cependant utiliser un langage guerrier pour ce vote relève d’un hors-sujet notoire.  




            Cela n’a pas changé car l’ONU a toujours représenté la bête noire d’Israël puisque l’influence des pays à pétrodollars régit le comportement de la majorité de ses membres. Le «vilain petit canard» ne trouve jamais grâce parmi les États du globe qui jugent toujours les actes juifs de manière strictement négative. D’ailleurs l’enceinte résonne encore de la vingtaine de résolutions condamnant systématiquement Israël.  
            La responsabilité de ce vote est à mettre au débit personnel de Netanyahou, d’une part parce qu’il cumule aussi le titre de ministre des affaires étrangères et d’autre part, parce que ses efforts pour faire dérailler le processus du vote ont été vains. La surprise est venue de l’Égypte, à l’origine du dépôt de la résolution, qu’on croyait unie dans le même combat contre le terrorisme. Mais malgré le manège mis en branle par la diplomatie israélienne, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 23 décembre, avec une célérité étonnante, une résolution appelant l'État hébreu à stopper «immédiatement et complétement la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est».
L'Ambassadeur israélien à l'ONU

            Le Conseil estime que la politique d’Israël «n'a aucune validité légale et constitue une violation flagrante du droit international ainsi qu'un obstacle majeur à la mise en œuvre de la solution des deux États». Les États-Unis n’ont pas fait usage de leur droit de veto et se sont abstenus alors que les quatorze membres du Conseil, dont la France, ont approuvé le texte.  Les Américains avaient multiplié les mises en garde à l'État hébreu sur la nécessité de prendre des initiatives en faveur du processus de paix mais le gouvernement s’est appuyé sur son extrême-droite religieuse et sur les sionistes religieux pour faire la sourde oreille. L’élection de Donald Trump leur a donné des ailes dès lors qu’il avait l’intention de fermer les yeux sur la légalisation d’une centaine d'avant-postes «sauvages» édifiés depuis la fin des années 1990.
Constructions à Jérusalem

            Le premier ministre israélien a immédiatement condamné ce vote : «Israël rejette cette résolution anti-israélienne honteuse des Nations unies et ne s'y conformera pas». Il avait été dopé par la déclaration de Donald Trump précisant que «les choses seront différentes à l'Onu après son arrivée à la Maison Blanche dans un mois». On ignore comment le président élu pourra obtenir des résultats tangibles car l’Onu est une organisation influencée par les pays arabes qui régissent le comportement de la majorité de ses membres. L’habitude est prise avec ces résolutions «unanimes», cette volonté systématique de blâmer, de critiquer et bien sûr d’accuser Israël à chaque occasion qui se présentera.

            Mais contrairement aux autres résolutions, cette dernière est équilibrée car elle pointe aussi du doigt les Palestiniens en appelant les parties à «prendre des mesures immédiates pour prévenir tout acte de violence contre les civils, y compris les actes terroristes, de provocation et de destruction». Elle les prie de «s'abstenir de commettre des provocations, d'inciter à la haine et d'employer une rhétorique inflammatoire dans le but de parvenir à une désescalade sur le terrain et de reconstruire la confiance». Cet aspect a été éludé par les Israéliens. Mais le seul effet de cette résolution sera de mettre de l’huile sur le feu et de conforter les extrémistes à refuser tout dialogue.
            La résolution 2334 est stérile car elle n’a aucun effet contraignant puisqu’elle a été votée, heureusement, dans le cadre du seul chapitre VI de la charte de l’ONU. Le chapitre VII au contraire aurait pu conduire à des sanctions économiques avec toutes les conséquences désastreuses pour le pays. Il semblerait que les initiateurs de la résolution aient voulu la modérer pour obtenir le vote des États-Unis. Trump ne pourra rien faire pour l’annuler car il faudrait une autre résolution qui subirait cette fois-ci un veto de l’un des quatre Grands.
CPI la Haye

            En revanche, l’effet psychologique est destructeur. Les Palestiniens ont compris qu’ils ne parviendront jamais à faire bouger la situation par la force. Ils utilisent donc toutes les ressources des organisations internationales en exploitant la faiblesse d’une diplomatie israélienne atone parce qu’aucun ministre en titre n’a été désigné. La Cour pénale internationale est déjà sollicitée ; les organisations BDS auront un argument juridique pour intensifier leurs actions de boycott ; l’UE aura les mains libres pour faire voter d’autres lois sur les produits des implantations.

            Cependant la colère israélienne a été sélective. Elle s’est abattue sur les pays faibles et n’a pas touché les Grands du Conseil de sécurité. Deux poids et deux mesures. Israël a rappelé ses ambassadeurs de Nouvelle Zélande et du Sénégal ; il n'entretient pas de relations avec la Malaisie et le Venezuela qui eux-aussi ont voté pour. Au moment où Israël est isolé sur le plan international, la rupture avec un pays musulman africain peut être considérée comme une erreur de stratégie. 
Volodymyr Groïsmann

          Ajouter au rappel d’ambassadeur la suspension de l’aide israélienne au Sénégal peut conduire ce pays à rejoindre la coalition autour de l’Iran. Pire, Netanyahou a supprimé les visites que devaient faire en Israël le premier ministre ukrainien d’origine juive Volodymyr Groïsmann et le ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Mankeur Ndiaye. Il a de plus ordonné l’annulation de tous les programmes d’aide au Sénégal. Israël n’a pas les moyens de se couper d’une partie de l’opinion internationale.
            Ces représailles sont incompréhensibles à l’encontre de ces petits pays contraints d’aligner leur vote sur la majorité parce qu’ils n’ont pas les moyens économiques et politiques pour contrer les Grands et les pays arabes. En revanche la France a été épargnée et c’est là que réside le paradoxe de cibler uniquement de manière sélective. Il se dit que ces mesures ont été prises pour calmer la fureur des membres de la direction du Likoud contre la communauté internationale.
Hélène Le Gal ambassadrice de France


            Et pourtant les États-Unis, contrairement à la France et aux autres Grands, n’ont fait que s’abstenir. Certains pointent la frustration de Barack Obama à l’égard d’Israël. Ben Rhodes, conseiller du président américain, a justifié ce vote : «Benjamin Netanyahou avait la possibilité de conduire des politiques qui auraient engendré un autre résultat. Le fait que cela arrive à la fin de nos huit ans de mandat montre que ce n'était pas l'évolution que nous préférions. Si c'était ce résultat que nous cherchions, nous l'aurions obtenu depuis longtemps». 

Ben Rhodes

          La Maison Blanche voulait convaincre Israël que sa politique de constructions dans les Territoires palestiniens et à Jérusalem-Est sabotait les espoirs de paix. La droite israélienne qualifie d’abandon d’Israël le geste des États-Unis alors qu’ils n’ont jamais failli dans leur soutien économique et dans la fourniture de systèmes d'armes avancés pour sa défense militaire. Le F-35 en est l’illustration la plus parfaite. Les Américains ne peuvent pas systématiquement cautionner les dérives d’un gouvernement soumis aux diktats des messianiques juifs qui lui assurent une majorité politique. 

5 commentaires:

  1. Obama le cancer du monde en plus il s est trompé sur nombreuses stratégies et reste absent des plus grands conflits dans le monde conflits majeurs qui le laissent sourd

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  2. C'est une défaite pour Israël et Netanyahu n'est pas le coupable idéal sur lequel doivent s'abattre toutes les critiques et toutes les condamnations.
    Faut-il rappeler :
    L'intransigeance des palestiniens qui en 9 mois n'avaient fait aucune concession , exigeant tout sans rien accorder,
    LA duplicité de Obama qui voulait se venger de Netanyahu et " libérer" L' Iran de toute sanction .
    il a donné son coup de poignard à moins d'un mois de son départ pour laisser une situation compliquée à Trump.
    Au fond, c'était Guy Milliere qui avait raison sur Hussein Obama.

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  3. Article bien equilibre. C'est une défaite sans consequence pour le gouvernement israélien. Trump n'y changera rien car personne n'est capable de trouver une solution viable sans deux etats. Il faut se résoudre (ou pas) a ne pas connaître la paix dans les prochaines années. L'opposition israélienne doit centrer ses efforts sur un programme social digne de ce nom.

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  4. Il ne faut pas se voiler la face, une colonisation reste une colonisation injustifiable aux yeux de tous sauf des colons et malheureusement, on sait comment elles ont toutes fini.

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  5. QUE QUELQU'UN M EXPLIQUE CE QU'EST UN TERRITOIRE OCCUPE .... IL FAUT QU'IL AIT APPARTENU A UN ETAT . LA JORDANIE N'EN VOULAIT PLUS.. LA JUDEE SAMARIE NE FAISANT PLUS PARTIE D'UN PAYS.
    LA POPULATION QUI Y VIVAIT AVAIT DES DOCUMENTS D'IDENTITE JORDANIENS ET NON PAS PALESTINIENS.DONC LE TERME ''''TERRITOITES PALESTINIENS'''' N'A AUCUNE VALEUR

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