LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

lundi 25 juillet 2022

Le coût de la vie est le premier problème d'Israël

 


LE COÛT DE LA VIE EST LE PREMIER PROBLÈME D’ISRAËL


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Des gilets jaunes manifestent contre l’augmentation du coût de la vie

        L’Iran, le Hezbollah et le Hamas sont des problèmes mineurs pour les Israéliens face au coût de la vie qui ne cesse de grimper. Il n’est donc pas étonnant que les Israéliens boudent le pays pour se rendre à l’étranger. Les prix des hôtels sont devenus fous à Eilat et à Tel-Aviv, à 500 euros la nuit au minimum pour un service qui se dégrade continuellement faute de personnel. Il est peu coûteux de voyager en Italie avec un prix d’hôtel 4 étoiles à 150 euros et des repas, entrée-plat-dessert-vin pour 40 euros (6+20+6+8) (144 shekels). Nous l’avons testé à Milan, non pas dans un petit boui-boui mais dans un grand restaurant gastronomique. Nous avons constaté cela plusieurs fois en vacances à l'étranger dans des destinations qui se distinguent des pays sous-développés, forcés à brader leur service face à un personnel aux abois.



Nous allons mener une campagne très dure sur le coût de la vie


Le coût de la vie en Israël sera certainement l’angle sous lequel les politiques devraient se déterminer pour ces prochaines élections car les prix ont atteint des sommets. On ne peut pas continuer à engraisser impunément les monopoles qui empêchent la concurrence. Bien sûr, on va arguer qu’il s’agit d’un langage d'un gauchiste ou d’un antisioniste mais tout le pays en souffre, même la classe moyenne. Quant au problème du logement, on ne peut l’aborder que si on y met les moyens. Ne parlons pas des appartements du centre de Tel-Aviv à des prix faramineux mais de certains secteurs encore protégés où aucune location ne se négocie à moins de 12.000 shekels par mois, à l’exception de Bat Yam, Holon, Netanya ou Ashdod à 5.000.

Bien sûr, pour des raisons de budget certains acceptent de s’exiler à Ashkelon ou Hedera à 3.000 shekels mais c’est au détriment de la durée du transport, loin des principaux emplois qui se situent autour de la capitale économique. La hausse annuelle de 16 % des prix des appartements neufs empêche les jeunes d’envisager de posséder leur propre maison. Alors ils préfèrent vivre à Berlin. Certains nouveaux immigrants retournent dans leur pays d’origine après avoir éprouvé des difficultés à l’arrivée en Israël. En plus de l’agitation du déménagement dans un nouveau pays, ils font face à des défis spécifiques qui les obligent à abandonner leur rêve de se fixer en Terre sainte. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Israël se classe comme le pays avec le taux de pauvreté le plus élevé des membres de l’OCDE. Environ 21% des Israéliens vivent sous le seuil de pauvreté.



L’envolée des prix n’est pas un problème mineur. Il conditionne déjà la question de l’alyah de ceux qui n’ont pas les moyens de vivre décemment au pays et qui, sans crier gare ni se lamenter publiquement prennent la voie du retour quand ce n’est pas simplement le report de leur voyage. On les retrouve alors à Paris ou à Sarcelles, honteux d’avoir échoué et sans aucune rancune vis-à-vis d’Israël car ils reportent la faute sur eux alors qu’elle est cogérée.

Les hautes envolées lyriques sur le sionisme n’ont plus cours quand le ventre est vide. Les hommes politiques doivent parler takhless, comme on dit ici, et il ne s’agit ni d’un problème de droite ou de gauche, mais d’un problème humain. Cette classification a depuis longtemps éclaté. On se demande comment les immigrés ukrainiens, souvent ruinés par la guerre, pourront s’en sortir sans aide massive des Américains comme en 1990.

Alors pour ces élections, il faut laisser les beaux discours de côté et éviter les grandes envolées sur le sionisme ou la religion. Et pourtant le gouvernement se vante que le déficit budgétaire est vaincu avec des dépenses égales aux recettes de l’État alors qu’en Europe il dépasse les 3%. Les caisses de la Banque d’Israël explosent avec des réserves de change s’élevant à la fin avril 2022 à 197,630 milliards de dollars. Cet argent appartient à l’État certes, mais le gouvernement peut obtenir des prêts de sa banque en cas de besoin et pour des projets équitables. A quoi cela sert d’être assis sur un tas d'or quand on ne peut jamais utiliser ces fonds ?

Israël est riche mais coupé en deux mondes, 10% de privilégiés, ceux du hightech en particulier, et le reste de la population qui subit en silence sous prétexte que les problèmes et les dangers sécuritaires imposent de la retenue. La politique politicienne divise artificiellement et elle demande du courage qui manque chez nos dirigeants face à des solutions rapides non démagogiques. Mais ils craignent de se confronter aux monopoles. Quelques pistes qui avaient été envisagées par l’ex-ministre Kahlon qui ont été écartées par Netanyahou, poussant d’ailleurs son ministre à quitter la politique par dépit. Pourquoi les prix de France sont inférieurs de 30% à ceux d'Israël?



1/ Réduire la TVA des produits alimentaires de 17 à 5% et augmenter la TVA à 20% pour les produits de luxe. L’une compensera l’autre. L’argument fallacieux consiste à dire que la baisse ne sera pas répercutée par les supermarchés. À quoi sert la police des prix ?

2/ Distribuer des terres domaniales à des promoteurs sociaux pour la construction autour des grandes villes de logements à bas prix. Le prix du terrain intervient à 30% dans le prix d’un appartement. L’argument fallacieux prétend que cela entrainera des faillites de promoteurs. Et alors ? Ils n’ont pas cessé de s’engraisser à nos dépens depuis des décennies.

3/ Autoriser l’installation de la concurrence dans les chaines de supermarchés avec l’arrivée d’étrangers comme l’américain Costco ou l’allemand Aldi. L’argument fallacieux consiste à dire que l’on favorise les sociétés étrangères au détriment des israéliennes.

4/ Libérer les importations qui ne concurrencent pas les produits fabriqués en Israël

Bref ! Les gouvernements profitent que les Israéliens soient dignes et disciplinés et qu’ils supportent leur situation et leur mal en silence. Mais attention au réveil !

12 commentaires:

bliahphilippe a dit…

Félicitations pour cet 'article' criant de vérité qui devrait faire monter la colère à défaut- pour cause de pesanteur politique à gauche comme à droite- de faire baisser les prix!
Or Israel en a les moyens.
On entend par-ci par-là quelques hommes politiques subalternes , période électorale oblige, évoquer ce problème, mais rien au niveau d'un programme clair volontariste et structuré dans les partis quelque soient les tendances.
Ces memes partis continueront à l'instar des précédentes élections d'assenner au bon peuple des slogans vides sans aucune prise sur la réalité.
Israel reste le pays des monopoles qui tiennent les cordons de la bourse et se fichent des problèmes de survie au quotidien d'un peuple. Mais cela n'explique pas totalement les carences politiques!
La question de déterminer l'interaction entre l'absence de politique sociale et le poids des monopoles est posée mais risque de rester longtemps sans solution si une salutaire explosion populaire ne se produit pas.
Que restera t'il d'un pays dont la majorité de la population s'apauvrit avec ses corollaires au niveau éducatif pour ne parler que de ce critère?
Ainsi par exemple une armée moins instruite devient une armée moins performante sur le terrain, la technologie ne remplaçant pas la qualité et la motivation des hommes dont l'avenir est bouché.

Arie WOLFF a dit…

Le budget alimentaire est celui qui grève le plus les ressources des classes moyennes.
Les supermarchés font partie d'un système mafieux ou chaque lobby impose ses prix, et il est évident qu'il existe un système d'entente entre les grandes chaînes.
Mais le coupable numéro 1 est la cashrout de la rabanout qui interdit toute importation même glatt casher d'Europe ou des usa.
Un scandale a lui tout seul.
Par ces barrières, le système s'autoprotege et empêche toute implantation sérieuse de grands super marchés comme Carrefour ou d'autres.
Ces magouilles..il n'y a pas d'autres mots autorisent pour des années encore des bénéfices records pour les shufersal, Ramy Levy et autres comparses.
Dois je parler des voitures qui coûtent 2 fois le prix européen?
De la non existence de concessionaires automobiles mais d'importateurs voraces qui imposent les prix les plus fous?
En fait il manque en Israël 2 choses qui seraient faciles à mettre en place.
-Une organisation de consommateurs à l'image des 60 millions de consommateurs français qui dénonce chaque fois les ententes et les dérapages sur les prix.
(Inexistant quasiment ici)
-Une vraie police économique comme celle qui existe en France également.
La DGCRF.
(Direction générale de la concurrence et répression des fraudes)
Crainte par tous les acteurs économiques.
Le contrôle des prix et de l'hygiène ici est quasi inexistant.
Voilà quelques simples pistes pour commencer a nettoyer les écuries.

Yaacov Baum a dit…

Bonjour
Il existait un parti des retraités, d'autres partis aujourd'hui fondée sur l'origine ou la croyance mour mieux se faire entendre.
On a même essayé un parti des francophones
A quand un parti contre le coût de la vie ?

Véronique ALLOUCHE a dit…

Cet article a le mérite de ne pas mettre d’artifice sur la réalité. Il sera certainement critiqué par le plus grand nombre pour qui relater les problèmes sociaux et économiques d’Israël relève du blasphème. D’autres dont je fais partie le trouveront courageux et objectif.
Merci à l’auteur.

Anonyme a dit…

Accuser la cacherouth de l'augmentation des prix ! Mettre le doigt sur Ramy Lévy, qui est l'une des grandes surfaces les moins chères dans le pays ! C'est révoltant.
Il se peut que les produits cachères, par la nature des choses, soient quelque peu plus chers, mais nous le désirons, afin qu'ils soient surveillés ! Si cela ne vous intéresse pas, allez donc acheter votre viande chez les musulmans !

Anonyme a dit…

Cher Jacques, bravo d’avoir le courage de regarder la douleur de votre peuple . 70% des israéliens sont à l’état de survie. En Israël on a perdu le droit de vivre comme des hommes. La bonne nouvelle c’est que l’homme qui a sauvé l’économie israélienne en 2003 se présente aux prochaines élections. Il était au trésor de 2003 à fin 2007 , je vous invite a regarder ce qui est arrivé aux prix depuis son départ . A l’époque il avait commencé par récupérer 12 milliards non réclamés aux magnats. Il a prouvé qu’il avait les capacités et le pouvoir de s’attaquer à un magnats monopoles. Il n’est pas financé par eux c’est ce qui fait toute la différence avec les autres .c’est une immense chance qu’il se présente mais faut savoir que les grands médias appartiennent à ceux qui nous plument et qu’il n’a que nous pour le faire connaître. Il est d’ailleurs inconnu des français . J’espère que vous nous aiderez le faire connaître . C’est Le professeur Yaron Zelikha.

Anonyme a dit…

La pauperisation d'une grande partie de la population israelienne dans l'indifference generale, et meme le cynisme de la classe dirigeante y compris une gauche caviar et une histadrout resignee, est une honte absolue pour notre pays
Dr Claude SALAMA

Avraham NATAF a dit…

Très bon article sur une réalité qui concerne beaucoup de pays. Le cout de la vie augmente beaucoup plus que les statistiques des gouvernements tandis que la qualité des produits baisse, des rodeurs dangereux trainent dans les rues quêtant la charité avant de menacer. Les grandes surfaces ont moins de personnel mais des cameras de surveillance

Georges Kabi a dit…

Il y a un tas de structures economiques qui grantissent l'augmentation des prix et par consequent des vendeurs. Ainsi, la culture des fruits et des leguments est "planifiee" par un Conseil qui impose les prix a la production, les prix de vente. Il en v de meme pour les oeufs. Pour la viande, les systemes de cacherout assurent les prix dont les benefices iront engraisser les chefs des sectes religieuses. Il existe une Cacherout du Rabbinat, seule cacherout reconnue par l'Etat mais qui ne concerne que l'armee et les administrations publiques (hopitaux police, etc) A cette cacherout, viennent se greffer des systemes privees de cacherout et aucun vendeur ne peut prendre le risque de les ignorer. J'ai en face de chez moi une pizzeria. Elle est decoree de pratiquement touus les systemes de cacherout.
On se trouve devant une absurdite ou ces sstemes emploient 15,0000 personns alors que le Ministere de la Sante ne dispose que de 4 inspecteurs charges de verifier l'hygiene des produits comestibles vendus dans le pays entier. Et le plus absurde est que la viande preparee en Israel provient d'animaux appartenant aux Arabes qui emploient des abatteurs rituels juifs. Je peux donner le nom de la famille arabe qui controle 50% du marche de la viande en Israel. Je ne le ferais pas, mais on peut le trouver sur le net.
Les prix pratiques par les grandes surfaces sont alignes de telle facon qu'il est presque impossible de trouver des produits a meilleur marche.
Et l'equilibre fiscal d'un pays ne prouve pas sa bonne sante economique. Ce n'est pas une faute d'etre endette dans une certaine mesure.
Avec l'avenement de la droite au pouvoir n 1977, il fallait s'atttendre a l'elimination des pouvoirs economiques et financiers de la gauche. Cela fut fait sur le dos des pauvres. Les kibboutzim milliardaires ne sont pas rares, les Conseils Regionaux se sont assures un pouvoir economique que meme la high tech envie.
Et les services gouvernementaux, par toute sorte de pretexte, aussi faux les uns que les autres sont plonges dans une gabegie dont les classes pauvres en font les frais. Mais pour s'assurer de leur vote "convenable", on agite les dangers securitaires. J'habite dans le nord du pays, sous-developpe dans ses infrastructures de transports, d'education, de culture, de sport. Mais toutes voitures de luxe appartiennent a la minorite ethnique du pays, pour la tres simple raison c'est qu'ils beneficient de tous les droits (ce qui est juste), mais d'aucun devoir (ce qui arrange nos dirigeants politiques).

Paul Behar a dit…

Sur le site Atout France (qui recense l’origine des touristes visitant la France), je lis ceci : « Voyager à l'étranger, un must pour les Israéliens.
L'économie israélienne a continué d'afficher en 2019 de très bonnes performances avec une croissance économique de +3.5% et un taux de chômage de 3.4% (déc. 2019). Ces bons indices favorisent les voyages à l'étranger et Israel a atteint un niveau record de prés de 9.2 millions de voyages (sur une population de 9.1 millions d'habitants) soit une forte croissance de +8.3% par rapport a 2018 »
Alors certes, c’était avant le COVID, mais la situation de la classe pauvre en Israël existe depuis longtemps. A lire les uns et les autres, j’ai l’impression que seuls 20% vivent bien et que les autres survivent.
L’article de Mr Benillouche est très instructif et je ne le conteste pas. Maintenant, ce qu’il raconte vient contredire l’info d’Atout France où l’on nous parle de 9 millions d’israéliens qui ont voyagé. C’est énorme ! Donc il doit y avoir une autre explication. Je ne sais pas trop quoi penser

Jacques BENILLOUCHE a dit…

@Paul BEHAR

Je connais beaucoup d'Israéliens autour de moi qui voyagent 3 à 4 fois par an, pratiquement à chaque fête. Par ailleurs les Arabes israéliens voyagent beaucoup en Turquie, pays halal.

Anonyme a dit…

Avec mon mari (sabra), nous faisons partie de la classe moyenne. Nous voyagons 4 fois par an en moyenne: des courts séjours de 3/4 jours en Israël, et 1 séjour un plus long à l'étranger (Dubaï, Chypre, iles grecques, etc).

Nous n'avons pas l'impression de galérer, au contraire, même si effectivement la vie est très chere.
Autour de nous, j'ai l'impression que c'est pareil. Et nous sommes dans un environnement de classe moyenne, pas classe moyenne supérieure ou riche.