HUSSEIN YAZDANPANAH : LE KURDE QUI
DÉFIE L’IRAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Les Kurdes ont
planifié leur objectif. Les miliciens du groupe PAK (Parti de la liberté du
Kurdistan) ont contribué à faire reculer Daesh et à présent, ils rêvent d’une
patrie en Iran. PAK se bat pour un grand État du Kurdistan qui unifierait les terres
faisant partie actuellement de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie. Ce parti
politique kurde, transformé en branche armée basée au Kurdistan iranien et au
Kurdistan irakien, se bat pour promouvoir les droits nationaux kurdes au sein d’une
république indépendante en Iran. Leur leader, Hussein Yazdanpanah, est
une personnalité dont le visage ne passe pas inaperçu car avec sa moustache
touffue et sa coiffure, il porte une ressemblance frappante avec Joseph
Staline. Certains vont jusqu’à l’accuser de copier les manières et le style de
Staline pour marquer les esprits.
Comme lui, il s’affiche
en tenue militaire face aux médias. C’est un guerrier redoutable qui a survécu
à plusieurs tentatives d'assassinat par des agents iraniens. Les observateurs
lui prédisent une grande place dans l’histoire en raison de sa détermination. À partir de septembre 2014, les forces kurdes, appuyées par
un soutien aérien, avaient lancé une offensive sur trois fronts contre les djihadistes
au nord de la ville de Mossoul, au sud de la ville pétrolière de Kirkūk et
contre une ville à la frontière syrienne. Les Peshmergas avaient repris en
octobre 2015 une trentaine de petits villages à l'ouest de Kirkūk, la grande
ville pétrolière, sans faire de prisonniers car les djihadistes préféraient se
faire sauter plutôt que de se rendre.
Depuis, les collines qui surplombent Kirkūk sont sous le
contrôle des miliciens du PAK, classés à gauche sur l’échiquier politique. Hussein
Yazdanpanah est toujours sur les champs de bataille pour encourager ses troupes
et même pour prendre part aux combats. On le reconnait à sa moustache, à l’insigne orange
et blanc de sa formation, à sa radio de combat collée à sa poitrine et à ses
bandes de munitions. Son groupe, constitué de centaines de combattants
déterminés, a neutralisé Daesh au nord de l’Irak et il ne cache pas que c’est
grâce aux Occidentaux.
Avec un conseiller militaire occidental |
Il avait affirmé au micro de l’Associated Press que
désormais «des instructeurs américains et européens les entraînent». Certaines
indiscrétions font état de la présence de «conseillers militaires»
israéliens d’origine kurde qui, cependant, ne participent aux combats. Les Peshmergas ont reçu des armes et des
munitions de la part des Occidentaux ce qui a encouragé le PAK à lancer six
attaques en Iran durant cette seule année en affrontant les redoutables Gardiens
iraniens de la Révolution islamique (IRGC). Yazdanpanah avait révélé que des
conseillers américains avaient fourni trois cycles de formation pour ses
militants, entre mars et septembre 2015. La formation, qui a eu lieu sur la
ligne de front dans la province centrale irakienne de Kirkūk, comprenait «la
tactique d'infanterie, le maniement des armes, et la neutralisation des
bombes».
En compagnie de ses officiers |
Il pense que sa mission en Irak est presque terminée et que
l’expérience acquise par ses combattants sur le terrain lui permet d’envisager
à présent de tourner ses armes contre l’Iran et surtout contre l’extrémisme
islamique. Pour lui : «Daesh s’est acharné à tuer des yézidis, une
communauté religieuse kurde, d’une façon qui rappelle ce que l’Iran a fait
subir aux Kurdes après la révolution iranienne de 1979. J'étais jeune quand
c’est arrivé. Les soldats du régime massacraient des villages entiers au
poignard et à la machette. En Iran, nous remplirons notre devoir. C’est Téhéran
qui nous a toujours cherchés ; les Iraniens ont tué les nôtres, les ont
exécutés, mais ça n’a jamais fait les gros titres d’un seul journal dans le
monde. Maintenant, nous n’en sommes plus là : nous avons une armée puissante et
très active. Nous promettons au reste du monde que vous pouvez compter sur nous
: nous nous mettrons en travers du chemin de ces barbares qui sévissent sur la
planète».
Sur le terrain |
Les Kurdes iraniens ont un compte à régler avec l’Iran car, après la révolution qu’ils avaient soutenue au départ, ils ont été l’objet de
brutalités, voire de massacres, de la part des Iraniens au point de les forcer
à s’exiler derrière la frontière. L’influence du PAK était alors négligeable
car il ne supervisait que quelques villages perdus dans les montagnes de la
frontière irakienne. Ses troupes mal équipées ne pouvaient pas rivaliser avec
les Gardiens de la Révolution mais la guerre contre Daesh a été une grande expérience qui a initié les Kurdes aux techniques de la
guerre. De son côté, Yazdanpanah apprenait le rôle des alliances
politiques et militaires. Les Occidentaux et la Turquie, qui se battent contre
le même ennemi ont cependant des objectifs distincts calqués sur leurs intérêts
propres.
Yazdanpanah a donc compris que chacun des pays de la
coalition faisait une guerre par procuration et qu’après la signature de
l’accord nucléaire entre Américains et Iraniens, les États-Unis avaient fait le
choix d’un désengagement total de la région faisant des Kurdes les dindons de
la farce. Il a donc décidé de prendre l’avenir des Kurdes entre ses mains dès
lors que les capacités de ses troupes ont évolué grâce à une participation active
à la guerre urbaine et au maniement d’armes complexes.
À présent le combat continue jusqu’à l’avènement du «Rojhelat», nom donné par les Kurdes à la future patrie kurde. Mais pour cela il faudra affronter un ennemi d’une autre taille, armé jusqu’aux dents, avec le risque de déclencher une guerre régionale avec l’Iran. Sans mésestimer les guerriers de Daesh, ceux de l’Iran sont coriaces avec leur matériel sophistiqué. Cela n’a pas empêché les Peshmergas du PAK d’attaquer le 17 avril 2016 les forces gouvernementales iraniennes pendant la parade annuelle de l'armée, mettant fin au cessez-le-feu : «Nos forces dirigées par Hussein Yazdanpanah ont attaqué l'armée iranienne à Sanandaj et tué deux soldats, blessant quatre qui ont été pris en captivité».
À présent le combat continue jusqu’à l’avènement du «Rojhelat», nom donné par les Kurdes à la future patrie kurde. Mais pour cela il faudra affronter un ennemi d’une autre taille, armé jusqu’aux dents, avec le risque de déclencher une guerre régionale avec l’Iran. Sans mésestimer les guerriers de Daesh, ceux de l’Iran sont coriaces avec leur matériel sophistiqué. Cela n’a pas empêché les Peshmergas du PAK d’attaquer le 17 avril 2016 les forces gouvernementales iraniennes pendant la parade annuelle de l'armée, mettant fin au cessez-le-feu : «Nos forces dirigées par Hussein Yazdanpanah ont attaqué l'armée iranienne à Sanandaj et tué deux soldats, blessant quatre qui ont été pris en captivité».
Formation d'un combattant au maniement d'armes avec les yeux bandés |
Par ailleurs les Peshmergas kurdes iraniens ont beaucoup
aidé le gouvernement régional du Kurdistan en organisant des opérations
transfrontalières pour soulager la pression sur leurs amis. Aujourd’hui le PAK s’est émancipé et échappe
à leur contrôle. Le Gouvernement
régional du Kurdistan est en conflit avec Bagdad mais il a besoin aussi de
contrer la domination iranienne dans la région. Le PAK contribue justement à l’aider
dans ce domaine. Yazdanpanah, est en contact étroit avec le parti au pouvoir,
le KDP (Parti démocratique du Kurdistan) et il le fait savoir en étant présent partout
dans les médias. Son courage mobilise les esprits car il combat en même temps
Daesh, l’Irak et l’Iran. Certes, Yazdanpanah défend
la stratégie du KDP mais il reste sceptique sur l’avenir des régions
reconquises de Kirkūk et de Mossoul : «Nous, Peshmergas, n’allons pas
libérer ces régions pour au final les perdre. Les minorités veulent être
protégées par les Peshmergas, et refusent l’autorité des milices chiites ou de
l’armée irakienne».
L’Iran sent le danger à ses frontières et accuse les
Occidentaux de jouer contre lui en fournissant un entraînement militaire au PAK
tandis que les partis d’opposition en Irak trouvent Yazdanpanah trop
entreprenant car s’il a respecté les exigences qui lui avaient été imposées, il
est de moins en moins contrôlable. Mais c’est un homme de terrain car, durant ces
derniers mois il n’a pas quitté sa position à
Dibis, dans le district du gouvernorat de Kirkūk, où il reçoit journalistes et
hommes politiques.
Yazdanpanah a un compte ancien à régler avec les
Iraniens. Il pense que le moment est venu de le solder. En1991, son frère aîné
Saïd avait fondé le PAK qu’il avait rejoint avec sa femme dès le début. Le drame a
voulu que Saïd soit assassiné par des agents de renseignements iraniens. Il est
donc devenu vice-président et automatiquement commandant des troupes. Il ne
rêve que d’en découdre avec eux pour venger son frère.
1 commentaire:
Cher monsieur Benillouche,
Ressemblance avec Staline ou pas, c'est le portrait d'un héros que vous nous brossez !
Car les États-Unis qui ont "fait le choix d'un dégagement total de la région" laissent Yazdanpanah face à ce que d'aucuns n'hésitent plus à appeler un génocide.
Très cordialement.
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