ISRAËL ET L’IRAN MISENT SUR LE FORUM DE DAVOS
Par Jacques BENILLOUCHE
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Comme tous les ans, les dirigeants politiques et économiques du monde entier se rendent à Davos en Suisse pour la réunion annuelle du Forum économique mondial du 22 au 25 janvier 2014. Cette année, Benjamin Netanyahou et Shimon Peres seront présents ensemble. Le premier ministre israélien prononcera un discours intitulé «Israël, pays de l'innovation» où il pourra démontrer qu’Israël a mieux réussi à surmonter la crise économique que la plupart des pays occidentaux, avec une croissance de 3,3% en 2013 et 3,4% en 2012. Il estime cependant qu’il n’est pas question pour lui de «se reposer sur ses lauriers».
Rencontres
politiques et économiques
Cette
conférence a l’avantage de faire cohabiter, durant quelques jours, des dirigeants
qui autrement ne se croiseraient jamais. Elle est souvent l’occasion de
rencontres politiques, dans le secret des alcôves et à l’abri de la
Presse, entre adversaires irréductibles et de contacts économiques pour le
développement d’activités communes.
Harel Locker |
Accompagné par
Harel Locker, directeur général du cabinet du premier ministre et par le
professeur Eugène Kandel, directeur du Conseil national économique, Benjamin
Netanyahou veut mettre à profit sa présence à Davos pour dialoguer avec des
dirigeants économiques comme les présidents de Yahoo et de Google et des
dirigeants politiques comme le premier ministre australien Tony Abbott, le
président mexicain Enrique Pena Nieto et le ministre chinois des Affaires
étrangères Wang Yi.
Son objectif est de développer de nouveaux marchés et de nouveaux partenaires dans la haute technologie et dans le cyber sachant que les investissements directs étrangers en Israël se sont élevés à 10,5 milliards de dollars durant les trois premiers trimestres de 2013 alors qu’ils n’étaient que de 9,5 milliards pour l'ensemble de l’année 2012, selon les chiffres officiels de la Banque d'Israël.
Wang Yi |
Son objectif est de développer de nouveaux marchés et de nouveaux partenaires dans la haute technologie et dans le cyber sachant que les investissements directs étrangers en Israël se sont élevés à 10,5 milliards de dollars durant les trois premiers trimestres de 2013 alors qu’ils n’étaient que de 9,5 milliards pour l'ensemble de l’année 2012, selon les chiffres officiels de la Banque d'Israël.
De son côté le
chef de l’État axera son discours sur la nécessité de parvenir à un accord de
paix israélo-palestinien et d’empêcher l'Iran d'acquérir des armes nucléaires. Shimon
Peres assistera à un petit déjeuner avec les représentants des 40 plus
importantes sociétés de haute technologie du monde.
Discours
de Rohani
Le président
iranien Hassan Rohani est présent lui aussi à Davos. Le hasard a voulu que les
contrôleurs aériens mettent les deux avions présidentiels, israélien et iranien,
côte à côte sur le tarmac de l’aéroport de Zurich, un symbole que le
courant passera peut-être entre eux. Il aura la tâche difficile de trouver des
investissements pour son économie qui a chuté de 5% durant l’année écoulée,
sous l’effet des sanctions internationales. C’est la première fois depuis dix
ans qu’un iranien participe au forum de Davos.
Son discours
était attendu d’autant plus qu’il avait choisi une approche qualifiée de «prudente
modération» afin de libérer le potentiel économique de l’Iran. Il est
persuadé que l’Iran dispose du potentiel pour devenir l’une des dix plus grandes
économies du monde dans les trois prochaines décennies à condition, bien sûr,
que les sanctions pétrolières soient définitivement levées. Il a révélé lors de
son discours qu’il avait eu des entretiens avec les plus grandes compagnies
pétrolières internationales sachant qu’il envisage de débloquer ses réserves de
pétrole.
Rohani à Davos |
La situation
politique au Moyen-Orient n’était pas absente de son discours. Il a réclamé «des
élections libres et équitables» en Syrie tout en blâmant «les tueurs
impitoyables qui inondent ce pays». Il a répété que l’Iran n’avait que des
ambitions nucléaires pacifiques avec aucune intention de développer l’arme
nucléaire. Il attend pour cela un accord global et permanent sur le programme
nucléaire de l'Iran. Mais s’il souhaite développer des liens étroits avec «tous
les pays que nous avons officiellement reconnus», il persiste dans son
refus de nouer des relations avec Israël.
Pourtant, Benjamin
Netanyahou avait affirmé qu’il était prêt à rencontrer Rohani si l’Iran
acceptait de reconnaître Israël. Shimon Peres a répondu au discours d’Hassan Rohani : «Il
est le seul chef qui ne dit pas clairement que le moment est venu de faire la
paix entre Israël et les Arabes. Nous tendons la main pour la paix, y compris
pour le peuple iranien, mais aujourd'hui une grande occasion a été manquée.
Il n'a pas annoncé que, dans le but de réduire l'effusion de sang
en Syrie, il va cesser d'envoyer des armes et de l'argent au Hezbollah pour
arrêter le massacre. S’il ne veut pas une bombe nucléaire, alors qu'il arrête
la construction de missiles à longue portée capables de transporter des ogives
nucléaires». Interrogé sur l’appel du président iranien au sujet des élections
en Syrie il a répondu : «Les élections se font au scrutin et non au
moyen de balles ; or il envoie des balles et ce n'est pas le moyen
d'encourager les élections.».
A priori Davos n'a pas rempli sa mission de rapprocher les postions. Mais seule la diplomatie secrète pourrait
faire évoluer cette situation bloquée.
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