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vendredi 24 janvier 2014

ISRAËL ET L’IRAN MISENT SUR LE FORUM DE DAVOS



ISRAËL ET L’IRAN MISENT SUR LE FORUM DE DAVOS

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps





          Comme tous les ans, les dirigeants politiques et économiques du monde entier se rendent à Davos en Suisse pour la réunion annuelle du Forum économique mondial du 22 au 25 janvier 2014. Cette année, Benjamin Netanyahou et Shimon Peres seront présents ensemble. Le premier ministre israélien prononcera un discours intitulé «Israël, pays de l'innovation» où il pourra démontrer qu’Israël a mieux réussi à surmonter la crise économique que la plupart des pays occidentaux, avec une croissance de 3,3% en 2013 et 3,4% en 2012. Il estime cependant qu’il n’est pas question pour lui de «se reposer sur ses lauriers».



Rencontres politiques et économiques

Cette conférence a l’avantage de faire cohabiter, durant quelques jours, des dirigeants qui autrement ne se croiseraient jamais. Elle est souvent l’occasion de rencontres politiques, dans le secret des alcôves et à l’abri de la Presse, entre adversaires irréductibles et de contacts économiques pour le développement d’activités communes.
Harel Locker

Accompagné par Harel Locker, directeur général du cabinet du premier ministre et par le professeur Eugène Kandel, directeur du Conseil national économique, Benjamin Netanyahou veut mettre à profit sa présence à Davos pour dialoguer avec des dirigeants économiques comme les présidents de Yahoo et de Google et des dirigeants politiques comme le premier ministre australien Tony Abbott, le président mexicain Enrique Pena Nieto et le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Wang Yi

Son objectif est de développer de nouveaux marchés et de nouveaux partenaires dans la haute technologie et dans le cyber sachant que les investissements directs étrangers en Israël se sont élevés à 10,5 milliards de dollars durant les trois premiers trimestres de 2013 alors qu’ils n’étaient que de 9,5 milliards pour l'ensemble de l’année 2012, selon les chiffres officiels de la Banque d'Israël.
De son côté le chef de l’État axera son discours sur la nécessité de parvenir à un accord de paix israélo-palestinien et d’empêcher l'Iran d'acquérir des armes nucléaires. Shimon Peres assistera à un petit déjeuner avec les représentants des 40 plus importantes sociétés de haute technologie du monde.

Discours de Rohani

Iran et Israël côte à côte

Le président iranien Hassan Rohani est présent lui aussi à Davos. Le hasard a voulu que les contrôleurs aériens mettent les deux avions présidentiels, israélien et iranien, côte à côte sur le tarmac de l’aéroport de Zurich, un symbole que le courant passera peut-être entre eux. Il aura la tâche difficile de trouver des investissements pour son économie qui a chuté de 5% durant l’année écoulée, sous l’effet des sanctions internationales. C’est la première fois depuis dix ans qu’un iranien participe au forum de Davos.
Son discours était attendu d’autant plus qu’il avait choisi une approche qualifiée de «prudente modération» afin de libérer le potentiel économique de l’Iran. Il est persuadé que l’Iran dispose du potentiel pour devenir l’une des dix plus grandes économies du monde dans les trois prochaines décennies à condition, bien sûr, que les sanctions pétrolières soient définitivement levées. Il a révélé lors de son discours qu’il avait eu des entretiens avec les plus grandes compagnies pétrolières internationales sachant qu’il envisage de débloquer ses réserves de pétrole.
Rohani à Davos

La situation politique au Moyen-Orient n’était pas absente de son discours. Il a réclamé «des élections libres et équitables» en Syrie tout en blâmant «les tueurs impitoyables qui inondent ce pays». Il a répété que l’Iran n’avait que des ambitions nucléaires pacifiques avec aucune intention de développer l’arme nucléaire. Il attend pour cela un accord global et permanent sur le programme nucléaire de l'Iran. Mais s’il souhaite développer des liens étroits avec «tous les pays que nous avons officiellement reconnus», il persiste dans son refus de nouer des relations avec Israël.

Pourtant, Benjamin Netanyahou avait affirmé qu’il était prêt à rencontrer Rohani si l’Iran acceptait de reconnaître Israël. Shimon Peres a répondu au discours d’Hassan Rohani : «Il est le seul chef qui ne dit pas clairement que le moment est venu de faire la paix entre Israël et les Arabes. Nous tendons la main pour la paix, y compris pour le peuple iranien, mais aujourd'hui une grande occasion a été manquée. Il n'a pas annoncé que, dans le but de réduire l'effusion de sang en Syrie, il va cesser d'envoyer des armes et de l'argent au Hezbollah pour arrêter le massacre. S’il ne veut pas une bombe nucléaire, alors qu'il arrête la construction de missiles à longue portée capables de transporter des ogives nucléaires». Interrogé sur l’appel du président iranien au sujet des élections en Syrie il a répondu : «Les élections se font au scrutin et non au moyen de balles ; or il envoie des balles et ce n'est pas le moyen d'encourager les élections.». 
A priori Davos n'a pas rempli sa mission de rapprocher les postions. Mais seule la diplomatie secrète pourrait faire évoluer cette situation bloquée.


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