FINANCES : L’ÉPREUVE DE
VÉRITÉ POUR YAÏR LAPID
Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
Stanley Fischer et Yaïr Lapid |
Benyamin
Netanyahou avait affirmé qu’Israël,
grâce à la politique économique menée par son
gouvernement, devait pouvoir échapper aux conséquences de la crise qui
frappait l’économie mondiale. Israël en quelque sorte passerait entre les gouttes.
Indicateurs
rouges
Cette
vision optimiste a été démentie dans les faits, même si Israël a été moins
durement touché que d’autres pays. La croissance a baissé, l’économie s’est
ralentie et le déficit budgétaire s’est accru de manière importante, même si en
pourcentage du produit intérieur brut, il est bien inférieur à celui des
américains ou des européens. Dans ces conditions, un budget plus rigoureux pour 2013 qui
taillerait dans les dépenses que le gouvernement avait laissé filer, aurait dû être présenté et adopté par une Knesset en fin de parcours. Benyamin
Netanyahou n’était pas sûr du résultat, il a préféré provoquer de
nouvelles élections, dont il espérait sortir gagnant. Les résultats n’ont pas
été à la hauteur de ses espérances. Une nouvelle coalition a été formée et Yaïr
Lapid, le nouveau ministre des finances
doit prendre des mesures drastiques pour réduire un déficit qui avoisine les 40 milliards de shekels !!
Comme
tant d’autres, en Israël et ailleurs, il se trouve dans l’obligation de revenir
sur les promesses électorales qu’il avait faites, quand il s’était posé en
défenseur des classes moyennes et des salariés. Il va devoir manger son
chapeau, selon l’expression couramment employée en France quand un homme
politique doit faire le contraire de ce qu’il avait promis, et qu’il doit le
reconnaître.
Les mesures qu’il propose, je cite les plus significatives, frappent, en priorité, les fameuses classes moyennes qui l’ont élu mais aussi les couches les plus défavorisées : une augmentation de la TVA de 1%, une augmentation de 1,5% de l’impôt sur les revenus identique pour tous, riches comme pauvres, une baisse des allocations familiales pour chaque enfant.
Les mesures qu’il propose, je cite les plus significatives, frappent, en priorité, les fameuses classes moyennes qui l’ont élu mais aussi les couches les plus défavorisées : une augmentation de la TVA de 1%, une augmentation de 1,5% de l’impôt sur les revenus identique pour tous, riches comme pauvres, une baisse des allocations familiales pour chaque enfant.
A
la différence de François Hollande, Yaïr Lapid n’est pas socialiste, les riches
sont, donc, relativement épargnés, mais il espère que ces riches feront preuve
de patriotisme économique, qu’ils feront l’effort, quoiqu’il puisse leur en coûter,
mais pas trop quand même, d’investir en Israël pour relancer la machine
économique.
Un risque
politique
Ce
budget est encore à l’état de projet ; il pourra subir des modifications
mais elles seront minimes, il devra être
adopté, définitivement, pour le premier
aout. Yair Lapid baisse dans les sondages, des électeurs déçus manifestent dans
la rue, sous ses fenêtres, mais les mouvements restent limités. Néanmoins, il ne faut pas oublier que ces
électeurs ont organisé, il y a deux ans, le mouvement des tentes et les grandes
manifestations de Tel Aviv. Ils peuvent recommencer. Le ministre des finances n’a même pas la
possibilité d’accuser le gouvernement
précédent d’avoir augmenté les déficits de manière inconsidérée et d’avoir minoré leur importance,
du simple au double ; Netanyahou était déjà le premier ministre et les
finances étaient, aussi, sous sa responsabilité.
Yaïr
Lapid connaissait les risques qu’il prenait en acceptant le ministère des
finances alors qu’il n’avait pas l’expérience requise pour occuper ce poste, et
qu’il ne pourrait espérer aucune aide de Netanyahou, dont il souhaite, il l’a
déclaré publiquement, ravir la place. Il
y joue son avenir politique ; soit il réussit à redresser les finances de
la nation et son avenir politique est assuré, soit il échoue et il rejoindra la
cohorte de ces hommes issus de la société civile dont l’étoile a très vite pali
et qui n’ont pas réussi à s’imposer dans l’arène politique israélienne. Le premier ministre, se consacre à la défense
et aux affaires étrangères, et les problèmes auxquels il doit faire face sont suffisamment graves pour exiger
toute son attention, qu’il s’agisse de la Syrie ou de l’Iran. Il ne se mêle pas
des finances, il se contente d’observer, avec sans doute une certaine jubilation,
la chute dans les sondages de son principal rival qu’il espère bien voir
trébucher.
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