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vendredi 24 mai 2013

FINANCES : L’ÉPREUVE DE VÉRITÉ POUR YAÏR LAPID par Gérard AKOUN



FINANCES : L’ÉPREUVE DE VÉRITÉ POUR YAÏR LAPID

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM



 
Stanley Fischer et Yaïr Lapid
           Benyamin Netanyahou avait  affirmé qu’Israël, grâce à la politique économique menée par son  gouvernement, devait pouvoir échapper aux conséquences de la crise qui frappait l’économie mondiale. Israël en quelque sorte  passerait entre les gouttes.




Indicateurs rouges


Cette vision optimiste a été démentie dans les faits, même si Israël a été moins durement touché que d’autres pays. La croissance a baissé, l’économie s’est ralentie et le déficit budgétaire s’est accru de manière importante, même si en pourcentage du produit intérieur brut, il est bien inférieur à celui des américains ou des européens. Dans ces conditions,  un budget plus rigoureux pour 2013 qui taillerait dans les dépenses que le gouvernement avait laissé filer,  aurait dû être présenté et adopté  par une Knesset en fin de parcours. Benyamin Netanyahou  n’était  pas sûr du résultat, il a préféré provoquer de nouvelles élections, dont il espérait sortir gagnant. Les résultats n’ont pas été à la hauteur de ses espérances. Une nouvelle coalition a été formée et Yaïr Lapid,  le nouveau ministre des finances doit prendre des mesures drastiques pour réduire un déficit qui avoisine  les 40 milliards de shekels !!

Comme tant d’autres, en Israël et ailleurs, il se trouve dans l’obligation de revenir sur les promesses électorales qu’il avait faites, quand il s’était posé en défenseur des classes moyennes et des salariés. Il va devoir manger son chapeau, selon l’expression couramment employée en France quand un homme politique doit faire le contraire de ce qu’il avait promis, et qu’il doit le reconnaître.  
Les mesures qu’il propose, je cite les plus significatives, frappent, en priorité, les fameuses classes moyennes qui l’ont élu mais aussi les couches les plus défavorisées : une augmentation de la TVA de 1%, une augmentation de 1,5%  de l’impôt sur les revenus  identique  pour tous, riches comme  pauvres, une baisse des allocations familiales pour chaque enfant.

A la différence de François Hollande, Yaïr Lapid n’est pas socialiste, les riches sont, donc, relativement épargnés, mais il espère que ces riches feront preuve de patriotisme économique, qu’ils feront l’effort, quoiqu’il puisse leur en coûter, mais pas trop quand même, d’investir en Israël pour relancer la machine économique. 


Un risque politique
Manifestation contre le budget



Ce budget est encore à l’état de projet ; il pourra subir des modifications mais elles seront minimes,  il devra être adopté, définitivement,  pour le premier aout. Yair Lapid baisse dans les sondages, des électeurs déçus manifestent dans la rue, sous ses fenêtres, mais les mouvements restent limités.  Néanmoins, il ne faut pas oublier que ces électeurs ont organisé, il y a deux ans, le mouvement des tentes et les grandes manifestations de Tel Aviv. Ils peuvent recommencer.  Le ministre des finances n’a même pas la possibilité d’accuser le gouvernement  précédent d’avoir augmenté les déficits de manière  inconsidérée et d’avoir minoré leur importance, du simple au double ; Netanyahou était déjà le premier ministre et les finances étaient, aussi, sous sa responsabilité.

Yaïr Lapid connaissait les risques qu’il prenait en acceptant le ministère des finances alors qu’il n’avait pas l’expérience requise pour occuper ce poste, et qu’il ne pourrait espérer aucune aide de Netanyahou, dont il souhaite, il l’a déclaré  publiquement, ravir la place. Il y joue son avenir politique ; soit il réussit à redresser les finances de la nation et son avenir politique est assuré, soit il échoue et il rejoindra la cohorte de ces hommes issus de la société civile dont l’étoile a très vite pali et qui n’ont pas réussi à s’imposer dans l’arène politique israélienne.  Le premier ministre, se consacre à la défense et aux affaires étrangères, et les problèmes auxquels il doit faire  face sont suffisamment graves pour exiger toute son attention, qu’il s’agisse de la Syrie ou de l’Iran. Il ne se mêle pas des finances, il se contente d’observer, avec sans doute une certaine jubilation, la chute dans les sondages de son principal rival qu’il espère bien voir trébucher.

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