LE NUCLÉAIRE IRANIEN ET L’ALIBI
PALESTINIEN
Par Jacques BENILLOUCHE
Malgré
l’opposition américaine, les responsables palestiniens ont affirmé être prêts à
affronter les conséquences de leur demande d'élévation de l'Autorité
palestinienne au statut d'État non membre de l'ONU, qui sera présentée le 29
novembre. La date, qui sera confirmée au Caire par le
secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, n'est pas fortuite puisqu'Israël avait été créé à l'ONU le 29 novembre 1947.
Pendant ce temps les gesticulations iraniennes et le battage médiatique qui les entoure ne sont pas uniquement destinés à intimider Israël, une constante sur laquelle se fonde le régime des mollahs. A mesure que les déclarations sont distillées, le nucléaire iranien apparait en image subliminale dans le conflit palestinien.
Pendant ce temps les gesticulations iraniennes et le battage médiatique qui les entoure ne sont pas uniquement destinés à intimider Israël, une constante sur laquelle se fonde le régime des mollahs. A mesure que les déclarations sont distillées, le nucléaire iranien apparait en image subliminale dans le conflit palestinien.
Volonté destructrice
Or,
l’Iran est à la veille de détenir l’arme nucléaire bien que certains services
sécuritaires soient convaincus que le pas a déjà été franchi mais il ne semble
pas, pour l’instant, que les iraniens veuillent diffuser cette information
sensible. En effet, l’annonce officielle de cette détention nucléaire risque de
générer une réaction musclée de la part de ses concurrents immédiats, sans
oublier l’Inde et le Pakistan, et d’entrainer une réplique israélienne. Ses voisins
arabes pourront difficilement tolérer de se faire doubler par un État prosélyte
et dangereux même s’ils considèrent l’arme nucléaire comme une arme de
dissuasion que peu de pays peuvent prétendre l’utiliser sans en subir les
principales conséquences sauf à être poussés par un sentiment suicidaire.
Les iraniens souhaitent
un effet limité d’annonce sans s’attirer les foudres proche-orientales et tout
en faisant comprendre à Israël qu’ils sont à présent à égalité de moyens donc,
à égalité d’inaction. Les occidentaux ont discrètement assimilé cette nouvelle
donne ce qui explique leur passivité face au développement des procédés
d’enrichissement nucléaire. Les pays arabes attendent en revanche ce prétexte,
s’il est avéré et confirmé, pour se lancer dans cette course aux armes de mort
sans se soucier de déstabiliser encore plus une région prête à exploser.
Union contre l’ennemi
Mais
une fois encore, le problème palestinien va servir d’alibi, le seul qui unisse les
musulmans contre l’ennemi commun. Une fois encore, les palestiniens vont jouer
le rôle de catalyseurs d’une cause, le nucléaire, qui ne les regarde pas tandis
que le chiffon rouge de l’antisionisme pointe le danger d’un État juif déjà nucléarisé. L’Iran cherche
donc à agréger autour de lui les partisans d’une solidarité pro-palestinienne afin
d’obtenir le soutien de pays qui pourtant le détestent profondément.
Par Hezbollah et Djihad islamique interposés, il peut obtenir un blanc-seing pour la justification de la mise au point de la seule arme capable de détruire Israël, à savoir l’arme nucléaire. La manœuvre a déjà réussi puisque aucun leader arabe, même parmi les irréductibles ennemis de l’Iran, n’a manifesté la moindre réserve à la détention du nucléaire par les mollahs. En effet, pour la réussite du combat contre Israël, les «frères arabes» sont prêts à avaler toutes les couleuvres, même la couleuvre nucléaire.
Défilé du Djihad islamique à Gaza
Par Hezbollah et Djihad islamique interposés, il peut obtenir un blanc-seing pour la justification de la mise au point de la seule arme capable de détruire Israël, à savoir l’arme nucléaire. La manœuvre a déjà réussi puisque aucun leader arabe, même parmi les irréductibles ennemis de l’Iran, n’a manifesté la moindre réserve à la détention du nucléaire par les mollahs. En effet, pour la réussite du combat contre Israël, les «frères arabes» sont prêts à avaler toutes les couleuvres, même la couleuvre nucléaire.
Les
palestiniens, acteurs extérieurs ou exécutants dociles, sont alors mis à contribution
en exploitant leur ressentiment à l’égard des israéliens, sans se douter qu’ils
œuvrent en fait au bénéfice de la politique iranienne. Le Hezbollah au Liban est
sollicité en sous-main pour créer une
tension permanente avec Israël en jouant le catalyseur de l’unité arabe,
déjà bien mise à mal par les conflits extérieurs à la région. Le djihad
islamique à Gaza et au Sinaï maintient la pression constante sur Israël par l’envoi
de ses missiles qui entrainent des représailles et par conséquent une union
arabe contre «l’agresseur juif». C’est ainsi que l’on doit comprendre le
réchauffement périodique de la frontière avec Gaza et le soutien au régime de
Damas qui tente d’impliquer Israël dans le conflit régional.
Stratégie gagnante
Cette
stratégie avait d’ailleurs bien fonctionné dans le passé puisqu’une action,
prétendument non concertée contre des soldats israéliens au nord d’Israël,
avait conduit à la guerre du Liban en 2006. Mais le scénario n’avait que partiellement
fonctionné à l’époque car la levée générale des «frères» contre Israël avait
été plus que discrète. La plupart des
pays arabes n’étaient pas tombés dans le piège iranien consistant à les
impliquer et s’étaient abstenus de soutenir cette guerre car ils n’étaient pas
dupes de la réalité des intentions iraniennes.
L’alibi
du conflit palestinien trouve toujours un consensus même si des intérêts
étrangers à sa cause sont mis en jeu. L’Iran utilise la même stratégie que
naguère Saddam Hussein qui avait utilisé la caution palestinienne pour envahir le
Koweït. Aucun leader palestinien influent ne s’était alors cru mandaté par son
peuple pour dénoncer l’absence de lien entre sa cause nationale qui était
brandie et l’invasion d’un pays frère. Des émissaires iraniens tentent aujourd’hui
de convaincre les palestiniens, et Mahmoud Abbas en particulier, de provoquer
la confrontation avec les États-Unis en déposant, quel qu’en soient les
conséquences, leur demande d’adhésion à l’ONU. Ils comptent ainsi fédérer
toutes les énergies arabes au profit du peuple palestinien pour mettre au
second plan à la fois le problème syrien mais surtout leur programme nucléaire.
Les occidentaux semblent en partie complices de cette
stratégie. Ils temporisent en votant des sanctions justifiées contre l’Iran à
l’ONU tout en gagnant le temps nécessaire à faire admettre l’idée de la bombe
iranienne aux dirigeants arabes. Les États-Unis ne résistent d’ailleurs pas à
l’envie de donner une bonne leçon à l’Arabie saoudite et à ses amis qui n’ont
pas détecté le complot du 11 septembre et qui, aujourd’hui, veulent reprendre
leur liberté depuis le lâchage d’Hosni Moubarak. Ils disposent de toutes les
informations car ils sont aux premières loges aux frontières avec l’Irak,
l’Afghanistan et même l’Azerbaïdjan avec des yeux et des oreilles électroniques
qui ne leur laissent aucun doute sur ce qui se passe en Iran. Ils cherchent à
trouver un équilibre entre sunnites et chiites dans le cadre d’une stratégie
machiavélique qui placerait la diplomatie avant l’action militaire.
Contre-pouvoir
Les
mollahs avaient financé les attentats en Irak pour obtenir de l’administration
Bush une neutralité dans le dossier nucléaire. Les Etats-Unis ne sont pas loin
de penser que la bombe iranienne calmera les ardeurs arabes qui s’opposent à la
stratégie américaine dans la région. La décision prise par Bush d’abandonner
l’Irak, et confirmée par Obama, ne
pouvait s’envisager que si le contre-pouvoir de l’Iran se mettait en place afin
de neutraliser les forces actives, sinon activistes, dans ce pays réservoir de
pétrole du monde.
Les
américains tiennent à un dialogue avec l’Iran et la Syrie et, en contrepartie
d’un compromis concernant Bassar Al-Assad et d’une solution durable dans le
conflit israélo-palestinien, ils pourraient envisager une acceptation
officielle du nucléaire iranien. En réchauffant le front palestinien, les
iraniens développent donc la thèse que la cause des troubles de la région est
due à l’intransigeance israélienne dans le processus de paix. L’attitude des européens
est, elle aussi, totalement timorée par rapport à la gravité de la situation. Les
européens semblent jouer en faveur
d’une neutralisation respective des deux tenants du nucléaire au Proche-Orient.
Le précédent premier ministre, Ehoud Olmert, avait déjà accrédité l’idée que les gesticulations de
l’Iran n’étaient pas à l’intention d’Israël car la détermination profonde de l’État
hébreu est claire mais qu’elles jouent le rôle de leurre lâché pour endormir la
méfiance des voisins arabes et pour trouver un terrain d’entente avec les États-Unis
qui veulent en finir avec le problème iranien. Les ayatollahs ont compris que
la stratégie d’utiliser les palestiniens serait la plus payante.
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