BUISSON : LE GOUROU DE LA DROITE FORTE
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright© Temps et Contretemps
Patrick Buisson |
Le courant de l'UMP, "la droite forte", animé par Jean-François Copé, puise ses idées dans celles de l'ancienne équipe de campagne de Nicolas Sarkozy. Patrick Buisson, qui a toujours
officié dans l’ombre comme conseiller à l’Élysée, en tant que maitre des
sondages et expert en médias, a un passé revendiqué dans l’extrême-droite.
Il est à l’origine de la droitisation du programme du
candidat Sarkozy qui recherchait ouvertement les voix de Front national, après avoir pillé
certains de ses thèmes porteurs.
Patrick
Buisson, journaliste, avait rejoint en 1981 l'hebdomadaire d'extrême-droite
«Minute», pour se spécialiser dans les articles contre les
«socialo-communistes». Il en a profité pour décrire l’ascension politique
de Jean-Marie Le Pen avec beaucoup d’indulgence, pour ne pas dire de
lyrisme.
Il a produit en 1984 avec Alain
Renault, ancien secrétaire national du Front national, François Brigneau et
Roland Gaucher «l’Album Le Pen» qui magnifie la personnalité et les
projets du président du FN. François
Brigneau, de son vrai nom Emmanuel Allot, journaliste, écrivain, éditeur et
militant d'extrême droite français, s’était orienté vers la Collaboration durant
la Seconde Guerre mondiale et n’avait pas caché son admiration pour Robert
Brasillach, fusillé pour faits de collaboration et rencontré à la prison de
Fresnes. Au lendemain du débarquement allié en Normandie, il s’était engagé dans
la Milice. Roland Gaucher, de son
vrai nom Roland Goguillot, homme politique, journaliste et écrivain
nationaliste français, avait
commencé sa carrière à l'extrême
gauche comme membre du groupuscule trotskyste, Fédération des étudiants
révolutionnaires. Mais il devint
l’un des fondateurs, en octobre
1972, du Front national.
Patrick Buisson n’avait pas caché ses sympathies pour
l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) qui s’était opposée à l’indépendance de
l’Algérie par des actions terroristes en France et en Algérie. Il ira jusqu’à
rédiger avec Pascal Gauchon un ouvrage à la gloire de cette organisation. Pascal
Gauchon, membre d'Ordre nouveau, s'associa en juin 1974 à la création du PFN
(parti des forces nouvelles) avec François Brigneau, Jean-François Galvaire,
Roland Gaucher, Jack Marchal et Alain Robert. Il devint secrétaire général du
PFN, mouvement d'extrême droite, de 1974 à 1981.
De 1976 à 1978, Patrick Buisson
a collaboré à la revue «Item» qui «se veut un instrument de
réflexion pour lutter contre le terrorisme intellectuel de la gauche». La
revue donne la parole aux anciens collabos, aux membres du FN et aux amis
politiques de Jean-Marie Le Pen. Il développe les thèmes traditionnels de
l’extrême-droite et des pétainistes : l’ordre, la morale, la tradition. Il y
écrit notamment : «Le seul Ordre qui vaille et
qui dure implique un retour à la valeur qui met l'inégalité au service de
l'unité et à laquelle les hommes s'épurent et se mesurent. Une société saine
assoit sa hiérarchie sur des inégalités fonctionnelles résultant de différences
naturelles. Purifier l'ordre social par les forces qui lui sont extérieures,
c'est-à-dire reconstruire une société où les rapports et les hiérarchies
s'enracinent dans la nature et s'élèvent jusqu'à Dieu.»
Le message de Jean-François Copé
est clair. En mettant en valeur les idées d'un expert qui a flirté
avec des militants et des organisations d'extrême-droite, sinon antisémites, il montre que tous les
moyens sont bons pour gagner les prochaines élections et, plus tard, garantir son élection à la présidentielle. En précisant ouvertement l’orientation droitière
qu’il compte donner à son programme, il s'est distingué de François Fillon qui n'approuvait pas cette dérive et qui préférait rassembler au centre. Il veut pomper les voix de l'extrême-droite comme naguère Mitterrand avait syphoné celles du parti communiste. Ce serait une excellente stratégie si elle réussissait car elle éliminerait toute nuisance politique.
Toutes les méthodes sont bonnes pour attirer à lui les voix de Marine le Pen, quitte à s’entourer de tous les gourous qui ont fait les beaux jours de son père. Mais il joue avec le feu car, à prôner les thèses d'extrême-droite, il risque de pousser de nombreux électeurs ou militants à choisir l'original plutôt qu'une pâle copie et à voter pour Marine Le Pen. Certains pourraient d'ailleurs quitter le parti pour d'autres horizons, le centre par exemple. La politique a des raisons que la raison ignore.
Toutes les méthodes sont bonnes pour attirer à lui les voix de Marine le Pen, quitte à s’entourer de tous les gourous qui ont fait les beaux jours de son père. Mais il joue avec le feu car, à prôner les thèses d'extrême-droite, il risque de pousser de nombreux électeurs ou militants à choisir l'original plutôt qu'une pâle copie et à voter pour Marine Le Pen. Certains pourraient d'ailleurs quitter le parti pour d'autres horizons, le centre par exemple. La politique a des raisons que la raison ignore.
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