Tours Azriéli symboles de la réussite d'Israël |
Le nouveau gouvernement, qui sera issu des nouvelles
élections du 17 septembre 2019, fera face au défi lié au paradoxe de l’économie
israélienne. La réussite économique d’Israël est toujours un sujet qui étonne.
Son économie est aujourd’hui la plus développée, la plus puissante et la plus
dynamique de la région. Le PIB d’Israël, de l’ordre de 42.000 dollars en 2019, équivaut
en effet au PIB cumulé de l’Égypte, du Liban, de la Jordanie, de la Palestine
et de la Syrie. Le pays a depuis longtemps éradiqué le chômage et l’inflation,
maintenu une croissance constante tandis qu’il bénéficie d’une côte de crédit élevée
qui lui donne accès à tous les financements.
Chômage en Israël |
Selon les statistiques officielles,
depuis janvier 2019, le chômage est passé de 4,2% à 3,8% alors qu’il avait
atteint 10,5% en 2000. En fait, il s’agit d’un chômage incompressible, le plus
bas du monde occidental, avec une population active qui augmente de 2% par an. Certains analystes argueront que ce résultat est obtenu grâce au recours systématique à l'emploi précaire avec des bas salaires, mais le résultat est là puisque le plein emploi est réel.
La
croissance est pratiquement stabilisée depuis de nombreux mois à 3,3% face à un
taux d’inflation de 0,8%. L’excédent des comptes extérieurs augmente tous les
ans en même temps que les réserves de la banque d’Israël qui s’élèvent à
présent à 115 milliards de dollars soit 31,3% du PIB à la fin de l’année 2018.
Inflation |
Mais l’aspect
paradoxal de l’économie israélienne est son côté négatif car le déficit du
budget national ne cesse de croître avec des dépenses du gouvernement dépassant
largement le montant des recettes. Le déficit public est passé de 1,9% en 2017
à 3,3% en 2018. Il devrait atteindre l’an prochain au moins 4%, soit environ 60
milliards de shekels (16,7 milliards de dollars) alors qu’Israël ciblait un
déficit de 40 milliards de shekels (11 milliards de dollars). Le gouvernement
dépense donc trop, surtout en période pré-électorale où il doit satisfaire des exigences politiques.
Et simultanément la dette publique qui était de 60,5% du PIB a progressé pour
atteindre 61,2%.
Si le gouvernement ne réduit pas ses dépenses, alors la cote de crédit
d'Israël pourrait être menacée et sa note pourrait être abaissée. L’agence de
notation Standard & Poor attend que le prochain gouvernement adopte des
politiques pour maîtriser le budget et ramener le déficit à son objectif prédéterminé avant de maintenir la note AA+ au pays. De son côté Moody's a lancé un avertissement pour que le gouvernement baisse les
dépenses en réduisant son budget ou en augmentant les recettes par une augmentation des impôts.
Les
nouveaux gouvernants en Israël, sauf choc inattendu, auront une année 2019 qui
ne verra pas beaucoup de changement. L’incertitude portera sur la gestion du
déficit public qui risque de croître avec les promesses électorales. Pour cela, ils compteront d’abord sur l’innovation technologique sachant qu’Israël
consacre l’équivalent de 4,3% de son PIB à la recherche contre 2,2% pour la
France. Ils compteront aussi sur la production de gaz puisque Léviathan
commencera à produire à fin 2019 tandis que Karish et Tanin entreront
en service les années suivantes, et ce pendant plusieurs décennies.
Le gouvernement devra lancer un vaste programme de modernisation des
infrastructures, notamment dans les transports et la filière énergétique. Il existe de grosses lacunes dans
les infrastructures de transports en commun qui ont pris beaucoup de retard au
point de freiner le développement économique du pays. Les ministres ont
favorisé le transport individuel plutôt que le transport de masse, ce qui a
entraîné un engorgement du réseau routier avec des bouchons presque permanents
aux heures de pointe, avec peu d'espace pour construire de nouvelles routes de dégagement.
Métro Tel-Aviv |
Alors tout nouveau
gouvernement devra tailler dans les accords de coalition très coûteux. Le
ministre des Finances, Moshe Kahlon, qui n’avait pas voulu prendre de mesures
pendant la précédente campagne électorale vient de proposer en urgence des
coupes budgétaires pour réduire le déficit croissant. Il envisage une coupe de
3,25 milliards de shekels qui vient en plus d’une baisse de 1,15 milliard de
shekels alloués aux budgets de la Défense et de l’Éducation.
En plus de ces baisses budgétaires, le ministère propose une augmentation
des taxes sur les voitures hybrides et d’autres sur les carburants industriels pour
générer un revenu de 450 millions de shekels. Une ponction de 150 millions de
shekels sur les fonds du loto national (Mifal Hapayis) est à l’ordre du jour. En effet, en janvier, le Trésor avait prévu une baisse des rentrées fiscales de l’ordre
de 10 milliards de shekels. Enfin le problème de la hausse du coût de la vie, qui a atteint des sommets, reste entier.
Le nouveau ministre des finances n’aura pas une tâche de tout repos. Il
devra prendre des mesures draconiennes qui risquent de ne pas cadrer avec les
exigences des membres de la coalition qui ont aiguisé les appétits de leurs
électeurs. La campagne va apporter chaque jour son lot de nouvelles promesses,
parfois démagogiques, faites par des partis qui chercheront à séduire leurs
électeurs au détriment de l’intérêt économique du pays.
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