MINI-RÉVOLUTION À
GAZA CONTRE LE HAMAS
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Les manifestations qui se déroulent depuis quelques jours à Gaza n’ont rien
de politiques mais elles sont justifiées par la détresse économique de la
population qui proteste contre le Hamas dans tout le territoire. Les
émeutiers s’élèvent contre le coût de la vie élevé, le chômage et les nouvelles
taxes imposées par le Hamas. Ils arborent des pancartes «nous voulons
vivre». Déclenchées depuis le nord de la bande, les manifestations se sont
propagées à l’ensemble du territoire. Les forces de l’ordre, en uniforme et en
civil, ont réprimé les manifestations avec une extrême violence. Des
manifestants ont été arrêtés ainsi que des journalistes qui couvraient les
événements.
Le
Hamas a reporté sur Mahmoud Abbas la responsabilité de la situation économique
dramatique et a organisé des contre-manifestations contre l’Autorité de
Ramallah. Les dirigeants de Gaza ont imposé une chape de plomb sur ce qui se passe
réellement. Ils contrôlent encore la situation qui pourrait dégénérer à tout moment.
Les informations parviennent par bribes grâce aux réseaux sociaux. Le Hamas pourrait
trouver un échappatoire en canalisant la colère contre Israël en favorisant la
violence dans les «marches du retour». Pour l’instant les médias de Gaza
accusent un groupe secret de jeunes perturbateurs qui appellent les Gazaouis à «descendre
dans la rue pour exiger une vie de respect et de liberté». On ignore qui
est derrière ce groupe accusé en fait d’être une émanation du Fatah.
Violence à Rafah au sud |
Les
événements ont débuté le 11 mars dans le camp de réfugiés de Jabalia au nord de
Gaza après que, le 10 mars, les forces de sécurité aient dispersé une réunion
au domicile de Jihad Al-Arabeid. Huit personnes assistant à la réunion avaient
été arrêtées. Dans l’après-midi du 14 mars des Palestiniens ont alors manifesté
sur l’une des places de Jabalia. Les forces de l’ordre ont alors ouvert le feu
pour disperser la manifestation. Le 16 mars 2019, un Palestinien a été blessé
alors qu'il tentait de s'immoler par le feu dans le quartier d'Al Falloujah du
camp de réfugiés de Jabalia en raison de ses difficultés financières.
De
fortes manifestations ont eu lieu à Deir Al-Balah avec des affrontements avec
la police faisant plus de vingt blessés chez les policiers. A Khan Younes, des
pneus ayant été enflammés, la manifestation a vite été réprimée à coup de
matraques et de pistolets mitrailleurs.
Le
Hamas, qui avait initialement tenté de minimiser la portée des événements, a
réagi de manière agressive et a fait preuve d'une grande violence à l'encontre
des manifestants. Par réaction, des écoles et des centres commerciaux se sont
mis en grève pour protester contre la répression.
Hazem Qassem |
Le
porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a déclaré que l'Autorité poursuivait sa
politique consistant à «affamer les habitants de la bande de Gaza
parallèlement au siège imposé par Israël». Un autre porte-parole, Fawzi
Barhoum, a déclaré que les événements dans la bande de Gaza avaient révélé la
laideur de l'Autorité palestinienne. Il a ajouté que la tactique de l'AP visant
à étrangler la bande de Gaza et à exploiter ses difficultés pour atteindre ses
propres objectifs avait échoué.
Yahya Musa, haut responsable du
Hamas, a estimé que toute personne avait le droit de manifester et d'exprimer
son opinion, et qu'il incombait aux forces de sécurité de les protéger. Il a
ajouté que le Hamas avait suggéré à plusieurs reprises que la population forme
une direction collective pour la bande de Gaza, mais avait rencontré un refus.
Ahmed Yusuf |
Le haut
responsable du Hamas, Ahmed Yusuf, a précisé qu'il était du côté du groupe de
jeunes qui pouvaient réaliser ce qu'ils souhaitaient. Les responsables de la
bande de Gaza, selon lui, devraient pouvoir répondre à toutes les demandes. Il
a rencontré un certain nombre de jeunes de la bande de Gaza qui avaient précisé
qu'ils ne protestaient pas contre la «résistance», mais que le Hamas
devait comprendre que sa politique d’impôts imposés aux civils était erronée.
Les Palestiniens ne comprennent
pas la répression qui s’est abattue contre les manifestants et exigent que tous
les détenus soient libérés. Le Djihad islamique
palestinien a pris fait et cause pour les manifestants en dénonçant l'attaque
perpétrée par les forces de sécurité et en la qualifiant de violation de la
liberté des Palestiniens et de leur droit de manifester. Son porte-parole, Musab
al-Brim, a déclaré que son organisation s'opposait à la répression des
manifestations et a appelé à la tenue d'un débat national pour résoudre la
crise.
Hussein al-Sheikh |
Du côté de Ramallah,
l’Autorité soutient évidemment les manifestants et dénonce la répression.
Saëb Erakat, secrétaire du comité exécutif de l'OLP, a vivement critiqué les
attaques violentes menées par les forces de sécurité du Hamas contre les manifestants
et affirmé qu'ils violaient le droit des manifestants de vivre dans le respect.
Hussein al-Sheikh, président de l'autorité des affaires civiles de l'AP, a
déclaré que les dirigeants palestiniens étaient en contact avec un certain
nombre de «pays influents» pour les amener à intervenir d'urgence et à
faire pression sur le Hamas pour qu'il cesse de recourir à des mesures
violentes à l'encontre des manifestants.
Le Fatah a lui-aussi exprimé
son soutien aux manifestants et appelé les instances internationales à faire
pression sur le Hamas pour qu'il soit possible d'organiser des manifestations
sans être tenu par la force. Le porte-parole du Fatah, Atef Abu Sayif, a
dénoncé les attaques des forces de sécurité du Hamas contre les manifestants,
affirmant qu'elles constituaient une violation flagrante de toutes les lois et
des principes nationaux contraires. Il a appelé les organisations de défense
des droits humains à enquêter sur les violations. Le porte-parole du Fatah, Usama al-Qawasmeh, a déclaré que le Fatah
investissait des efforts pour protéger les Palestiniens dans la bande de Gaza
et soutenir la «révolution des affamés», à la fois sur le plan
économique et dans les médias.
En raison de la
censure imposée aux médias, il est impossible de prévoir l’évolution de la
situation. Mais dans les autres pays arabes, les «manifestations de la faim» ont
toujours dégénéré. La question pour Israël est de savoir s’il intervient pour influer
sur la situation économique dramatique ou bien s’il laisse la situation pourrir
pour faire tomber le régime islamique. Il n’est pas certain que cela soit dans
son intérêt de voir l’Autorité palestinienne revenir à Gaza avec le risque de remettre sur le tapis le principe d’un grand État palestinien à Gaza et en Cisjordanie.
1 commentaire:
nouvel angle de vue de la situation a Gaza. Estce que la presse etrangere sur place et qui filme regulierement voire agite les manifestants, sera prete a temoigner et nous montrer des reportages de l interieur?
On va surement accuser israel d affamer Gaza.
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