Israël élections avril 2019
EN ISRAËL, LES PETITS PARTIS FAISEURS DE ROI
EN ISRAËL, LES PETITS PARTIS FAISEURS DE ROI
3/ Partis
arabes : Ahmed Tibi et Ayman ODEH
Par Jacques
BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Ayman Odeh et Ahmed Tibi |
On se polarise dans les sondages sur les résultats des deux grandes listes mais une certitude évidente, quelques petits partis décideront du choix du premier ministre. Les sondeurs négligent à tort quelques leaders qui ne font pas les gros titres des médias mais qui ont une capacité de nuisance ou de persuasion auprès de la population, en dehors de toute analyse de leur programme politique. Quelques sièges obtenus par un micro parti peuvent faire basculer une majorité dans un sens ou dans l’autre surtout lorsque les résultats sont serrés, ou alors bloquer toute majorité de gouvernement. Les petits partis deviennent alors «grands».
Parti Hadash |
Les partis arabes qui constituaient
une seule liste en 2015, ont éclaté en deux entités : la liste Hadash-Taal en instance de modération avec Ayman Odeh (Hadash), Ahmad Tibi
(Taal). Aida Toma-Suleiman (Hadash), Oussama Saadi (Ta'al), Ofer Kassif
(Hadash), Yosef Jabareen (Hadash) et Sundus Salah (Ta'al) et la liste nationaliste Raam-Balad
dont la participation aux élections est suspendue à une décision de la Cour
Suprême.
Le parti Hadash est une alliance parlementaire
d'extrême gauche réunissant diverses organisations, dont la plus importante est
le Parti communiste israélien. Le parti fut créé le 15 mars 1977 après avoir intégré quelques
contestataires juifs des Black Panthers, des séfarades marocains qui s’étaient
élevés contre la discrimination à leur égard. Le parti soutient un retrait
total d'Israël de tous les territoires et la création d'un État palestinien. Il
est aussi connu pour son activisme sur les questions sociales et
environnementales en prônant la mise en place d'une économie communiste.
Le parti Taal est dirigé par le docteur Ahmed Tibi. Son
idéologie s’appuie sur le nationalisme
arabe, sur le sécularisme, sur l’antisionisme et sur la défense des droits des
Arabes israéliens.
Liste Raam-Balad |
Le parti Ra'am soutient la création d'un Etat palestinien avec
Jérusalem pour capitale, avec le démantèlement des implantations. Il demande
également la libération des prisonniers palestiniens et le droit de retour des
réfugiés palestiniens. Le parti préconise la reconnaissance des Arabes
israéliens en tant que minorité nationale et cherche à garantir leurs droits
dans une constitution. Ra'am appelle à combler les lacunes du système éducatif
arabe et soutient à la fois la création d'une université arabe et le
développement de zones industrielles à proximité des communautés arabes.
Le parti Balad se situe à l'extrême gauche de l'éventail des partis
israéliens. Parti nationaliste arabe il veut «lutter pour transformer
l’État d’Israël en démocratie pour tous ses citoyens, quelle que soit leur
nationalité ou leur origine ethnique». Il conteste de ce fait que l’État
d’Israël soit un État juif. Il demande que l'État d’Israël reconnaisse les
Arabes israéliens comme une minorité nationale, ainsi que les droits s’y
rapportant comme une autonomie dans les domaines de l'éducation, de la culture
ou des médias. Il soutient la création de deux États avec la Cisjordanie, la
bande de Gaza et Jérusalem-Est comme État palestinien.
Aucun parti israélien n’envisage une coalition incluant les
listes arabes ce que veut faire croire le Likoud en suspectant Benny Gantz de
vouloir les intégrer à son gouvernement. Netanyahou n’est pas à un fake news près : «Benny
Gantz a déclaré qu'il n'excluait pas de former une coalition avec les partis
arabes». Plus le mensonge est gros
et plus on le croit. Cependant, crédités dans les sondages de 11 à 13 sièges,
les Arabes constituent en fait un groupe charnière.
En se séparant des extrémistes, Tibi et Odeh ont fait un pas vers la modération parce qu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas être éternellement à l’écart du jeu politique israélien. D'ailleurs leur campagne est axée sur l'appel aux Juifs pour rejoindre la liste arabe. Ayman Odeh a clairement indiqué qu'il était prêt à aider Benny Gantz à former la prochaine coalition même s'il n'y participe pas. Il s'abstiendra de voter une mention de censure contre son éventuel gouvernement minoritaire.
Des organismes sérieux d’analyses des élections de 2015 viennent d’établir le paradoxe que 35.000 Arabes israéliens votaient Likoud et cela ne semble pas gêner la coalition parce que ce sont «de bons Arabes». Les Arabes occupent une place importante dans la population active et dans la société israélienne et nombreux parmi eux refusent le vote communautaire. Certains rêvent de voir le docteur Tibi en ministre de la santé et Ayman Odeh en ministre de la Protection sociale et du Travail.
En se séparant des extrémistes, Tibi et Odeh ont fait un pas vers la modération parce qu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas être éternellement à l’écart du jeu politique israélien. D'ailleurs leur campagne est axée sur l'appel aux Juifs pour rejoindre la liste arabe. Ayman Odeh a clairement indiqué qu'il était prêt à aider Benny Gantz à former la prochaine coalition même s'il n'y participe pas. Il s'abstiendra de voter une mention de censure contre son éventuel gouvernement minoritaire.
Des organismes sérieux d’analyses des élections de 2015 viennent d’établir le paradoxe que 35.000 Arabes israéliens votaient Likoud et cela ne semble pas gêner la coalition parce que ce sont «de bons Arabes». Les Arabes occupent une place importante dans la population active et dans la société israélienne et nombreux parmi eux refusent le vote communautaire. Certains rêvent de voir le docteur Tibi en ministre de la santé et Ayman Odeh en ministre de la Protection sociale et du Travail.
Mais le groupe charnière arabe peut avoir un rôle
fondamental dans le cas d’une absence de majorité claire, si Gantz et Netanyahou
ne parviennent pas à se départager. Si la liste Bleu-Blanc arrivait en tête, sans
majorité, il pourrait organiser un gouvernement minoritaire, comme Yitzhak Rabin
en 1992 qui a pu gouverner normalement. Il lui suffit d’obtenir la neutralité
des listes arabes. Il négocierait avec eux une abstention en cas de vote d'une motion de censure. Les Arabes pourraient voter des lois en
échange de certains avantages pour leurs villages et leurs écoles comme la
Droite le fait actuellement avec les Orthodoxes pour les écoles talmudiques et
les lois contre la conscription.
Les Arabes ont participé à des gouvernements depuis la création de l'Etat, au sein des partis sionistes. En se séparant des intégristes et des islamistes, Ayman Odeh veut faire un premier pas vers une acceptation de sa liste dans le jeu démocratique israélien et il a déjà annoncé la couleur : «Nous espérons influencer la prise de décision et souhaitons empêcher la création d’un autre gouvernement extrémiste dirigé par Netanyahou qui incite constamment à nous attaquer». La neutralité de ses douze sièges fera certainement pencher la balance dans le cadre d'une absence de majorité claire.
Les Arabes ont participé à des gouvernements depuis la création de l'Etat, au sein des partis sionistes. En se séparant des intégristes et des islamistes, Ayman Odeh veut faire un premier pas vers une acceptation de sa liste dans le jeu démocratique israélien et il a déjà annoncé la couleur : «Nous espérons influencer la prise de décision et souhaitons empêcher la création d’un autre gouvernement extrémiste dirigé par Netanyahou qui incite constamment à nous attaquer». La neutralité de ses douze sièges fera certainement pencher la balance dans le cadre d'une absence de majorité claire.
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