GAZA COMMENCE
À CRAINDRE LE PIRE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Il est difficile pour Israël de rester passif devant les
tirs de roquettes en provenance de Gaza et les attentats au couteau contre les
civils en Cisjordanie, transformés en haut fait d’armes par les Palestiniens. La
lâcheté semble être une constante de fabrique. Le Hamas sent que la capacité de
résilience d’Israël a atteint ses limites. Alors bien sûr, les islamistes de
Gaza s’attendent à tout instant à une réaction «disproportionnée»
aux attaques inacceptables du Hamas.
Un exercice militaire conjoint, sous le nom de code Juniper
Cobra, se déroulera prochainement entre Israël et les
États-Unis en territoire israélien, près de la frontière de Gaza. Ces
manœuvres biennales, qui simuleront un conflit majeur dans lequel Israël serait
attaqué par des milliers de missiles, visent selon les responsables militaires
israéliens, à «améliorer le niveau de préparation militaire d’Israël».
Si l’on s’inspire du même exercice de 2016, alors au moins 3.200
soldats de l’armée israélienne et du Commandement des forces des États-Unis en
Europe (EUCOM) prendront part à la manœuvre Juniper Cobra. Il s’agit
cette année de tester la précision des systèmes de défense antimissiles
d’Israël vis-à-vis des missiles balistiques à longue portée.
Le
Hamas craint que ces exercices militaires ne se transforment en offensive contre
Gaza. Alors tous les groupes terroristes sont sur le qui-vive et se préparent à
contrer une éventuelle guerre. Yahia Sinwar, leader du Hamas, a donné des
instructions à ses troupes pour préparer la résistance sur le terrain sachant
que, selon Tsahal, les exercices simuleront une guerre
sur plusieurs fronts avec le tir de milliers de missiles sur des zones civiles.
En prévision d’une attaque, les forces islamiques ont installé des postes de
surveillance dans toute la bande de Gaza.
Daesh au Sinaï |
Il
faut dire que le Hamas s’inquiète de l’encerclement qu’il subit face à la
collaboration de moins en moins discrète entre Israël et l’Égypte. En effet,
des informations sécuritaires font état de raids de l’aviation israélienne
contre les terroristes du Sinaï à la demande de l’Égypte. Ces frappes semblent
durer depuis deux années au moyen de chasseurs, d’hélicoptères de combat et de
drones qui agissent sans aucune identification israélienne. Elles ont permis à
l’armée égyptienne de contenir les actions terroristes des djihadistes et de
consolider ses positions militaires au Sinaï. Le Hamas craint que cette
nouvelle alliance avec l’Égypte ne se fasse sur son dos. L’objectif évident
d’Israël est bien sûr de sécuriser au mieux ses frontières. Une recomposition
des alliances s’exprime au grand jour dans la région.
Le
Hamas anticipe donc des assassinats ciblés israéliens. Les brigades Ezzedine El Qasem,
la branche armée du Hamas, ont mobilisé leurs miliciens en prévision d’une
éventuelle et soudaine frappe militaire israélienne pendant les manœuvres
militaires à grande échelle à la frontière de Gaza. Elles ont élaboré des plans
d'urgence défensifs selon différents scénarios. Ces plans ont été distribués
aux forces de sécurité et aux forces militaires. Des points de contrôle ont été
installés pour renforcer la sécurité des frontières terrestres et maritimes de
Gaza car le Hamas craint l’infiltration d’agents de sécurité du Shin Bet ou de «collaborateurs»
qui pourraient organiser des assassinats.
Sinwar et Haniyeh |
Depuis
que les Etats-Unis ont inscrit Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas,
sur la liste terroriste, son élimination reste une hypothèse plausible. Le
Hamas se justifie en précisant qu’il y a une recrudescence des vols d’avions de
reconnaissance israéliens au-dessus de la bande de Gaza ; ce qui est pour
lui un signe.
Certes
il est peu probable qu'Israël déclenche une guerre, du moins pour l'instant, mais
la confrontation n’est que retardée. Benjamin Netanyahu a effectivement déclaré
que son gouvernement «ne cherche pas la guerre mais qu'il fera tout
pour défendre le pays. Comme je l'ai dit clairement au président Trump et plus
tard aux dirigeants européens et au président Poutine, notre présence ici est
le principal facteur empêchant l'expansion de l'islam radical, dirigé par
l'Iran et l'État islamique au Moyen-Orient».
Les responsables militaires israéliens font une autre analyse en
fonction des informations qui leur parviennent. Ils ont prévenu le gouvernement
que la détérioration des conditions humanitaires et économiques à Gaza pourrait
conduite à une nouvelle guerre. Si la crise humanitaire se poursuivait, Israël serait
entraîné dans une nouvelle série de combats imposés par le Hamas pour masquer
son échec de gouvernance.
Tsahal
a conseillé au gouvernement d'envoyer de la nourriture et des médicaments dans
la bande pour éviter que la détérioration des conditions de vie ne pousse à une
confrontation militaire. Mais Avigdor Lieberman conteste le point de vue des
militaires sans remettre en question la situation difficile dans la bande. Selon lui,
cela relève de la seule responsabilité du Hamas et il nie qu'il y ait une crise
humanitaire globale à Gaza.
Tsahal
confirme cependant sa conviction que le Hamas n'est pas intéressé par l’ouverture
d’un nouveau conflit avec Israël, sauf en cas d’effondrement économique. Le
gouvernement israélien veut dissuader le Hamas, et du même coup le Hezbollah,
d’entreprendre une quelconque action contre le pays. Alors pour éviter la
guerre mais garder la pression sur les organisations terroristes, le recours à
des assassinats ciblés devient une arme redoutable et dissuasive. Mais Israël veut limiter leur usage car ils ont nui à son image à travers le monde. Si ces
opérations permettent à Israël de gagner en efficacité en limitant les dégâts collatéraux, en revanche le prix moral à payer est élevé. C'est le dilemme d'Israël.
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