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samedi 24 décembre 2016

La gauche israélienne et l'annexion de la Cisjordanie



LA GAUCHE ISRAÉLIENNE ET L’ANNEXION DE LA CISJORDANIE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
            

          L’absence de perspective politique et l’incapacité de la gauche à faire émerger un leader charismatique capable de trouver une solution au conflit israélo-palestinien poussent les ténors de la gauche dans les bras de la droite, voire de l’extrême-droite. L’idole de la jeunesse contestataire, la conscience gauchiste historique, qui s’est battu à travers sa parole et ses livres pour la création d’un État palestinien indépendant, vient de rendre les armes au cours d’une interview à la radio militaire à l’occasion de ses 80 ans. A.B Yehoshua, qui a consacré sa vie à défendre la voie de la séparation, est à présent convaincu «qu’il n’y a pas de sens de parler de deux États».   



Naftali Bennett à Bet-El

            C’est son aveu d’échec que de cautionner les propositions du sioniste religieux, Naftali Bennett, leader de Habayit Hayehudi : «La solution à deux États est de plus en plus difficile, de plus en plus problématique, et après 50 ans, elle est devenue encore plus difficile en raison de ce qui se passe sur le terrain. La solution a été rendue impossible surtout en raison des énormes implantations qui nécessitent maintenant l’évacuation de 450.000 personnes, ce qui est tout à fait illusoire». Yehoshua est donc prêt à adopter le plan conçu par Bennett, plus par dépit que par conviction dans une sorte d’auto-flagellation. Il avoue son échec après un combat de toute une vie, en virant de stratégie pour accepter la solution d’une annexion déguisée ou d’une annexion librement choisie.

            Le plan de Bennett consiste à intégrer à Israël la zone C de la Cisjordanie, sous contrôle total israélien. Cette zone, qui comprend environ 65.000 Arabes et qui représente 60% de la Cisjordanie, ne comporte pas de villages arabes. Les Palestiniens de cette région recevraient automatiquement la citoyenneté israélienne. A.B Yehoshua n’a pas prononcé le terme d’annexion mais il a laissé la porte ouverte à cette solution extrême. Pour lui il s’agit surtout de mettre fin à la souffrance des Arabes de cette zone : «Ils combattent nuit et jour les Juifs qui y vivent, et ils souffrent de la question de l'occupation de la manière la plus dure. Je pense qu’il faut donner à ces résidents arabes le statut de résidents comme ceux de Jérusalem-Est, ou même la citoyenneté. Du point de vue de la démographie d'Israël, il n'y a pas de problème».
            C’est un virage étonnant de la part d’une icône de gauche qui ne le justifie pas par un quelconque désespoir mais par un souci d’améliorer le sort d’une partie des Palestiniens en «leur accordant les avantages de l'assurance-chômage, de la sécurité sociale et des salaires israéliens». En fait il a succombé à la politique des petits pas de la droite israélienne qui a mené discrètement son combat vers l’annexion. Il a surtout été aidé par l’intransigeance palestinienne à refuser d’amender son logiciel politique, figé aux propositions de 1947.
Amona

            Évidemment c’est une victoire pour Bennett qui voit son plan de 2010 approuvé par cette haute figure de la gauche israélienne. L’annexion de la Cisjordanie est en bonne voie. Elle mettrait fin à l’ambiguïté que le gouvernement a voulu lever avec sa «loi sur la normalisation» conçue au départ pour empêcher l’évacuation d’Amona près de Ramallah, l’avant-poste construit sans autorisation officielle sur des terres privées appartenant à des Palestiniens. La Cour suprême israélienne avait statué il y a plus de deux ans que cet avant-poste devait être démantelé.
David M. Friedman


           Le gouvernement pouvait difficilement accepter l’évacuation de près de quarante familles mais Naftali Bennett a compris qu’il ne pouvait pas empêcher cette décision. Alors il s’est servi de la crise d’Amona pour modifier le statu quo juridique par lequel la Cisjordanie est gouvernée par le commandant militaire et les décrets d’Israël, et non par le parlement et les lois d’Israël. Le gouvernement israélien ne craint plus les conséquences internationales d’une éventuelle annexion. 
          La victoire de Donald Trump l’encourage à lever l’ambiguïté. La nomination de David Friedman, fervent partisan des implantations dans les territoires, en tant que nouvel ambassadeur américain en Israël, peut mener Israël vers une nouvelle stratégie en Cisjordanie avec la caution d’une gauche en décomposition.

3 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

Où qu'on se tourne dans le monde, quand il s'agit de la gauche, il n'est question que de "gauche en décomposition" ! Étonnant, non ?

andre a dit…

Les responsables palestiniens qui n'ont jamais voulu partager , qui ont toujours voulu le pays du fleuve jusqu'à la mer sont les seuls responsables de la situation . AB Yehoshua est trop intelligent pour ne pas comprendre que la droite avait raison et que la gauche était perdue dans des rêves irréalisables et fracassées par l'intransigeance criminelle des arabes.

Anonyme a dit…

pourquoi partout une gauche en décomposition?

Parce qu'elle a 80 ans, en effet, et qu'elle laisse la place à de nouvelles forces... les forces de la force... les forces de l'arrogance convaincue que la vérité est chez moi et que les autres, pauvres autres, ne sont que des aveugles qui n'ont pas eu la chance d'avoir la perspicacité visuelle exceptionnelle de notre camp. Nous, on avait déjà tout compris avant les autres bien sûr...

parce que la jugeote à court terme est à la mode, parce qu"une vision humaniste du monde est ringarde...

Parce que la classe moyenne aujourd'hui, c'est ceux qui sont prêt à descendre dans la rue pour râler contre les prix des appartements à tel Aviv, mais qui n'en ont pas grand chose à foutre du reste... et surtout pas de tous les laisser pour comptes... z'ont qu'à dire que ce pays est à nous et y aura plus de problème!

N'est-ce pas?