LA GAUCHE ISRAÉLIENNE ET L’ANNEXION DE LA
CISJORDANIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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L’absence de perspective politique et l’incapacité
de la gauche à faire émerger un leader charismatique capable de trouver une
solution au conflit israélo-palestinien poussent les ténors de la gauche dans
les bras de la droite, voire de l’extrême-droite. L’idole de la jeunesse
contestataire, la conscience gauchiste historique, qui s’est battu à travers sa
parole et ses livres pour la création d’un État palestinien indépendant, vient
de rendre les armes au cours d’une interview à la radio militaire à l’occasion
de ses 80 ans. A.B Yehoshua, qui a consacré sa vie à défendre la voie de la
séparation, est à présent convaincu «qu’il n’y a pas de sens de parler de
deux États».
Naftali Bennett à Bet-El |
C’est
son aveu d’échec que de cautionner les propositions du sioniste religieux,
Naftali Bennett, leader de Habayit Hayehudi : «La solution à deux États
est de plus en plus difficile, de plus en plus problématique, et après 50 ans, elle est devenue encore plus difficile en raison de ce qui se passe sur le
terrain. La solution a été rendue impossible surtout en raison des énormes
implantations qui nécessitent maintenant l’évacuation de 450.000 personnes, ce qui
est tout à fait illusoire». Yehoshua est donc prêt à adopter le plan conçu
par Bennett, plus par dépit que par conviction dans une sorte
d’auto-flagellation. Il avoue son échec après un combat de toute une vie, en
virant de stratégie pour accepter la solution d’une annexion déguisée ou d’une
annexion librement choisie.
Le
plan de Bennett consiste à intégrer à Israël la zone C de la Cisjordanie, sous
contrôle total israélien. Cette zone, qui comprend environ 65.000 Arabes et qui
représente 60% de la Cisjordanie, ne comporte pas de villages arabes. Les Palestiniens
de cette région recevraient automatiquement la citoyenneté israélienne. A.B
Yehoshua n’a pas prononcé le terme d’annexion mais il a laissé la porte ouverte
à cette solution extrême. Pour lui il s’agit surtout de mettre fin à la
souffrance des Arabes de cette zone : «Ils combattent nuit et jour les
Juifs qui y vivent, et ils souffrent de la question de l'occupation de la
manière la plus dure. Je pense qu’il faut donner à ces résidents arabes le statut
de résidents comme ceux de Jérusalem-Est, ou même la citoyenneté. Du point de
vue de la démographie d'Israël, il n'y a pas de problème».
C’est
un virage étonnant de la part d’une icône de gauche qui ne le justifie pas par
un quelconque désespoir mais par un souci d’améliorer le sort d’une partie des
Palestiniens en «leur accordant les avantages de l'assurance-chômage, de la
sécurité sociale et des salaires israéliens». En fait il a succombé à la
politique des petits pas de la droite israélienne qui a mené discrètement son
combat vers l’annexion. Il a surtout été aidé par l’intransigeance
palestinienne à refuser d’amender son logiciel politique, figé aux propositions
de 1947.
Amona |
Évidemment
c’est une victoire pour Bennett qui voit son plan de 2010 approuvé par cette
haute figure de la gauche israélienne. L’annexion de la Cisjordanie est en
bonne voie. Elle mettrait fin à l’ambiguïté que le gouvernement a voulu lever
avec sa «loi sur la normalisation» conçue au départ pour empêcher
l’évacuation d’Amona près de Ramallah, l’avant-poste construit sans
autorisation officielle sur des terres privées appartenant à des Palestiniens.
La Cour suprême israélienne avait statué il y a plus de deux ans que cet
avant-poste devait être démantelé.
David M. Friedman |
Le
gouvernement pouvait difficilement accepter l’évacuation de près de quarante
familles mais Naftali Bennett a compris qu’il ne pouvait pas empêcher cette
décision. Alors il s’est servi de la crise d’Amona pour modifier le statu quo
juridique par lequel la Cisjordanie est gouvernée par le commandant militaire
et les décrets d’Israël, et non par le parlement et les lois d’Israël. Le
gouvernement israélien ne craint plus les conséquences internationales d’une
éventuelle annexion.
La victoire de Donald Trump l’encourage à lever l’ambiguïté. La nomination de David Friedman, fervent partisan des implantations dans les territoires,
en tant que nouvel ambassadeur américain en Israël, peut mener Israël vers une
nouvelle stratégie en Cisjordanie avec la caution d’une gauche en
décomposition.
Où qu'on se tourne dans le monde, quand il s'agit de la gauche, il n'est question que de "gauche en décomposition" ! Étonnant, non ?
RépondreSupprimerLes responsables palestiniens qui n'ont jamais voulu partager , qui ont toujours voulu le pays du fleuve jusqu'à la mer sont les seuls responsables de la situation . AB Yehoshua est trop intelligent pour ne pas comprendre que la droite avait raison et que la gauche était perdue dans des rêves irréalisables et fracassées par l'intransigeance criminelle des arabes.
RépondreSupprimerpourquoi partout une gauche en décomposition?
RépondreSupprimerParce qu'elle a 80 ans, en effet, et qu'elle laisse la place à de nouvelles forces... les forces de la force... les forces de l'arrogance convaincue que la vérité est chez moi et que les autres, pauvres autres, ne sont que des aveugles qui n'ont pas eu la chance d'avoir la perspicacité visuelle exceptionnelle de notre camp. Nous, on avait déjà tout compris avant les autres bien sûr...
parce que la jugeote à court terme est à la mode, parce qu"une vision humaniste du monde est ringarde...
Parce que la classe moyenne aujourd'hui, c'est ceux qui sont prêt à descendre dans la rue pour râler contre les prix des appartements à tel Aviv, mais qui n'en ont pas grand chose à foutre du reste... et surtout pas de tous les laisser pour comptes... z'ont qu'à dire que ce pays est à nous et y aura plus de problème!
N'est-ce pas?