JUDAÏQUES FM
RÉCHAUFFEMENT DU FRONT DE GAZA
Jacques BENILLOUCHE
au micro de
Olivier ISSEMBERT
Olivier ISSEMBERT
Face à Netiv Haasara |
Le Hamas cultive le paradoxe car il adopte deux attitudes. Il ne veut pas s’avouer vaincu et il refuse de désarmer.
Malgré la défaite et les destructions qu’il a subies en août 2014, il continue à
consacrer son énergie et son argent à reconstruire ses moyens militaires quatre
mois après l’opération «bordure de protection». Il s’agit presque d’une
maladie sans aucune rémission. On pensait que le Hamas, qui a perdu le soutien de
l’Égypte, avait assimilé le sens de la défaite et celui de l’intérêt de sa
population. Il n’en est rien et les islamistes continuent à construire de
nouvelles positions militaires et des postes de commandement avancés visibles à
l’œil nu depuis la frontière avec Gaza.
Cliquer sur la suite pour écouter l'émission
Reconstructions militaires
Au nord de la bande, en face du mochav Netiv Haasara près
du Kibboutz Yad Mordechai, on observe des
collines artificielles et des rampes de lancement qui menacent les maisons du
village. Dans les postes d’observation, les islamistes se relaient toute la
journée pour surveiller la frontière et choisir l'instant propice à leur intervention. Les matériels
lourds, qui construisent les fortifications et les postes militaires, sont
visibles depuis le bord de la frontière. Les islamistes narguent Tsahal avec
la volonté de montrer qu’ils n’ont pas peur en laissant flotter les drapeaux du Hamas au-dessus des bâtiments militaires.
Les islamistes sont passés à l’action puisqu’un soldat de
Tsahal a été grièvement blessé par des tirs de snipers. Le cycle était immédiatement enclenché, tirs suivis de représailles, les premières depuis l’opération de
l’été. Ce soldat appartient au 585ème bataillon d'éclaireurs du désert, une
unité essentiellement composée de volontaires issus de la communauté bédouine. La
réaction rapide de Tsahal contre Khan Younès a entraîné la mort d’un commandant
des brigades Ezzedine Al Kassem, le bras armé du Hamas. Le chef d’État-Major a estimé devoir réagir
immédiatement pour stopper toute velléité de reproduire d’autres
incidents.
Déception
Ce réchauffement
du front sud est la conséquence de la déception du Hamas qui a cru aux promesses
de la reconstruction de Gaza. Il avait claironné avoir brisé le blocus et donc
promis le bonheur aux habitants de Gaza. Or les marchandises non alimentaires ne peuvent pas
circuler librement et l’Égypte a détruit les quelques tunnels de contrebande qui fonctionnaient encore. La réalité est différente de celle du scénario optimiste du
Hamas.
Les donateurs internationaux
avaient promis 5,4 milliards de dollars
pour reconstruire Gaza or, selon l’ONU, à peine 2% des sommes ont été
transférées. La conférence du Caire a donc fait illusion. Le Qatar avait promis
1 milliard de dollars, l’Arabie 500 millions, les États-Unis et l’Union
européenne 780 millions. La moitié de cette assistance financière devait servir
à reconstruire les logements et les infrastructures et l’autre moitié à renflouer le budget palestinien. Les bailleurs de fonds, comme par le passé,
n’ont pas respecté leurs engagements alors que Ismaël Haniyeh et Mahmoud Abbas
poursuivent leur lutte pour le pouvoir à Gaza en ignorant totalement la
réconciliation palestinienne.
Dans ces
conditions la population de Gaza, qui ne voit rien venir, s’agite parce que les
conditions de vie ne s’améliorent pas comme prévu. Malgré le mauvais temps, les
tentes n’ont pas été remplacées par des logements en dur ou au moins par des
caravanes. Cette situation est le symbole de l’effondrement d’une réconciliation illusoire.
Israël conciliant
Camions à travers les points de passage de Gaza |
Dans cette
affaire, Israël a été le plus conciliant en ne voulant pas aggraver la
situation. Il a permis les transferts de fonds pour le paiement des salaires,
il a assoupli les conditions de livraison des matériels de construction et
autorisé l’exportation de cultures et de poissons. En effet, Israël ne tire
aucun profit de l’aggravation de la situation de la population mais il est
toujours accusé d’être responsable de la situation à Gaza alors que
seuls les points de passage israéliens sont ouverts pour laisser passer des
centaines de camions par jour. Et pendant ce temps les dirigeants de Gaza et de
Cisjordanie se gavent de l’argent qui leur est offert.
Il n’est donc
pas étonnant que le Hamas cherche d'abord à détourner l’attention de sa population sur
la situation qu’elle subit. En télécommandant quelques tirs de roquettes, il
tente ensuite d’alerter l’opinion internationale en la menaçant d’un suicide militaire
si elle n’intervient pas pour débloquer les fonds. Le Hamas n’est pas prêt à
supporter une autre guerre. Il n’a ni les moyens humains et ni militaires mais
il peut lancer ses miliciens extrémistes à l’assaut d’Israël si c’était le seul
moyen de se faire entendre.
D’ailleurs s’il a suscité l'incident, le Hamas ne le revendique pas comme il a coutume de s’en glorifier. Il nie avoir placé un sniper
qui a effectué l’attaque du 24 décembre contre les soldats de Tsahal. Des
responsables de la sécurité à Gaza affirment que le Hamas a donné l’ordre à ses
troupes de se redéployer le long de la frontière avec Gaza afin d’éviter
l’infiltration de jeunes gazaouis en Israël.
Ce phénomène est devenu quasi quotidien depuis la fin de l’opération «Bordure
de protection». Des indiscrétions font même état de l’intervention d’un
intermédiaire auprès d'Israël pour «faire comprendre que le tireur n’était pas l’un des
leurs et qu’ils avaient ouvert une enquête».
Cependant Israël ne veut prendre aucun risque. Tsahal a décidé de déployer deux batteries anti-missiles «Dôme de fer» vers le sud en cas de nouveaux tirs de roquettes sur Israël, l’une près de Nétivot et l'autre près de Beer-Shev’a. Le Hamas de son côté veut faire comprendre que la balle est dans le camp des donateurs.
Cependant Israël ne veut prendre aucun risque. Tsahal a décidé de déployer deux batteries anti-missiles «Dôme de fer» vers le sud en cas de nouveaux tirs de roquettes sur Israël, l’une près de Nétivot et l'autre près de Beer-Shev’a. Le Hamas de son côté veut faire comprendre que la balle est dans le camp des donateurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire