MERAH : C’ÉTAIT BIEN COUSU DE FIL BLANC
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Mohamed Merah |
Dans
un article daté du 22 mars 2012 intitulé
«Merah : Questions sur un assaut», nous avions mis en évidence tous
les points d’ombre et les invraisemblances de cette affaire. Et pourtant nous n’avions
chez nous, ni expert policier et ni journaliste introduit dans les rouages des services
de renseignements français.
Logique naïve
La
logique seule commandait de se poser des questions sur la mort brutale du tueur
de Toulouse. Ce décès s’apparentait, selon l'hypothèse de notre article, à une élimination
politique pour l’empêcher de parler et de révéler qu’il était en fait un jouet
manipulé par les services français.
Si
certains dirigeants n’avaient pas été aveuglés par «l’intérêt suprême»
du service ou par une simple aubaine d’infiltration des milieux islamiques, ils
auraient dû l'arrêter à temps pour empêcher la mort d’un rabbin et de trois
enfants juifs et bien sûr de trois militaires français. Les langues se délient aujourd’hui
et les rapports secrets, du temps du précédent régime, dévoilent enfin le fond
de l’affaire qu’on avait entrevu dans notre naïveté.
Les
documents déclassifiés de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur)
accréditent la piste islamiste qu’on a cherché à étouffer par l’élimination du
témoin encombrant. Mohamed Merah avait été qualifié, dès 2009, de membre de la
mouvance islamique de Toulouse. Cela avait été vérifié par suffisamment d’éléments
concrets qui justifiaient de le neutraliser.
Les services l’avaient défini comme «une nouvelle recrue
toulousaine désireuse d'étudier dans les instituts coraniques du Caire». Il
s’était d’ailleurs installé en Égypte, la même année, pour y apprendre l'arabe.
Il avait même été impliqué, avec son frère, dans une filière d'acheminement de djihadistes
en Irak, via la Syrie.
Le perdreau de l’année
Mohamed
Merah n’était certainement pas le perdreau de l’année, novice et inexpérimenté,
puisqu’il avait été arrêté à Kandahar, au sud de l’Afghanistan en 2010, dans un
bastion djihadiste. Il ne séjournait pas là-bas uniquement pour se familiariser avec
le Coran. Mais il n’avait pas été inquiété car les services de renseignements pensaient
pouvoir l’exploiter et le manipuler alors qu’ils savaient qu’il s’agissait «d’un
individu au lourd passé de délinquant en phase de radicalisation».
Au
lendemain du meurtre de Toulouse on nous avait raconté, et nous n’y avions pas
cru, que chez ce personnage douteux il n’y avait pas «d'activisme
idéologique et pas de fréquentation de la mosquée». C’était un mensonge d’État
à l’état pur.
Le Raid discrédité après l'assaut |
Or
les services savaient qu’il était à nouveau parti au Pakistan en 2011 et qu’il
était probablement revenu «avec pour instructions de créer des réseaux de
soutien ou d'accueil logistiques ou de conduire des actions armées». Cela
était écrit noir sur blanc dans les rapports officiels, déclassifiés aujourd’hui,
et pourtant dans l’intérêt du service, on l’a laissé agir en toute liberté pour
ensuite le réduire au silence. Un rabbin et quatre enfants juifs ont payé de
leur vie les errances de fonctionnaires zélés qui ont été jusqu'à laisser discréditer la police pour couvrir leurs dérives.
Le lien
pour l’article du 22 mars :
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