GAZA : UN CASUS BELLI ENTRE ISRAËL ET L’IRAN
Par
Jacques BENILLOUCHE
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© Temps et Contretemps
Le grave incident qui a eu lieu au
passage de Kérem Shalom risque de dégénérer en tirs de roquettes avec représailles
à la clef dans un nouveau cycle de violence. Les israéliens sont obligés de
prendre la situation au sérieux et, comme d’habitude, ils décideront de frapper
fort, au sommet, pour enrayer le cycle infernal.
Discrétion
du Hamas
Certes les terroristes, qui ont décidé de
reprendre l’offensive, ne semblent pas faire partie du Hamas mais appartiennent
au Djihad islamique soutenu par l’Iran. Téhéran confirme ainsi sa volonté de réchauffer
la frontière de Gaza pour lancer un message à l’opinion internationale.
N’acceptant pas les sanctions imposées par l’Union Européenne et l’ingérence
occidentale en Syrie, l’Iran veut montrer sa capacité de nuisance,
par alliés interposés.
L’armée israélienne n’a pas été surprise
par cette flambée de violence puisqu’elle avait lancé une "alerte rouge" le 4
août. Le gouvernement avait été informé que de nombreuses armes, en particulier
des lanceurs et des fusées Grad montés sur véhicules, avaient été convoyés en
novembre 2011 en provenance de Libye jusqu’aux tunnels de contrebande de Gaza. Ces
armes avaient été déjà vues sur le champ de bataille libyen lors des combats
contre les troupes de Kadhafi. Cinquante mercenaires libyens étaient venus
renforcer les troupes du Djihad à Gaza
avec l’objectif de les former au
maniement de ces nouvelles armes.
Djihad islamique
Les dirigeants
militaires israéliens s’attendaient à une extension des attaques qui avaient
pour but de détourner l’attention de la Syrie. Ils sont persuadés du rôle sournois
de l’Iran qui agit via le Djihad islamique, son bras armé à Gaza. Ils sont
convaincus que le Hamas a été volontairement laissé à l’écart de ces décisions
qui viennent directement du haut commandement iranien.
D'ailleurs, le Hamas tente de mettre fin à cette nouvelle spirale de violence à Gaza dans laquelle il a tout à perdre. En effet il craint que ces troubles n'entrainent de nouvelles destructions alors qu’il a lancé un programme de restructuration de la ville. D’ailleurs, le Djihad islamique critique le manque de coopération du Hamas. Dans une interview accordée à une chaîne de télévision palestinienne, un haut responsable du Djihad islamique, Ahmad Almoudlal, avait déploré que «son organisme et les Comités de résistance sont les seuls à combattre contre l’ennemi sioniste» et a critiqué le Hamas pour son «immobilisme» dans le présent conflit.
D'ailleurs, le Hamas tente de mettre fin à cette nouvelle spirale de violence à Gaza dans laquelle il a tout à perdre. En effet il craint que ces troubles n'entrainent de nouvelles destructions alors qu’il a lancé un programme de restructuration de la ville. D’ailleurs, le Djihad islamique critique le manque de coopération du Hamas. Dans une interview accordée à une chaîne de télévision palestinienne, un haut responsable du Djihad islamique, Ahmad Almoudlal, avait déploré que «son organisme et les Comités de résistance sont les seuls à combattre contre l’ennemi sioniste» et a critiqué le Hamas pour son «immobilisme» dans le présent conflit.
Les tunnels à Gaza |
Les services de renseignements
israéliens avaient mis plusieurs fois en garde les autorités politiques sur le
danger que faisait courir le Djihad islamique avec les 10.000 missiles qu’il
avait reçus à travers la contrebande des tunnels. La reprise du terrorisme et des
tirs de missiles ont aussi pour but de s’opposer à toute velléité du président
Mahmoud Abbas de reprendre langue avec les occidentaux. L’Iran ne serait pas
opposé à semer les graines d’une déflagration militaire dans la région pour
soulager la pression occidentale qui commence à porter ses effets négatifs sur
le régime iranien ainsi que celle qui s’exerce contre son allié syrien.
Tsahal prêt à l’action
La solution du problème est entre
les mains du cabinet restreint qui doit statuer sur les mesures à prendre. Tous
les moyens ont été envisagés pour éradiquer l’action des cellules d’Al-Qaeda et
des groupes islamiques radicaux dans le Sinaï qui prêtent main forte aux
militants de Gaza.
Haniyeh et Morsi |
Mais il ne semble pas qu’une action
d’envergure, terrestre, soit d’actualité alors que Tsahal s’y prépare depuis
longtemps. Il ne s’agit pas de brusquer le président Morsi qui fait preuve d’une
certaine retenue et qui ne remet pas en cause le traité de paix de 1979. Alors
que son arrivée au pouvoir s’était accompagnée d’une grande espérance à Gaza
qui voyait déjà la frontière avec l’Égypte s’ouvrir, accompagnée du
développement des échanges commerciaux, en particulier de carburants pour rendre
la bande de Gaza totalement indépendante des fournitures israéliennes.
Mais la déception a été grande et elle a été l’occasion donnée aux groupes terroristes pour s’attaquer à l’armée et à la police égyptienne, symboles du nouveau régime. Mais il est probable que les 15 morts égyptiens resteront un contentieux difficile à solder.
Poste-frontière entre Gaza et l'Egypte |
Mais la déception a été grande et elle a été l’occasion donnée aux groupes terroristes pour s’attaquer à l’armée et à la police égyptienne, symboles du nouveau régime. Mais il est probable que les 15 morts égyptiens resteront un contentieux difficile à solder.
Hésitation du gouvernement
Le gouvernement israélien donne l’impression
d'hésiter sur la stratégie à utiliser. Il est conscient qu’une action de grande
envergure pourrait entrainer une guerre régionale et surtout la rupture avec l’Égypte.
Il paie donc le prix de sa passivité devant le réarmement de Gaza où sont
stockés des milliers d’armes sophistiquées à la frontière d’Israël. Il n’ignore
pas non plus le risque planifié du réchauffement de la frontière nord avec le
Hezbollah, qui n’attend que les ordres de Téhéran pour lancer ses troupes ultra
équipées contre Tsahal.
Combattants du Hezbollah |
Mais Israël et l’Égypte divergent sur les
responsables du massacre des soldats. Les égyptiens accusent le Hamas pour se
disculper de leur laxisme à contrôler le Sinaï. D’ailleurs les dirigeants
du Hamas ont tenu à être disculpés puisqu’ils ont immédiatement condamné l’attaque
et ont, dès l’annonce des combats, bloqué les tunnels de contrebande pour empêcher les
salafistes de quitter le Sinaï pour se réfugier à Gaza.
Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, a téléphoné au président égyptien Mohamed Morsi pour faire part de ses condoléances aux égyptiens et aux familles des 16 gardes-frontières tués dans l'attaque du Sinaï. Il a vivement condamné ce ''crime'' et souligné que le Hamas et les palestiniens se préoccupent de la stabilité de l'Egypte et s'opposent à toute atteinte à sa sécurité. Parallèlement, le premier ministre palestinien Salam Fayyad a envoyé une lettre de condoléances à son homologue égyptien Hisham Kandil, dans laquelle il déplore la mort des 16 policiers égyptiens.
Israël penche plutôt pour les salafistes du Djihad islamique qui sont les maitres du Sinaï avec leur arsenal militaire et qui misent sur une déflagration locale pour faire avancer leurs idées. Le chaos est leur credo.
Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, a téléphoné au président égyptien Mohamed Morsi pour faire part de ses condoléances aux égyptiens et aux familles des 16 gardes-frontières tués dans l'attaque du Sinaï. Il a vivement condamné ce ''crime'' et souligné que le Hamas et les palestiniens se préoccupent de la stabilité de l'Egypte et s'opposent à toute atteinte à sa sécurité. Parallèlement, le premier ministre palestinien Salam Fayyad a envoyé une lettre de condoléances à son homologue égyptien Hisham Kandil, dans laquelle il déplore la mort des 16 policiers égyptiens.
Israël penche plutôt pour les salafistes du Djihad islamique qui sont les maitres du Sinaï avec leur arsenal militaire et qui misent sur une déflagration locale pour faire avancer leurs idées. Le chaos est leur credo.
Une autre analyse penche sur la volonté de
l’Iran d’impliquer les cellules d’Al-Qaeda dans l’opération dans une sorte de
vengeance contre la présence de cette organisation parmi les rebelles qui
combattent le régime d’Assad. L'Iran cherche à en faire la cible des autorités militaires égyptiennes.
Combattants Al-Qaeda en Syrie |
Controverses
Selon l’Égypte, les dix hommes du commando,
lourdement armés, ont traversé les tunnels de contrebande depuis
Gaza et se sont déguisés en bédouins du Sinaï. Mais la thèse israélienne est opposée.
Tsahal a des preuves que les hommes armés faisaient partie d’un groupe de salafistes bédouins liés à Al-Qaeda et basés au Sinaï, et que le Hamas ne serait pas impliqué. Les services de sécurité avaient des informations sur l’attaque qui se préparait à Kérem Shalom dont le but était de capturer des soldats israéliens. L’aviation était sur le pied de guerre tandis qu’à terre, l’armée avait renforcé ses effectifs pour mettre en échec le projet. C’est pourquoi les deux véhicules blindés égyptiens, qui ont cherché à entrer en Israël, ont été immédiatement neutralisés et leurs occupants éliminés.
Tsahal a des preuves que les hommes armés faisaient partie d’un groupe de salafistes bédouins liés à Al-Qaeda et basés au Sinaï, et que le Hamas ne serait pas impliqué. Les services de sécurité avaient des informations sur l’attaque qui se préparait à Kérem Shalom dont le but était de capturer des soldats israéliens. L’aviation était sur le pied de guerre tandis qu’à terre, l’armée avait renforcé ses effectifs pour mettre en échec le projet. C’est pourquoi les deux véhicules blindés égyptiens, qui ont cherché à entrer en Israël, ont été immédiatement neutralisés et leurs occupants éliminés.
La mise en garde des israéliens contre les
ambitions guerrières d’Al-Qaeda au Sinaï ne date pas d’hier. Tsahal s’attendait
à une opération audacieuse de cette ampleur puisque les djihadistes s’en sont
pris à une base militaire importante et à des soldats bien équipés. L'enquête sur l'attaque commise révèle que le camion qui
transportait une demi-tonne d'explosifs devait exploser dans une
des localités frontalières israéliennes. Israël savait
que des officiers iraniens des brigades Al-Qods basés au Liban avaient préparé
minutieusement cette opération de type militaire pour attaquer des cibles
égyptiennes et israéliennes. D’ailleurs les iraniens, par les propos du
président du parlement, Ali Larijani, avaient menacé d’étendre le feu qui a été
allumé en Syrie dans toute la région et en Israël en particulier.
Ali Larijani |
Parce que la situation à Gaza et à la
frontière égyptienne est télécommandée à distance par l’Iran, nul n’est capable
aujourd’hui de prédire la tournure que prendra la situation, si elle devait se
dramatiser. Israël ne tient pas à succomber à la provocation qui semble
manifeste aujourd’hui mais sa prudence s'apparente à de la faiblesse.
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