BILLET D'HUMEUR : LA FEMME EST L'AVENIR DE LA TUNISIE
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Le président Bourguiba avait décidé de moderniser l’Etat tunisien aussitôt après son arrivée au pouvoir. En promulguant le code du statut personnel (CSP) le 13 août 1956, quelques mois après l’indépendance du pays proclamée le 20 mars, le Combattant Suprême s’est appuyé sur l'émancipation féminine pour revitaliser toute la société tunisienne. Sa démarche fut unique dans le monde arabe, frileux quand il s’agit de s’attaquer aux dogmes de la religion.
Il imposa sa propre révolution grâce à une réforme audacieuse qu’aucun dirigeant musulman n’aurait osé mettre en œuvre. La nouvelle loi entra en vigueur dès le 1er janvier 1957 dans le cadre d’un vaste programme de modernisation de la société : l'interdiction du port du voile dans les écoles, la reconnaissance du droit de vote aux femmes, le démantèlement de l'université de la Zitouna, citadelle du conservatisme, la dispense de jeun durant le mois de ramadan, la mise en place du planning familial, le droit à l'avortement libre et la gratuité de la pilule, l’interdiction de la polygamie et de la répudiation et enfin, l’obligation d’obtenir le divorce devant le tribunal.
Les femmes n’ont pas hésité pour se transformer en véritables occidentales vêtues de jeans, de mini-jupes et de tenues affriolantes. Elles s’insérèrent dans tous les pans de la société en occupant des postes économique et politique de haut niveau. Elles firent concurrence aux hommes pour se prouver qu’elles étaient leurs égales.
La révolution du jasmin a porté au pouvoir toute une génération d’opposants qui, durant les heures noires du régime de Ben Ali, n’ont jamais pensé s’unir et qui à présent risquent de se déchirer pour les lambeaux du pouvoir. Les islamistes attendent en embuscade l’heure de l’échec économique des nouveaux dirigeants pour cueillir le pouvoir comme un fruit mûr tombé de l’arbre et pour imposer leurs lois anachroniques. Puis, comme à Gaza, la Charia s’appliquera à la lettre, progressivement, dans la sournoiserie habituelle des barbus.
Les femmes seront alors les seules capables de s’opposer à eux car elles ont payé chèrement leur liberté et elles considèreront toute atteinte à leur droit de femme comme un casus belli. Elles refuseront l’obscurantisme de ceux qui voudraient les cantonner dans leurs cuisines. Alors, elles tiennent l’avenir de la Tunisie entre leurs mains et si certains hommes, dans leur lâcheté habituelle, se satisferont d’un nouveau pouvoir qui grignotera progressivement des parcelles de liberté, alors, elles défendront bec et ongles les acquis bourguibiens. Le salut de la Tunisie viendra d’elles et d’elles seules.
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