LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

mercredi 14 septembre 2022

Controverse sur la conversion des Allemands au judaïsme par Francis MORITZ


CONTROVERSE SUR LA CONVERSION DES ALLEMANDS AU JUDAÏSME

 

Par Francis MORITZ

 

Gesa Ederger rabbin, Angela Merkel et Avitall Gestetter.

Nous sommes à Berlin, où tout semblait aller pour le mieux. Quand le journal allemand Die Welt demande au seul hazan féminin d’Allemagne, Avitall Gerstetter, de lui fournir une contribution. Son contenu provoque très rapidement une vive controverse qui entraine finalement le licenciement de l’intéressée. Voici la notice qui figure encore sur le site de la nouvelle synagogue de la rue Oranienburg à Berlin à propos des hazanim (les chantres).



Avitall Gerstetter


Avitall est le premier hazan juif allemande. Après avoir obtenu son diplôme d'études secondaires, elle a étudié dans une yeshiva à Jérusalem, suivi d'une formation à l'Université des Arts de Berlin, avec une spécialisation en chant. En plus d'enseigner le piano, la clarinette et la danse, elle a étudié l'anglais à l'Université technique de Berlin. Avitall a déjà donné des concerts en Allemagne, en Angleterre, en Italie et aux États-Unis (New York, Los Angeles, Pittsburgh). En décembre 2001, elle termine sa formation de chantre à New York. Sa voix peut être entendue régulièrement dans la synagogue Oranienburger Strasse et dans la synagogue Hüttenweg à Berlin. Avitall a produit divers CD. Vous trouverez de plus amples informations sur Avitall Gerstetter sur www.avitall.de.

Avitall a développé une problématique relative à la disparité croissante entre les Juifs convertis et les Juifs de naissance, en particulier dans les fonctions sacerdotales. D’après elle, au cours des trois dernières années, la proportion des «giyurim» (les convertis) a augmenté de l’ordre de 80% des participants dans certaines communautés, ou formulé autrement, seuls 20% des participants sont d’origine juive, qui eux, sont réellement dans l’esprit des traditions juives et n’ont pas uniquement reçu un certain enseignement devenus adultes.

Pour elle «chaque tradition juive qui s’est développée sur plusieurs générations est difficilement abordable car fréquemment les rabbins et hazanim sont eux-mêmes des convertis tardifs». Le rabbin de cette synagogue est elle-même une femme, Gesa Ederberg, convertie en 1995 et ordonnée rabbin en 2007. Dans les commentaires suscités par la polémique, certains convertis utilisent même le concept de «Trans juif», ce qui, pour eux, signifie «juif-dans-l‘âme» avant même d’être converti formellement.

Avitall souligne dans sa contribution les diverses raisons qui pourraient motiver les gens à se convertir. L’une d’entre elles a particulièrement provoqué de vifs commentaires, est «la volonté d’arriver du bon côté après les crimes de la Shoah» et de quitter le groupe des coupables pour entrer dans celui des victimes. Ce qu’Avitall qualifie de conversion des indulgences, en référence au commerce des indulgences qui vient de la possibilité, dans l'Église catholique romaine, d'acheter des indulgences (du latin indulgere, accorder), c'est-à-dire la rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle.

Cette pratique reçoit une définition juridique dans les décrets pontificaux au XII siècle. L'indulgence obtenue en contrepartie d'un acte de piété notamment dans le but de raccourcir le passage par le purgatoire d'un défunt, au cours du temps s'est transformée en un commerce lucratif. Cette affaire fut le déclencheur de la Réforme protestante, ce qui ouvrit la voie à une critique des croyances catholiques et des pratiques de ses prêtres.

Dix ans après la chute du Troisième Reich, quelque chose d'étrange est arrivé à la communauté juive de Berlin. Le rabbin de l'époque, Nathan Peter Levinson, l’a commenté en ces termes : «A une époque où chaque Juif pensait encore aux années où l'Allemagne n'était pas une patrie pour les Juifs, mais un terrain de chasse pour les persécuteurs et les persécutés, des centaines d'Allemands ont frappé à la porte du rabbin du jour au lendemain, pour ainsi dire, avec le désir de se convertir au judaïsme».  

«Il y en avait tellement», rapporta Levinson plus tard, qu'il se sentait «incapable d'examiner sérieusement les motivations de ceux qui n'étaient que des partisans, des informateurs ou même des persécuteurs». Levinson voyait dans le désir de devenir juif un désir de se débarrasser de la souillure morale et de sortir de la foule qui s'était formée pendant douze ans sous la culpabilité et la honte collectives. La majorité de ceux qui souhaitaient désormais appartenir à la communauté juive n'avaient qu'un seul but : ils voulaient être du bon côté moral des victimes.

Après la Shoah, il y avait inévitablement une sorte d'intimité entre chaque Allemand et chaque Juif que chacun pouvait gérer d'une manière ou d'une autre - mais elle ne pouvait pas être éliminée, a déclaré à juste titre le philosophe religieux Gershom ScholemLes aspirants prosélytes des années 1950 ont traduit cette intimité en un désir de conversion de masse. Adolf devait devenir Adi. Soit dit en passant : très peu ont réussi à se convertir. 

In memoriam Rabbin Nathan Peter Levinson ancien grand rabbin de Berlin


Vouloir être du bon côté

L'histoire peut ressembler à une relique du passé. Mais ce n'est pas elle. Hitler et son peuple ont fait un excellent travail : ils ont assassiné les Juifs physiquement et les Allemands mentalement. Malheureusement, la véracité de cette phrase n'a pas beaucoup changé depuis la fin de l'extermination des Juifs. À ce jour, l'Holocauste est un objet de convoitise pour de nombreux Allemands en général, et pour les intellectuels non juifs en particulier. Au plus profond de leur cœur sommeille le «désir d'être du bon côté»  et la croyance erronée que, quel que soit le sens ou l'absurdité du concept, on est protégé en tant que quasi-juif.

Dans le désir d'être juif, de nombreux autres candidats juifs, qui parlent de plus en plus fort et de manière plus invasive, ne suivent pas les lois juives. Celles-ci prescrivent exactement qui est juif et qui ne l'est pas. Les mêmes indiquent également comment les non-juifs peuvent se convertir. Peu nombreux sont ceux qui en tiennent compte. Sans méfiance ou consciemment, ils reprennent la définition du Juif des Lois de Nuremberg de septembre 1935. Ce qui est un comble ! On constate ici à quel point ce qui était un moyen de persécution devient pour certains un argument sinon même «un motif légitime» bien qu’inventé par les nazis pour justifier leur Solution finale.  La perte de sens est telle qu’on assiste dans ce processus à un phénomène totalement irrationnel lorsque certains y trouvent une justification à leur démarche paradoxale qui consiste à s’approprier une loi nazie pour justifier de son soi-disant désir de conversion, parce que quart de juif ou demi juif ! Tous de confession mosaïque en somme. Ils s’en moquent   Le président du Conseil central de la communauté juive qui compte quelques 8.000 membres, Josef Schuster, a remis la synagogue au milieu du village, en rappelant qui est juif et qui ne l’est pas.

S’agissant des convertis allemands, ils seraient annuellement une centaines coté libéral, non reconnus par le rabbinat d’Israël et autour de 25 par an pour les conversions orthodoxes reconnues. Cette polémique a néanmoins le mérite de remettre dans l’actualité cette problématique qui soulève de nombreuses contestations en Europe et ailleurs. Le judaïsme n’est pas prosélyte. C’est connu. Néanmoins il laisse une porte entre ouverte aux candidats fortement motivés. Elle repose également la question de l’éducation juive dans la diaspora et son avenir devant les problèmes posés par l’intégration et l’assimilation.  

 

 

10 commentaires:

bliahphilippe a dit…

Article intéressant. Se convertir au judaisme on pourrait dire par compassion chrétienne -consciente ou inconsciente- est un phénomène nouveau bien ironique que nous réserve l'histoire.
Il fut un temps ou sans nul besoin de se convertir nombre de jeunes allemands venaient aider dans les bases militaires de Tshal ou/et travailler dans les kibboutz en rémission ou par sympathie, ce qui suffisait amplement.
Aujourd'hui une psychothérapie pourrait s'avérer suffisante pour remettre sur pied le candidat sans qu'il ne se sente obligé à une conversion libérale fondée sur du vide du fait du rejet ou de l'omission par le judaisme d'exil du lien triptyque indissoluble entre peuple-torah-terre d'Israel...qui ne les concerne pas.
Il est cependant à craindre si cet épiphénoméne se propage -ce dont je doute- qu'il ne soit nuisible au judaisme qui serait réduit à une religion victimaire à peine variante de christianisme. On ne fonde pas une existence sur la victimisation.
Ces vieux dinosaures d'un judaisme passéiste sont appelés à disparaitre. On le constate aujourd'hui par l'assimilation qui frappe les juifs d'occident le taux de mariage mixte avoisinant les 70%.
Le judaisme c'est l'histoire vivante d'un peuple sur sa terre et non sur la terre des autres nations par le biais de conceptions dépassées ou dévoyées.
Ils commettent une erreur intellectuelle tout comme les quelques juifs prétendus rabbins qui acceptent ces errements.

Georges Kabi a dit…

Jacques, je m'etonne que tu n'es pas fait allusion a la Loi du Retour et a ses beneficiaires. Selon cette loi, est juif tous eux qui auraient pu etre candidats a etre gaze! Il ne faut pas oublier de remettre cette Loi dans le contexte politique et humain qui regnait en Israel au moment de l'adoption de cette Loi. Il y avait un nombre tres important de Juifs peresecutes qui furent sauves, mais aussi des "pensionnaires" des camps de concentration et de centres d'extermination.C'est la ou reside la polemique soulevee de temps en temps par les politiciens du Judaisme orthodoxe.En fait, la polemique politique est de moins en moins soulevee car le Ministere de l'Interieur fonctionne entierement a la botte des orthodoxes et on se retrouve face a des cas qui releve plus de l'apartheid que d'un pays democratique et liberal.

Jacques BENILLOUCHE a dit…

@Georges
Comme d'habitude tu écris trop vite ton commentaire ! Tu m'interpelles alors que je ne suis pas l'auteur de l'article.

Véronique ALLOUCHE a dit…

On ne change pas de religion comme on change de trottoir. Que chacun reste ce qu’il est. Aucun allemand ne rachètera jamais ce que ses ancêtres ont fait subir aux juifs durant la Shoah.
Nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas.

Marianne ARNAUD a dit…

Peut-être me pardonnera-t-on de proposer ici un film qui - sans doute parce que je suis catholique mais issue d’un « couple mixte » - m’a personnellement bouleversée :



https://www.youtube.com/watch?v=c7QuCeE-QyM

Francis Moritz a dit…

Merci Mme ARNAUD
je n’avais pas encore vu ce film .

bliahphilippe a dit…

a Mmme Arnaud : afin d'éviter tout malentendu concernant les couples mixtes il est parlé d'un phénomène de société et en aucun il s'agit de se prononcer sur des cas particuliers, chacun choisissant son destin librement.

Ingrid Israël-Anderhuber a dit…

Vous dites : «Le président du Conseil central de la communauté juive qui compte quelques 8.000 membres, Josef Schuster, a remis la synagogue au milieu du village, en rappelant QUI EST JUIF ET QUI NE L’EST PAS.»
Francis, dans la mesure où c’est Dieu qui est à l’origine de la création du peuple d’Israël, et Dieu qui lui a donné ses règles de conduite, sa Loi, c’est donc sa vision à Lui qui devrait nous importer de connaître, d’où la vraie question : Pour Dieu, ou selon Dieu, QUI EST JUIF ET QUI NE L’EST PAS ?

Lorsqu’on se réfère à la Bible, on s’aperçoit que, dans certaines situations, des non-Juifs étaient devenus Juifs juste par la simple circoncision. Exemple :

- En Exode 12, v. 43-49 : «L'Eternel dit à Moïse et à Aaron : Voici une ordonnance au sujet de la Pâque : Aucun étranger n'en mangera. Tu circonciras tout esclave acquis à prix d'argent ; ALORS il en mangera. L'habitant et le mercenaire n'en mangeront point (...) Toute l'assemblée d'Israël fera la Pâque. SI un étranger en séjour chez toi veut faire la Pâque de l'Eternel, tout mâle de sa maison DEVRA être circoncis ; ALORS il s'approchera pour la faire, et il sera COMME (égal assimilé à) l'indigène ; mais aucun incirconcis n'en mangera. La MÊME loi existera pour l'indigène comme pour l'étranger en séjour au milieu de vous.»
Ici, un esclave qui n’était pas un descendant de Jacob-Israël par l’ADN devenait pourtant Juif par la circoncision et entrait d’office dans la maison d’Israël. Idem pour un étranger qui, bien qu’étranger à l’ADN de Jacob-Israël, pouvait cependant être ASSIMILE (rendu semblable) à Israël par la circoncision ne serait-ce déjà que pour jouir de privilèges divins (ici la fête de la Pâque).

- En Esther 8, 17 : «Dans chaque province et dans chaque ville, partout où arrivaient l'ordre du roi et son édit, il y eut parmi les Juifs de la joie et de l'allégresse, des festins et des fêtes. Et beaucoup de gens d'entre les peuples du pays SE FIRENT JUIFS (ils n’ont pas eu besoin de l’avis des rabbins !) , car la crainte des Juifs les avait saisis.»
Dans la diaspora, à l’époque, la circoncision suffisait à identifier la judéité (d’où également, à l’époque nazie, quand il y avait un doute, le simple coup d’oeil des S.S. à l’intérieur du pantalon des garçons).

En outre, dans la BIBLE, sous l’alliance du Sinaï, la judéité se transmettait de PERE à ENFANT. Ainsi était automatiquement JUIF et JUIVE tout garçon et toute fille dont le PERE était JUIF. Car c’était PAR LE PERE que la judéité se transmettait parmi le peuple d’Israël, d’où les généalogie d’hommes.

Après la destruction du Temple, en 70 après J.C., qui a entraîné OFFICIELLEMENT la disparition de l’alliance du Sinaï, les RABBINS ayant rejeté la Nouvelle Alliance DIVINE - scellée par le sang expiateur de Jésus versé à Golgotha -, ont établi, entre autres règles, la transmission de la judéité non plus par l’homme MAIS par la femme ! De quel droit ?!

Quand on a pour référence la Bible seule, tout est plus simple, tout est plus clair. Depuis l’alliance messianique en Jésus, on a ceci sur la JUDEITE selon Dieu : «La circoncision est utile, si tu mets en pratique la loi ; mais si tu transgresses la loi, ta circoncision devient incirconcision. Si donc l'incirconcis observe les ordonnances de la loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas tenue pour circoncision ? L'incirconcis de nature, qui accomplit la loi, ne te condamnera-t-il pas, toi qui la transgresses, tout en ayant la lettre de la loi et la circoncision ? Le JUIF, ce n'est pas celui qui en a les dehors ; et la circoncision, ce n'est pas celle qui est visible dans la chair. MAIS LE JUIF c’est celui qui l'est intérieurement ; et la circoncision, c'est celle du coeur, selon l'Esprit et non selon la lettre. La louange de CE JUIF ne vient pas des hommes, mais DE Dieu.» (Shaul-Paul aux Romains 2, 25-29)

C’est pourquoi parmi ces JUIFS, il n’y a aucun athée ou non-croyant...

bliahphilippe a dit…

@Ingrid,
Votre obsession d'utiliser à des fins missionnaires christiques le site en question dont ce n'est pas la vocation est agaçante.
Ayez la courtoisie de bien vouloir accepter qu'ici n'est pas le lieu de controverses théologiques et que nous ne partageons en aucune façon ni votre point de vue ni votre sensibilité exacerbée sur la personne de l'"homme-dieu" totalement rejetée à juste titre par le peuple juif.

Ingrid Israël-Anderhuber a dit…

À bliahphilippe :
Quand le site en question publie des articles sur des sujets d’ordre «théologique», quoi d’étonnant que ces derniers donnent lieu, de la part des lecteurs, à des commentaires du même ordre, c’est-à-dire «théologiques», a fortiori des «controverses théologiques» ?

En outre, quand il y a «controverse théologique», faut-il voir systématiquement dans la contribution de la personne soi-disant à l’origine de la controverse une volonté de faire du prosélytisme, ce que vous appelez ici «des fins missionnaires christiques» ?

Biahphilippe, je vous fais remarquer que je ne fais que REAGIR à des articles de cet ordre. Et si je réagis à ce genre d’articles, c’est parce que des articles sur ce sujet sont publiés de temps en temps non seulement par l’auteur même du site en question, Jacques (dernier article : Dévotion et inconscience chez les orthodoxes de Breslev), mais encore par des contributeurs du site comme par exemple Francis M. (auteur de cet article et en plus de celui de ce jour, 19.09.22), etc.

Pour ma part, le sujet m’intéresse tout particulièrement, par conséquent tant que l’on m’acceptera sur le site, eh bien, je lirai les articles qui m’intéressent, et j’y réagirai aussi quand, bien sûr, j’aurai quelque chose à dire - je trouve que les articles sur ce site sont très bien documentés et font montre d'une recherche très approfondie de la part de leurs auteurs -. Si on m’interdit le site, je m’en irai tout simplement car je ne cherche absolument ni la guerre ni à abattre qui que ce soit. Je cherche juste à m’informer et, éventuellement, à rétablir la vérité divine quand nécessaire, et ce dans l’intérêt de ceux qui s’intéresseraient aussi à la question…
Que dire de plus ?