ISRAËL ET LIZ TRUSS, PREMIERE MINISTRE
BRITANNIQUE
Par Jacques BENILLOUCHE
Truss a occupé six postes
ministériels sous trois Premiers ministres, dont 11 mois en tant que ministre
des Affaires étrangères. Pourtant, malgré ses années de service public, de
nombreux Britanniques ne la connaissaient vraiment pas autant qu'ils connaissaient Boris
Johnson, ancien maire de Londres et chroniqueur de journal. Certains la
qualifient de métamorphe, un être ayant la capacité de modifier son apparence
physique. Elle a changé ses opinions en fonction du moment. Elle s'était battue
pour que la Grande-Bretagne reste dans l'Union européenne puis a évolué en devenant partisane du Brexit, donnant l’impression d’être une girouette au gré du
vent.
Il ne fait aucun doute qu’elle
est très ambitieuse, impopulaire à Moscou et à Bruxelles. Truss est une alliée
fiable de l'OTAN et une partisane de l'Ukraine, qui n’hésite pas à parler
durement à la Russie et à Vladimir Poutine. Elle a été à la pointe du combat
pour des sanctions contre les oligarques russes dont beaucoup vivent à Londres.
Mais dans sa lancée, elle était allée jusqu’à conseiller aux Britanniques d’aller
se battre en Ukraine. Cela a été mal perçu par le ministre russe des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov.
La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss à Moscou le 10 février 2022 |
Impopulaire à Moscou, Truss n'est
pas non plus très populaire à Bruxelles car elle est perçue comme une
agitatrice, une opportuniste anti-européenne capable de ternir les relations entre
la Grande-Bretagne et les 27 nations de l’UE. En direct à la télévision, elle a
été incapable de qualifier Emmanuel Macron «d’ami ou ennemi», à quoi il
avait répondu : «Si les Français et les Britanniques ne sont pas
capables de dire si nous sommes amis ou ennemis, le terme n'est pas neutre,
nous allons avoir un problème».
Elle n’arrive pas au pouvoir dans
une période facile. Elle hérite d’une crise intérieure du coût de la vie, alimentée par la montée en flèche de l'inflation et des prix de l'énergie. Sur
le plan des affaires étrangères, elle a déjà précisé les pistes qu'elle suivrait. Lors du conflit
avec Gaza en août 2022, elle avait été claire et sans ambiguïté : «Le
Royaume-Uni soutient Israël et son droit à se défendre». Elle a déjà
annoncé qu’elle interdirait le BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) en empêchant
les organismes publics et les fonds de pension de boycotter les investissements
en Israël.
Elle ne cache pas son soutien indéfectible au Premier ministre israélien après avoir annoncé qu’elle avait «nettoyé» le ministère des Affaires étrangères de certains bureaucrates sachant que l'ONU disposait «franchement de forts éléments d'antisémitisme». Elle faisait allusion aux deux résolutions du CDH «affirmant le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et condamnant les colonies israéliennes illégales dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, et les hauteurs occupées du Golan». Le Royaume-Uni avait voté contre.
Sa démarche est allée jusqu’à annoncer qu’elle relocaliserait vers
Jérusalem son ambassade en Israël : «J'ai eu de nombreuses
conversations avec mon bon ami Yair Lapid sur ce sujet. Reconnaissant cela, je
vais examiner une décision pour m'assurer que nous opérons sur les bases les
plus solides en Israël». Son ministère avait déjà engagé des négociations
pour un accord de libre-échange avec Israël.
Sur la question urgente de
l'accord sur le nucléaire iranien, Truss a adopté une position plus dure :
«J'ai été claire sur le fait que les progrès sur le plan d'action global
conjoint n'avancent pas assez vite, et je vous assure que si le JCPOA
s'effondre, toutes les options sont sur la table», position qui fait bien
sûr plaisir à Israël.
Il est certain cependant que si
son attention serait portée sur la situation économique difficile et les
problèmes intérieurs, Truss gèrerait les crises internationales en fonction de
ses propres intérêts et privilégierait la sécurité et la stabilité par rapport
à toute autre question. Dans l’état actuel de ses déclarations, Truss sera un
bon allié d’Israël mais reste à savoir si d’autres facteurs internationaux ou
locaux n’infléchiraient pas sa politique pour la rendre plus pragmatique. Beaucoup
d’autres dirigeants, qui arrivaient au pouvoir, avaient fait preuve de beaucoup
de bonne volonté à l’égard d’Israël mais ils ont été confrontés à la
realpolitik face à leur Parlement et à leur opposition. À suivre...
2 commentaires:
A la différence de la France engluée dans l'idéologie et la bien pensance les Anglais sont pragmatiques et volontaristes. On l'a vu pendant la 2 ième guerre mondiale, puis sous Thatcher et enfin ils ont su montrer du courage pour sortir de l'Euro en vue de retrouver leur souveraineté complète, malgré les menaces à peine voilées qui ont eu cours pendant la campagne électorale.
En France on en est encore à hurler à l'extreme droite contre les partisans de la souveraineté tout en acceptant une continuité "quel qu'en soit le cout" meme lorsque les règles démocratiques sont bafouées par exemple en ce qui concerne le référendum sur Maastricht.
Les Anglais ont su affronter avec succès de nombreuses crises politiques sans parler la langue de bois au peuple. Nul ne sait comment se terminera la dernière crise mondiale qui frappe de plein fouet les européens mais mon instinct de la surmonter le moins honteusement possible m'incline plus pour la Grande Bretagne qui a retrouvé une liberté et un controle actif sur son destin..
Ce n'est que par cet article que j'ai pu prendre connaissance des positions politiques de Madame Truss. Plus Britannique qu'elle, l faudrait remonter a Bevin et meme Churchill.
Une girouette, ce n'est pas tres bon pour nous. Et meme si la Grande-Bretagne se chauffera avec le gaz ecossais, cela ne durera pas une eternite. C'est la ou le Brexit a gagne.
Et ce conflit europeen peut etre une chance pour la Grande-Bretagne, mais elle peut aussi jouer avec les puissances petrolieres et gazieres du Proche et Moyen Orient et je compte sur Hasan Nasrallah pour qu'il demasque cette personne volatile.
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