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mardi 26 juillet 2022

Tourmente au sein des partis historiques israéliens

 

 TOURMENTE AU SEIN DES PARTIS HISTORIQUES ISRAÉLIENS


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Leaders Meretz

        Mapam (Mifleget HaPoalim HaMeuhedet, Parti des travailleurs unis) à idéologie marxiste a longtemps été actif au sein de la politique israélienne jusqu'aux années 1990. Il a toujours milité pour un État judéo-arabe. Il a été le deuxième plus grand parti politique en Israël aux élections de 1949, avec presque 15% des voix, avec une orientation idéologique clairement pro-Union soviétique et même avec une ligne politique stalinienne forte. Il a participé à tous les gouvernements aux côtés de Ben Gourion. Il a connu en son sein Moshé Sneh, ancien chef d’État-major de la Haganah. Sans véritable autonomie politique, son déclin s’est amplifié par suite de la crise des idéologies de gauche dans le pays. En 1992, le Mapam s'était uni au Ratz et au Shinouï pour former le cartel électoral Meretz, représentant le «camp de la paix», favorable à un retrait des territoires palestiniens et hostile à leur colonisation.



Leaders israéliens


Aujourd’hui Meretz est en pleine tourmente tandis que son aile arabe a décidé de le quitter.  Ce fut d’abord le départ de la députée Ghaida Rinawie Zoabi, qui a «perdu confiance dans les dirigeants de la coalition, et refusé de sauver le gouvernement». Elle a été immédiatement suivie par le député arabe Issawi Frej, député depuis 2013 et nommé en juin 2021, ministre de la Coopération régionale, le deuxième ministre musulman de l'histoire d'Israël. Ces départs ont été considérés comme un échec du leader Nitzan Horowitz qui a donc tiré les conclusions en quittant la direction du parti. Dans la foulée, Tamar Zandberg élue députée depuis 2013, ancienne présidente du parti en 2018 et depuis 2021, ministre de la Protection de l'environnement dans le gouvernement Bennett, a décidé de se retirer de la politique. Le parti est exsangue et il est fort probable qu’il disparaitra de la prochaine Knesset. L'ex-général Yaïr Golan, veut prendre la tête de Meretz pour «construire une gauche sioniste fière» sachant que la collaboration avec les Arabes a pris du plomb dans l’aile. La tâche sera très dure dans un pays qui a viré à droite depuis longtemps, voire à l’extrême-droite.

Leader travailliste Merav Michaeli


Le Parti travailliste israélien, de centre gauche, parti sioniste social-démocrate, sous la houlette de David Ben Gourion, a été le parti politique dominant de 1968-1977, jusqu’à l’arrivée du Likoud de Menahem Begin. Aujourd’hui le parti est traumatisé par ses résultats négatifs, lui qui a participé aux grands moments de l’émigration juive en Palestine. Il a fondé l’État et imposé ses normes au pays pour se retrouver aujourd’hui derrière le mini-parti russe d’Avigdor Lieberman. Le parti vivote grâce à ses militants fidèles mais désabusés. Le paradoxe tient au fait que les villes de développement, les plus pauvres d’Israël, ne votent pas pour les travaillistes parce que depuis longtemps les militants travaillistes ont fait partie de l’aristocratie ashkénaze. Begin avait analysé la situation et avait attiré à lui tous les séfarades victimes de l’omniprésence des gens de l’Est.

Comme souvent dans le monde, les partis sociaux-démocrates souffrent alors que la politique libérale inspirée par Netanyahou depuis des dizaines d’années impose un capitalisme draconien copié sur les Américains. Le paradoxe est que les sentiments anti-arabes priment au point que les plus défavorisés votent pour une droite dure qui impose sa politique anti-sociale, axée sur le règne des monopoles. Par ailleurs c’était une revanche pour ceux qui n'ont pas pardonné aux travaillistes d’avoir transformé les séfarades d’Afrique du Nord en citoyens de deuxième classe. Mais le parti travailliste est en soins intensifs et on ne voit pas comment il pourra éviter le coma profond. La social-démocratie a perdu ses petites gens, souvent au profit des religieux orthodoxes. Depuis 2019, le parti travailliste émarge à 6 ou 7 députés, juste de quoi servir de strapontin à une éventuelle coalition du centre.

Ayelet Shaked


Le parti nationaliste de droite Yamina est en déroute après avoir oscillé entre la formation nationaliste et sioniste religieuse Le Foyer juif et le Likoud. Sa position ambiguë à la suite de sa participation à la dernière coalition a rendu Yamina suspect. Les députés ont quitté le parti les uns   après les autres, Amichai Chikli, Idit Salman et Uri Orbach ont rejoint d’autres cieux plus conformes à leurs convictions. Matan Kahana qui refuse d’intégrer un gouvernement dirigé par Netanyahou, a décidé d’entrer au parti d’Avigdor Lieberman. Yamina est donc devenu l’ombre de lui-même. Ayelet Shaked se retrouve général sans troupes. Sa stratégie n’a pas été payante, voulant à la fois ménager Benjamin Netanyahou et se distinguer du Likoud. Elle est haïe par la majorité des militants du Likoud qui n’ont pas supporté ses allers et retours opportunistes. Elle voulait être la nouvelle Golda Meir mais elle avait les dents trop longues et surtout, contrairement à elle, elle voulait utiliser son joli minois à des fins politiques. Son va et vient entre partis a dérouté plus d’un militant qui ne comprenait plus sa stratégie. Elle risque de ne pas passer le seuil électoral.

Guilad Erdan


Enfin au Likoud Netanyahou tient toujours, bien que la grogne s’amplifie. Voyant que le chemin est obstrué, des poids lourds historiques préfèrent se mettre en retrait. Guilad Erdan, longtemps considéré comme le successeur putatif, préfère garder son poste à l’ONU plutôt que d’espérer un ministère hypothétique. Youval Steinitz, un fidèle parmi les fidèles, député de manière continue depuis 1999, qui a occupé des ministères prestigieux comme le ministère des Finances et le Ministère du renseignement et des affaires stratégiques, estime que le leadership de Netanyahou mène à un blocage qui ne permet pas à la Droite de se regrouper pour arriver au pouvoir alors qu’elle est majoritaire dans le pays. Il est encore jeune, 64 ans, et il a un grand avenir devant lui mais il préfère ne pas se présenter à ces élections en attendant des jours meilleurs pour lui. Il trouve anormal que certains dirigeants ne songent qu’à leurs intérêts personnels plutôt qu'à ceux du pays.

 

 

2 commentaires:

Georges Kabi a dit…

Celui qui a inaugure les interets personnels aux problemes politiques fut un certain...Yithak Rabin. Certes il demissionna, et pas pour quelques milliers de dollars, mais bien des millions. Tous ceux qui le suivit dans cette voie, a lexception, peut-etre, de Shimon Peres sont jusqu'aujourd'hui a la tete de ce pays: Bibi, feu Sharon, l'ex-taulard Olmert, Bibi de nouveau et meme Yair Lapid qui amoncelle les casseroles. Mais n'est-ce pas la situation qui prevaut en Europe et aux USA, en Russie, en Chine, en Amerique du Sud, sans parler de l'Afrique qui n'avait jamais connu autre chose que la gabegie institutionnelle?
L'exemple devait venir de Sion, c'est ce qui et ecrit dans nos Livres, exemple de quoi, exactement?

Yair Biran a dit…

Georges Kabi écrit n'importe quoi, et il ne connaît pas vraiment l'Histoire d'Israël. Yitzhak Rabin n'a jamais amassé des millions, bien au contraire, et ce n'est pour cela qu'il a été assassiné par un fanatique inqualifiable. Shimon Péres est un cas spécial, il avait un frère entrepreneur en bâtiment... Oui, Olmert s'est enrichi, mais venait d'une famille pas spécialement pauvre. Ariel Sharon avait une propriété agricole non négligeable. Bibi vient d'une famille de multi-millionaires - pas son père, mais oncles et cousins. Par-dessus le marché, il a eu le culot de se servir à pleines mains dans les caisses de l'Etat - et il est aujourd'hui plus riche que quand il avait commencé sa carrière de Premier ministre.
A bon entendeur salut !