La
démagogie est l’un des pires fléaux en politique. Elle est l’une des sources du
déclin des nation à long terme et parfois de leurs dérives dans le chaos
sanguinaire ou la tyrannie. Aujourd’hui, la proposition d’interdire le voile et
la Kippa sur la voie publique relève du plus authentique instinct démagogique.
L’objectif est d’agiter les vils instincts de foule en brandissant une mesure
irréaliste, sans même parler de l’obstacle juridique (constitutionnel et conventionnel).
Une
atteinte de plein fouet à l’une des libertés les plus fondamentales, celle
d’aller-et-venir dans les vêtements de son choix dont nul ne sait jusqu’où elle
pourrait conduire.
Quant
à l’idée de prohiber les vêtements supposés exprimer une croyance, quel critère
appliquer, où commence la croyance, où finit-elle ? Après le voile et la kippa,
quelles autres interdictions ?
Qu’est-ce
qui définit et assure la nature religieuse – islamique – du voile ? Tout port
d’un voile serait donc interdit pour les femmes ? Et qu’en serait-il d’une
casquette, ou d’un chapeau, au regard du principe d’égalité ? Et quid des
personnes malades contraintes de porter un voile ?
Comment
faire respecter une telle interdiction ? Mobiliser les 140.000 policiers et 90.000
gendarmes pour harceler les femmes qui portent un voile dans la rue à des fins
religieuses et non religieuses dès lors que la distinction est inconcevable
(sauf à lire dans les consciences) ?
Qui
peut imaginer un instant pouvoir limiter cette interdiction au voile et à la
kippa sans que les signes chrétiens soient à leur tour interdits, en droit ou
en fait ?
Éradiquer
toute expression religieuse dans l’espace publique suppose l’émergence d’une
société de surveillance, de contrôle, de répression, de délation qui aurait
toutes les caractéristiques du totalitarisme – fasciste ou soviétique.
Ce
genre d’interdit provoquerait une violente réaction qui inciterait les femmes,
par millions, musulmanes ou non musulmanes, non concernées par le voile – ainsi
que les hommes, à se mettre à le porter à des fins de contestations d’une
mesure attentatoire aux libertés fondamentales.
Le
voile est un signe et même si par une répression violente et l’instauration
d’un État totalitaire, le nouveau régime parvenait à imposer son éradication,
en aucune manière cette mesure jouant au niveau des apparence, n’impliquerait
une meilleure adhésion aux principes républicains. Elle favoriserait au
contraire la haine et la violence de toute part. Aucune mesure ne pourrait
mieux aggraver la fragmentation et le communautarisme.
La
querelle du voile – l’hystérie autour des sorties scolaires – n’est que le
symptôme de fractures dramatiques qui ravagent la société française comme je
l’ai expliqué dans l’article pour Figaro Vox : crise de l’autorité de l’État,
effondrement économique, explosion de la dette, de la violence et de la
pauvreté, échec de la maîtrise de l’immigration, désastre scolaire, défiance
croissante envers le politique. Faire de la démagogie sur le voile est une
manière de nier cette réalité pour ne pas avoir à relever les véritables défis.
Bien
sûr la démagogie n’a rien de nouveau dans l’histoire. Ce qui est effroyable,
c’est sa banalisation et sa médiatisation à outrance dans l’indifférence plus
ou moins consentantes d’une société.
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