ÉLECTIONS LOCALES : POUVOIRS ET ENJEUX RÉELS
Par Jacques BENILLOUCHE
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Le
30 octobre 2018 auront lieu les élections municipales en Israël avec, comme
partout dans le monde, des enjeux uniquement locaux : logement, transports
et sécurité. L'affiliation à un parti politique national n'est pas le facteur
principal et les questions de politique étrangère ne sont pas primordiales. Seuls
les résultats des deux principales villes peuvent apporter des enseignements
utiles à la compréhension des récentes évolutions de la société israélienne.
Tel-Aviv, capitale économique, est reconnue par la communauté internationale
comme l'actuelle capitale du pays puisqu’elle accueille toutes les ambassades
étrangères. Jérusalem réunifiée, capitale officielle, accueille le
siège de la présidence de l’État, du gouvernement israélien et de la Knesset, l’assemblée
nationale.
Gagnants des élections locales de 2013 |
Lors
des dernières élections municipales israéliennes du 22 octobre 2013, moins de la
moitié des électeurs a voté et très peu de femmes sont entrées dans le bureau
du maire. Bien qu'il y ait eu une course acharnée entre les candidats à la
mairie dans plusieurs localités, la campagne s’est montrée généralement
somnolente. Le taux de participation diminue d’année en année. À Tel-Aviv (411.141
inscrits) seulement 28,7% des électeurs ont voté contre 36,1% à Jérusalem (576.406
inscrits). Certes le taux de participation des villes plus petites était
supérieur à celui des grandes villes. En revanche le taux de participation dans
les localités arabes était supérieur à la moyenne nationale, sauf à Jérusalem-Est
dont les habitants arabes ont décidé de boycotter les élections.
Rachel Azaria |
Toutefois, si les élections ont
été caractérisées par un taux élevé de femmes candidates à la mairie et au
conseil municipal, dans les 191 municipalités seules deux femmes ont été élues
maires. En 2018, la députée du parti Koulanou Rachel Azaria a abandonné la course à la mairie de Jérusalem, tandis que Zippi Brand Frank a rejoint Asaf Zamir qui va tenter de remplacer Ron Huldaï. Il n’y a dorénavant plus une seule femme en lice dans le scrutin municipal des deux plus importantes villes d’Israël. Jérusalem reste ainsi la ville des hommes sous l'influence exclusive des hommes en noir.
Certains nouveaux immigrants
sont rebutés par la méconnaissance de la langue et du système électoral. En
allant voter, les citoyens reçoivent deux enveloppes, l’une pour le choix du
maire et l’autre pour la sélection des conseillers municipaux. Il peut donc
théoriquement arriver, rarement certes, que le maire soit élu face à un Conseil
municipal qui ne soit pas en majorité de sa couleur politique.
La loi qui régit ces élections
locales date du mandat britannique de Palestine, modifiée en 1948 par une ordonnance
sur la loi et l'administration. Cette loi précise les instructions relatives au
travail des municipalités locales à savoir le mode d’élection, les rôles et
pouvoirs des membres du conseil, les sources de revenus, les procédures
d’approbation du budget, les règles de réalisation des objectifs administratifs
et les procédures de convocation de la ville. Cette loi a été maintenue après
la création de l’État d’Israël et bon nombre de ses articles sont toujours
valables, sous le pouvoir suprême du ministre de l’intérieur.
Israël connait trois types
d'autorités locales avec différents statuts municipaux. Le conseil municipal, l’autorité
locale avec statut de ville. Le conseil local, l’autorité locale qui n'est pas
assez grande pour avoir le statut de ville. Le conseil régional, l’autorité
locale de plusieurs agglomérations, généralement rurales. Israël compte 255
autorités locales, 72 conseils municipaux, 128 conseils locaux et 5 conseils
régionaux.
Les conseils des autorités
locales sont élus sur la base de la représentation proportionnelle intégrale. Depuis
1978, les chefs des collectivités locales (maires ou présidents de conseils
locaux / régionaux) sont élus au scrutin direct.
Les autorités locales
fournissent à leurs citoyens des services locaux tels que l’approvisionnement
en eau, les réseaux d’égout, l’élimination des ordures, le pavage et
l’entretien des routes, l’installation et la maintenance des jardins et parcs
publics, les services sociaux et la création d’institutions sportives,
éducatives, culturelles et de santé. Les services d'éducation, de santé, de
protection sociale et de religion sont fournis par le gouvernement central.
Les principales sources de
revenus des autorités locales sont les paiements versés par leurs citoyens sous
forme d’impôts fonciers, d’utilisation de services culturels et récréatifs
éducatifs locaux, de revenus générés par des règlements, de divers péages et de
revenus provenant des actifs de l’autorité. Les autres sources de revenus sont
les fonds transférés du gouvernement central pour fournir aux citoyens des
services nationaux ou en tant que financement général (un accord a conclu que
les autorités locales financeront 25% du coût des services d'éducation et de
protection sociale fournis par elles, tandis que 75% financés par les
ministères de l'éducation et de la protection sociale). Une allocation de solde
est transférée par le ministère de l'Intérieur pour combler les écarts entre
les revenus et les dépenses des autorités locales. Peu d'autorités peuvent se
passer d'une telle subvention. Les principales dépenses des autorités locales
concernent les services locaux et nationaux, les paiements de prêts et les
fonds alloués au développement.
Le gouvernement central
supervise les autorités locales et détient donc beaucoup de poids. Les
ministères des finances et des affaires intérieures contrôlent l’équilibre
budgétaire des autorités locales. Le ministre de l'Intérieur est autorisé à
contrôler leurs actions et à approuver ou rejeter les actions relatives à leur
budget, telles que l'acceptation de prêts, les garanties, la vente de terrains
et le respect d'accords non inscrits au budget. Le ministre peut désigner en
son nom un comptable pour vérifier et approuver les rapports financiers des
autorités locales. Il est également autorisé à recouvrer les créances des
autorités locales et peut dissoudre un conseil et en nommer un autre en son
propre nom. Les relations entre le gouvernement et les autorités locales sont
discutées plus en détail dans des lois supplémentaires, pour permettre aux
ministres de créer des réglementations concernant les services locaux
d'éducation, de protection sociale, de planification et de construction, de
sécurité incendie, de transport et de santé publique.
Depuis la création de l'État
d'Israël, les autorités locales ont connu de nombreuses crises financières qui
ont été à l'origine de luttes entre le gouvernement central et les
gouvernements locaux. Ces luttes se sont traduites par des retards dans le
paiement des salaires des employés, qui ont à leur tour provoqué la faillite
financière de nombreuses autorités. De nombreux comités ont discuté des
problèmes du gouvernement local et certaines recommandations ont été mises en
œuvre. Le plan de relance mis en place par le gouvernement et mis en œuvre
depuis 1997, avec l'accord des autorités locales, a permis à certaines d'entre
elles de retrouver une stabilité financière, principalement par la réduction
des dépenses.
Les attributions d’un maire
prouvent ainsi que de nombreux candidats font des contresens sur leur pouvoir
réel. L’alyah n’est pas dans son domaine d’attribution ; à la rigueur
peut-il offrir quelques emplois municipaux dans le cadre de ses besoins. L’aide
aux olims en difficulté est du ressort exclusif du ministère de l’intégration.
Quant à la distribution des logements, les municipalités israéliennes, contrairement aux mairies françaises, ne
disposent pas de stock de constructions qui peuvent leur permettre, comme en France,
de loger leurs administrés. Il n’est pas dans le pouvoir du maire de renforcer
l’alyah, domaine exclusif de l’Agence juive. Ce serait donc faire de fausses
promesses que de croire qu’un maire peut participer aux centres d’intégration
pour les immigrants.
Les terres appartiennent au
Domaine de l’État et non pas aux mairies et dans une moindre mesure à des
propriétaires privés. Le gouvernement peut distribuer des terres et il peut
allouer des fonds pour des programmes de constructions dans les implantations
mais dans les villes, la municipalité est chargée uniquement de délivrer des
permis de construire. En fait pour
résumer, la vraie politique se décide au sein des partis politiques et de la
Knesset.
Merci à mon amie Elizabeth qui m'a donné l'idée de cet article
Merci à mon amie Elizabeth qui m'a donné l'idée de cet article
1 commentaire:
A souligner en rouge et à apprendre par coeur et au besoin, le coller sur la page des candidats francophones (sic!) et de leurs supporters qui prennent les Olim du bon dieu pour des canards sauvages.
"Les attributions d’un maire prouvent ainsi que de nombreux candidats font des contresens sur leur pouvoir réel. L’alyah n’est pas dans son domaine d’attribution ; à la rigueur peut-il offrir quelques emplois municipaux dans le cadre de ses besoins. L’aide aux olims en difficulté est du ressort exclusif du ministère de l’intégration. Quant à la distribution des logements, les municipalités israéliennes, contrairement aux mairies françaises, ne disposent pas de stock de constructions qui peuvent leur permettre, comme en France, de loger leurs administrés. Il n’est pas dans le pouvoir du maire de renforcer l’alyah, domaine exclusif de l’Agence juive. Ce serait donc faire de fausses promesses que de croire qu’un maire peut participer aux centres d’intégration pour les immigrants."
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