TUNISIE : SPORT, POLITIQUE ET ABSURDITÉ
Par Jacques BENILLOUCHE
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Taekwondo |
On
dit que l’Histoire ne bégaie pas et pourtant les faits se reproduisent
systématiquement quand il s’agit d’Israël et des pays arabes, en l’occurrence,
la Tunisie. Ainsi, les Israéliens ne participeront pas aux championnats du monde
junior de Taekwondo qui se tiendront du 6 au 13 avril 2018 à Hammamet, en Tunisie. Le
tribunal de première instance de Tunis a pris la décision d’obliger le
président de la Fédération tunisienne de taekwondo et président du comité
d’organisation du championnat du monde junior à Hammamet, Ahmed Gaaloul, à
interdire l’accueil et l’hébergement des sportifs israéliens.
Plutôt que d'être répétitif, je reproduis intégralement l’article que j’avais écrit pour l’Information d’Israël
en 1967 qui n’a pris aucune ride et qui prouve que, plusieurs dizaines d’années
plus tard, la haine est encore présente dans ce qui fut mon pays «modéré».
Je
ne suis pas un adepte de sport ; j’avoue même mon ignorance totale dans ce
domaine. Je suis de ceux qui estiment inutile de voir courir 22 bonhommes après
un ballon alors que le problème de leur mésentente serait résolu en offrant un
à chacune des deux équipes. Mais dès l’instant où un match se farde de quelques
grains d’épices politiques, où il conduit à une situation ubuesque, où il est
la cause d’une atteinte au bon sens et à l’honnêteté intellectuelle, alors oui,
ça me concerne.
Je
lisais en effet dans «La Presse de Tunisie» du 14 juin un commentaire
relatif à la Coupe du Monde de football où, paraît-il, les joueurs israéliens
se sont distingués. «Déjà pour se qualifier à Mexico, Israël a bénéficié de
honteux appuis de la part de la FIFA et c’est un véritable complot qui a écarté
la Corée du Nord au bénéfice d’Israël… En arrivant au Mexique, Israël a
bénéficié de concours des milieux qui n’ont rien à voir avec le football et ont
essayé de favoriser le pays du sionisme par tous les moyens, y compris les plus
illicites et les plus malhonnêtes…. Pour son premier match, Israël a bénéficié
de l’arbitrage de l’Ecossais M. David..son. Pour son second match, c’est
l’Ethiopien Tarekgn qui a officié. Cet arbitre a effectué plusieurs stages en
Israël et, pour son troisième match, c’est le Juif américain Landaver qui a été
désigné. M. Landaver a été remplacé par le Brésilien De Moraes et ce dernier a
été si terrorisé moralement qu’il a refusé deux buts à l’équipe d’Italie…
Jamais vice n’a été poussé à un tel raffinement».
Voilà,
il s’agissait (je précise pour ceux qui en auraient douté), d’un commentaire
sportif faisant appel à un véritable esprit sportif. Bien sûr l’on me
rétorquera que le commentateur du journal gouvernemental confisqué à M. Smadja
fait preuve non pas d’antisémitisme mais d’antisionisme. Bien sûr mes aînés
continueront à atténuer la portée de pareilles bavures en affirmant que les
Juifs d’Afrique du Nord n’ont pas souffert de fours crématoires. Mais jusqu’à
quand un acte pensé sera-t-il dissocié d’un acte commis réellement ? Je
regrette surtout que pareille démonstration abjecte vienne d’un pays qui s’est
efforcé de soigner sa publicité. Je garde encore précieusement l’autographe du
président Bourguiba où «il souhaite que la concorde s’étende et se renforce
entre Juifs et Musulmans».
Mêler
le sport à la politique n’a jamais servi aucune cause, pas même celle des
révolutionnaires. Cela montre au contraire l’embarras et le désarroi de
nombreux jeunes Arabes devant l’échec de la propagande de leurs dirigeants.
S’abaisser à de si basses méthodes dénote leur impuissance à trouver des
arguments politiques pour faire face à une réalité vivante qui les obsède.
Alors ils choisissent le terrain facile de la diffamation pour ne pas dire de
la bêtise. Porter atteinte à la qualité de Juif d’un arbitre pour dénigrer Israël
sert-il la lutte contre «l’impérialisme sioniste» ? J’en doute. Pour
ma part je ne descendrai pas si bas ; je me bornerai à conseiller à ce
journaliste de talent de continuer à commenter ses matches de football plutôt
que d’écrire pareille ânerie même si cela doit lui coûter un échelon dans son
avancement au parti. Cette persistance à voir un «complot sioniste»
partout, même dans le sport, relève presque d’une hantise maladive. La jalousie
des succès d’Israël, dans tous les domaines, ne serait-elle pas à la base de
tant d’acharnement ? Bref, je soupçonne,
comme dirait le Canard Enchaîné, le commentateur sportif de faire partie
du racisme Club de Tunisie.
4 commentaires:
Hélas, rien de nouveau. Tu as vu des échos dans la presse française?
Effectivement, ce papier, datant de plus de 50 ans, demeure d'actualité. Que cesse la mascarade! Quant à la "La Presse de Tunisie": aujourd'hui comme hier, ce quotidien gouvernemental, n'honore ni la presse, ni la Tunisie. Il m'a été donné de le vérifier, de l'intérieur, pas plus loin que l'été 2017.
Cette terre où je suis née, il y a longtemps que je l’ai malheureusement renié.
Je suis persuadée que tous ces pays qui ont fait en sorte de se priver de leurs juifs sont définitivement destinés à la désolation...
Je l’ai compris le jour où j’ai vu de jeunes enfants jouer au ballon sur les tombes de nos êtres chers.... et je me suis dit c’est fini.
Tout à fait d'accord avec toi
Des que j'ai entendu cette nouvelle j'ai téléphoné à des amis tunisiens qui sont au pouvoir en ce moment et eux aussi sont dégoûtés car la décision est une décision de justice suite à une plainte des extrémistes
Je vais m'entretenir avec certains membres du gouvernement lors d'un prochain voyage en Tunisie a ce sujet
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