HAMAS ET HEZBOLLAH DANS LE VISEUR D’ISRAËL
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Herzi Halévy |
Gadi
Eizenkot est pour l’instant pour des mesures modérées sachant que la situation
à Gaza est «explosive». Pour lui, il faudrait mettre davantage
l'accent sur la confrontation avec l’Iran et ne pas se préoccuper à détruire
uniquement Daesh. Le chef d'État-major s’est ainsi montré tiède quant à la
réduction des approvisionnements en électricité de Gaza dont les habitants
disposent de deux heures d’électricité par jour. Il s’était souvent exprimé sur
sa vision de doctrine militaire d’Israël et sur l’utilisation de la force. On
s’attend toujours de sa part à des prises de position musclées parce qu’il
traîne derrière lui une réputation de dur des durs depuis un épisode de la
guerre du Liban de 2006. En effet il n’avait pas hésité, pour des raisons
sécuritaires, à faire raser un quartier de Beyrouth occupé par le Hezbollah. Mais
si ses propos sont toujours aussi tranchants, ses idées exprimées ne manquent
pas de nuance.
Le
gouvernement avait accepté de ne pas alléger le siège de
Gaza et de couper la fourniture d’électricité à la demande du président de l’Autorité
Mahmoud Abbas. Mais au cours de la réunion du Cabinet de Sécurité, le chef d’État-major,
le chef des services du renseignement militaire Herzi Halévy et le coordinateur
des Activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), le général Yoav
Mordechai, ont expliqué que les conditions dans la bande de Gaza s’aggravaient et
ont mis en garde le gouvernement sur le danger d’une interruption de la
fourniture de courant qui pouvait conduire à une «escalade sur le front de
Gaza». Les Israéliens veulent éviter de tomber dans un piège car, s’ils
veulent bien travailler de concert avec Mahmoud Abbas, ils craignent les
conséquences d’une pression forte sur le Hamas.
Il ressort de la réunion que les forces de Tsahal sont préparées à toute
éventualité.
Front al-Nosra |
Le
chef de la direction du renseignement de l'IDF, le général Herzi Halevi, a aussi
souligné le risque du Hezbollah, lors de la conférence de Herzliya. Il a
décrit la milice libanaise comme l'ennemi le plus dangereux d'Israël et précisé
que l'Iran a organisé l'infrastructure du Hezbollah pour lui permettre la
fabrication d'armes sophistiquées. La Syrie reste une source indirecte de
conflit contre Israël. En effet, alors que les troupes de Bachar Al Assad
combattaient au Golan les forces rebelles de Jabhat al-Nosra, soutenues par Al
Qaeda, elles ont défendu leurs positions en tirant des bombes de mortier dont
plus de dix ont touché le territoire israélien, près de Quneitra. Même s’il
était évident qu’il s’agissait d’une erreur, Israël a tenu à riposter en
détruisant un tank et en tuant deux soldats syriens.
Soldat israélien au Golan |
Au
cours du séminaire dans le sud, les grands experts israéliens ont exposé leurs
vues, en particulier sur l’éventuel comportement du Hezbollah au cours de l'année 2017. Ils ont souligné l’énorme évolution de leur armement constitué de 150.000
roquettes et d’une flotte de drones. Pour l’instant 30% des forces du
Hezbollah, les meilleurs éléments, participent aux combats en Syrie et au Yémen
sous les ordres de l’Iran. Cependant le budget militaire est en baisse suite
aux élections en Iran. Mais le président libanais Michel Aoun semble faire
preuve de pragmatisme inhabituel car il craint que les actions du Hezbollah ne
donnent le prétexte à Israël d’attaquer les infrastructures libanaises en cas
de conflit.
Tout dépendra donc du comportement de la milice libanaise qui subit de
graves pertes et qui souffre d’un déficit de recrutement. Mais le Hezbollah est aux ordres de l’Iran qui l’utilise comme moyen de dissuasion contre une
attaque des installations nucléaires iraniennes. Il ne semble pas certain qu’Israël
puisse envisager une attaque préventive contre le Hezbollah alors que toutes
les bases et l’État-major israélien est en plein déménagement vers leur nouveau
quartier général au Néguev. Cependant Tsahal a commencé la construction d’une
clôture blindée défensive à la frontière libanaise pour contrebalancer les opérations
massives de terrassement et de construction du Hezbollah.
Arrow-3 |
Il
ressort de l’analyse des experts que, pour la première fois depuis plusieurs
années, le ministre de la défense Avigdor Lieberman est en totale phase et en
mutuel respect avec le chef d’État-Major Gadi Eizenkot, ce qui tranche avec les
précédents titulaires du poste. Il ressort aussi que l’avenir de la défense d’Israël
est aujourd’hui symbolisé par le système de défense antimissile Arrow-III dont
on sait officiellement peu de chose. Dans une rare déclaration, le PDG d'IAI
(industries aéronautiques israéliennes), le colonel de réserve Yossi Weiss a
déclaré : «Sans entrer dans des détails spécifiques, je vous dirais
que la tâche d'intercepter les missiles ennemis à des altitudes hors de
l'atmosphère terrestre et incroyable La vitesse, à l'aide de Arrow-III, peut
être assimilée à la difficulté de frapper une petite balle de fusil tirée à une
distance de dix mètres pendant qu'il voyage dans l'air. Même aux États-Unis,
ils disent que ces capacités sont à l'avant-garde de la technologie, et nous en
sommes extrêmement fiers».
Le
Hezbollah et le Hamas sont donc informés de l'état de préparation de Tsahal et du danger qu’ils courent s’ils envisageaient
une quelconque attaque d’Israël en 2017.
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