LA DÉMOCRATIE EN DANGER EN ISRAËL
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Amona |
Le
pays, qui se vantait d’être le plus démocratique du Moyen-Orient, est en train
de virer parce que le parti principal de droite, le Likoud, bascule dans l’anti
libéralisme et dans l’autoritarisme jusqu’à bafouer les lois. Le parti de
Menahem Begin perd son âme parce qu’un responsable a décidé d’exclure,
temporairement certes, son fils de ses rangs. De formation juriste, Begin doit
se retourner dans sa tombe lui qui, malgré ses positions nationalistes, a
toujours respecté la démocratie en vigueur dans son pays.
Le
chef de la coalition et député du Likoud, David Bitan, a voulu faire preuve
d’autorité en maintenant la discipline au sein de sa majorité mais il ne
connaît pas la manière et se comporte comme un bulldozer pour mettre au pas les
éventuels récalcitrants. Il se croit en terrain conquis au Likoud et manie plus
le bâton que la carotte. Mais le nouveau venu à la tête des instances du parti
se permet des libertés avec les militants historiques. Parce que Benny Begin
avait voté contre le projet de loi de «régularisation» qui imposait des
décisions rétroactives appliquées aux implantations
édifiées sur des terres privées palestiniennes, il a été exclu pour une durée
de trois semaines de la commission des lois de la Knesset. Il s'était placé sur un plan purement juridique.
David Bitan |
Ce projet bafouait ouvertement la primauté du
droit ce qui, pour le fils du fondateur du Likoud, n’était pas
acceptable ; il condamnait par ailleurs le virage à l’extrême-droite de
son parti. Il a effectivement été le seul député du parti à voter contre le
projet qui consistait en fait à reconnaître à postériori l’existence des
avant-postes non autorisés par le gouvernement. L’interdiction des lois
rétroactives est la base du fondement du droit international et par
conséquent de la démocratie. En acceptant ces dérives, le Likoud a montré qu’il
avait perdu les fondements du libéralisme originel.
Dan Meridor |
Le
plus dramatique est l’absence de courage de ses collègues députés qui tiennent
à aller à la soupe. Aucun ne s’est porté solidaire à ses côtés, au moins au
titre de sa qualification de membre symbole du Likoud. Dan Meridor,
ancien ministre de la justice, figure charismatique du Likoud et militant modéré,
s’est élevé contre cette sanction : «Où en sommes - nous? Lorsque Benny Begin, qui
représente le Likoud historique, est puni pour cela ? Ils légifèrent une loi
honteuse. Une loi de vol, qui colore l'ensemble du projet de règlement, et
aucun membre de la Knesset n’a conscience de cette réalité avec lui. Benny
Begin est puni pour n’avoir pas accepté de légiférer des lois injustes. La
honte est pour le gouvernement».
Seul Gil
Shmueli, président du cercle loyaliste Hérout, a pris sa défense : «Le
renvoi de Benny Begin de la commission des lois constitue un croisement de
toutes les lignes rouges dans un parti national, censé être démocratique et
libre. Il s’agit de la suite de la destruction du bon Likoud, classique,
libéral et officiel qui nous manque tant». C’est une condamnation claire et
nette de David Bitan. Mais cette sanction a joué le rôle de réveil pour ceux
des militants qui veulent un parti libéral qui ne soit pas inféodé à
l’extrême-droite ni aux dirigeants des implantations. Ils se rendent compte que
Bitan n’est pas seul dans ses excès et que les ministres Miri Regev et Zeev
Elkin l’appuient, sans compter le soutien discret de Netanyahou. Les militants condamnent
par ailleurs la rhétorique raciste qui sous-entend ces nouvelles prises de
position.
Netanyahou et Benny Begin |
L’opinion
israélienne n’a pas compris l’importance de ce projet de loi de «régularisation».
Elle considère complexe cette loi de circonstance qui a pour unique but
d’empêcher l’évacuation de l’avant-poste d’Amona. La Cour Suprême a déjà statué
sur son inégalité mais les députés ont cherché un moyen de contourner la loi
pour permettre de saisir des propriétés appartenant à des Palestiniens. Il ne
s’agit pas d’une question de droite ou de gauche, mais du fondement même de la
justice, l’un des piliers d’un État démocratique.
Le
procureur de l’État, nommé par Benjamin Netanyahou, a jugé la loi illégale et
il a précisé qu’il ne la défendrait pas face à la Cour suprême. Le conseiller
juridique de la Knesset, Eyal Yinon, est dans le même état d’esprit et a mis en
garde le gouvernement contre l’éventuel inculpation de responsables israéliens
devant la Cour Pénale internationale.
Cette
attitude vis-à-vis de Benny Begin est d’autant plus surprenante que c’est un
fidèle de l’idéologie du Grand Israël ; mais, en bon juriste, il tient au
respect des lois de l’État et à la nécessité de couvrir toutes les décisions
gouvernementales sur des bases juridiques légales : «Il n’est pas sain
de voter une loi puis d’attendre que la Cour suprême l’annule afin de qualifier
les juges de gauchistes. Ce que nous avons ici est un très mauvais
projet de loi pour l'État d'Israël». En fait le Likoud veut afficher par cette loi
son soutien aux responsables des implantations en portant la responsabilité de
sa non-application sur les juristes. L’image du gouvernement reste ainsi
intacte auprès des nationalistes qui ne pourront pas l’accuser d’avoir été
abandonnés.
Uri Ariel |
Il
est certain que Begin paiera sa «rébellion» en n’étant pas désigné dans
la liste des prochains candidats à l’élection législative. Dan Meridor et
Michael Eitan avaient payé avant lui, en 2012, leur opposition à la
reconnaissance de l’avant-poste de Migron.
Netanyahou fait ainsi le vide d’éventuels concurrents à la direction du
parti. C’est de bonne guerre. Le drame est que la majorité des électeurs du
Likoud sont des gens honnêtes et modérés et qu’ils sont abusés par les groupes
extrémistes qui contrôlent toutes les institutions du parti pour bloquer
l’ascension éventuelle de gêneurs ou de rebelles. Le drame encore est
l’indiscipline de ministres face à la décision de la Cour Suprême. Pour Uri Ariel :
«Je me joindrais à la résistance contre l’évacuation d’Amona». Venant
d’un député et ministre, il est clair qu’il ne montre pas l’exemple et que la
démocratie en Israël est en danger.
1 commentaire:
Netanyahu , qui n'a d'autre objectif que de garder son fauteuil , sera aux yeux de l'histoire ,celui qui a détruit l'état des Juifs . d'ores et déjà les Arabes sont aussi nombreux que les juifs entre Jourdain et Méditerranée . Donc sans partage c'est la fin de l'état des juifs à très courte échéance !
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