LES JUIFS DE DONALD TRUMP
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Certains se posent la question de l’intérêt de cet article. Il n’est pas question de prendre position sur une élection qui ne concerne que les Américains. Il ne s’agit pas non plus de vanter la «puissance» des Juifs américains. Mais nous devions mettre les choses au clair et réparer les idioties qui ont été publiées, souvent de la part des Démocrates, pour nuire au candidat Trump.
Il est de notre responsabilité journalistique de rétablir les faits.
1/ Trump n’est pas et ne peut pas être antisémite
2/ Trump n’est pas et ne peut pas être anti-israélien.
1/ Trump n’est pas et ne peut pas être antisémite
2/ Trump n’est pas et ne peut pas être anti-israélien.
Il faut donc le juger sur son programme et sur tous les autres aspects de sa personnalité, certes discutables pour ne pas dire farfelus. Nous sommes aussi conscients de la volatilité des engagements des hommes politiques, même juifs, qui une fois élus oublient leurs promesses.
Cependant on ne peut pas toujours désespérer des hommes et ce n'est pas cet article qui changera la face du monde.
Historiquement les
électeurs juifs américains sont en majorité de sensibilité démocrate. Les candidats républicains avaient beaucoup de mal à être soutenus par
la communauté juive. Les statistiques, lors de la candidature de Mitt Romney en 2012,
situent à 30% le pourcentage de votants juifs pour les Républicains. Il n’y a
pas d’exception pour Donald Trump qui pourtant dispose, par rapport aux
précédents candidats, d’un jugement favorable car il compte
des amis parmi les Juifs américains et surtout aussi parmi sa propre famille faisant
de lui le seul candidat ayant eu des liens directs avec les
Juifs.
David Duke |
Mais la communauté juive a réagi aux propos violents de Trump parce qu'elle partage
les mêmes problèmes que toutes les minorités. Elle s’estime sensible aux prises de position radicales à l’égard des musulmans et
des réfugiés syriens. La volonté d’interdire l’entrée des musulmans aux États-Unis
lui rappelle amèrement le rejet de l’immigration juive durant les années
sombres de la Shoah. Trump de son côté a montré
beaucoup d’hésitation à rejeter le soutien qu’il avait reçu du grand leader du
Ku Klux Klan, David Duke, promoteur de théories racistes et militant de la «suprématie blanche» et d'un «nationalisme blanc». Duke estimait qu'il ferait un bon vice-président avant que Trump ne lui enlève tout espoir de figurer dans son équipe de campagne. Le slogan de Trump «l’Amérique d’abord» a par ailleurs été perçu comme une connotation antisémite. Il a payé au départ de sa campagne sa volonté à attirer à lui tous ceux qui militent pour la suprématie
blanche.
Mais les temps ont changé. Donald Trump se trouve à présent lié avec la religion juive car sa fille Ivanka s’est convertie au judaïsme
orthodoxe en 2009. S’il est élu, il sera ainsi le premier président des États-Unis
à être le père et le grand-père de Juifs pratiquants.
Il compte dans son
entourage de nombreux Juifs ce qui n’était pas le cas pour les précédents
candidats républicains. Son gendre, Jared Kushner, juif orthodoxe est l’un de
ses principaux conseillers. Le directeur financier de son organisation ainsi
que son principal conseiller sont juifs pratiquants. Enfin on peut citer son
principal donateur, le magnat de Las Vegas Sheldon Adelson.
Ainsi
le monde juif n’est plus une inconnue pour Donald Trump. Il a même réussi à
débaucher des soutiens et des donateurs parmi les démocrates. Il est vrai que de nombreux
Juifs ont travaillé avec lui depuis longtemps et certains nouveaux ont été
attirés par son idéologie politique.
Les Juifs de Trump constituent trois
cercles distincts : les loyalistes de son organisation, le monde politique
et la famille qui est celle qui a le plus d’influence sur le candidat. Les
relations de Trump avec le monde juif ne sont pas nouvelles. Dans son monde des
affaires, elles étaient nombreuses mais certains sont restés à l'écart de la politique en raison de ses excès de langage, de sa bouffonnerie et de ses sorties politiques qui
l’ont rendu suspect d’antisémitisme.
Mais ce n'est pas un hasard si les deux
responsables de la campagne de Trump sont des juifs orthodoxes et s'il compte à présent parmi son entourage politique de nombreux Juifs.
JASON DOV GREENBLATT
Jason Dov Greenblatt travaille pour le groupe Trump en
tant qu’avocat spécialiste de l’immobilier et a rejoint l’équipe électorale en
tant que conseiller juridique et conseiller pour les affaires juives et
israéliennes. Il sert de liaison avec la communauté juive. Greenblatt, 49
ans, a un CV inhabituel pour un conseiller présidentiel pour les affaires du
Moyen-Orient. Père de six enfants, vivant au New-Jersey, il porte sa kippa au
travail. Il travaille pour Trump depuis 19 ans, traitant exclusivement de
l'immobilier et des questions de société avec le titre de vice-président
exécutif et directeur juridique.
Yeshiva Har Etzion |
Il suit
de manière quotidienne les informations en provenance d’Israël. Comme beaucoup de jeunes Juifs américains avant leur entrée à l’Université, il a été étudiant d'école talmudique dans
les années 1980 à la Yeshiva Har Etzion située dans une implantation de
Cisjordanie, près de Jérusalem. Il a été de ceux qui ont préparé le discours de
Trump à la conférence de l'AIPAC à Washington en Mars, le lobby pro-israélien.
Les positions de Greenblatt sur Israël sont celles de son
patron. Il soutient une solution à deux États, si elle est choisie par les parties
elles-mêmes et non imposée par un organisme extérieur comme les Nations Unies. Il
pense que Trump est un «facilitateur incroyable» capable de relancer les
pourparlers de paix. Pour forcer les Palestiniens à s’asseoir à la table des
négociations, il prône de geler le financement américain de l'Autorité
palestinienne. Il croit que les négociations israélo-palestiniennes peuvent
être traitées de façon similaire aux négociations immobilières, avec
l'argent comme une incitation principale. Ce serait la première incursion
réelle en politique de Greenblatt qui n'a pas voté aux élections primaires, car il n’était
pas enregistré en tant que républicain.
Élevé dans un quartier orthodoxe de Queens, Greenblatt
est un produit des écoles orthodoxes
juives. Il est allé à l'école secondaire de l'Université Yeshiva, à l'Académie
talmudique Marsha Stern, puis à Yeshiva College après une année d'études dans
la Yeshiva de Cisjordanie. Il a obtenu son diplôme en droit de l'Université de New
York.
Greenblatt affirme que Trump a été extrêmement
compréhensif pour ses besoins religieux, le shabbat et les jours de fêtes, affirmant
qu’à l’occasion d’une négociation complexe il avait tout arrêté pour une fête
juive de trois jours. Il se considère très chanceux de pouvoir jouer un rôle historique pour Israël : «Je
suis dans cette position étonnante unique où je pourrais être en mesure d'aider
un pays comme Israël que je l'aime si profondément en étant là où je suis».
Face aux détracteurs de Donald Trump, il avait écrit
dans le Washington Post que «la meilleure réfutation de
l'allégation d'antisémitisme consistant à dire que Trump est quelqu'un qui
encourage, tolère ou flatte le comportement antisémite, est confortée par
son soutien indéfectible pour des causes juives et pour Israël». Il
pense que l’accusation d’antisémitisme provient de récits médiatiques déformés
et provient surtout de la bigoterie anti-juive endémique à la campagne.
DAVID M. FRIEDMAN
Expert en procédures de faillite des entreprises, David M. Friedman du cabinet d'avocats Kasowitz, est chroniqueur
régulier au site d’informations Israël National News (Aroutz-7). Il a
été nommé conseiller de Trump.
Friedman travaille avec Trump depuis 15 ans et ils s’est occupé de régler les faillites
d’entreprises liées au groupe Trump, à Atlantic City. Il conseille Trump pour
les affaires israéliennes. On pense qu’il est le candidat désigné pour occuper le poste d’ambassadeur en Israël en
cas d’élection de Trump. Il a des positions tranchées sur le conflit israélien
sachant qu’il est sceptique sur la solution à deux États. Il est président des
Amis américains de Bet El, une implantation de Cisjordanie située au nord de
Ramallah, qui risque d’être restituée aux Palestiniens en cas d’accord général
de paix.
David et Tammy Friedman à Bet El |
Friedman est propriétaire d’un logement en Israël et a
une approche très précise sur l’avenir des implantations : «Quand Hillary
Clinton et Barack Obama disent que les colonies sont illégales, ce n’est pas
une position neutre». C'est justement lui qui a préconisé à Trump d’adopter
une approche plus «neutre» dans le conflit israélo-palestinien. Mais
pour lui la «neutralité» signifie qu’il faut organiser des discussions
de paix sans imposer des conditions préalables à chacune des parties. Par
ailleurs, il est formel sur BDS qui est pour lui un mouvement antisémite
beaucoup plus formel que l’extrême-droite sur BDS.
MICHAEL D. COHEN
Michael Cohen est conseiller spécial de Trump pour le
groupe et vice-président exécutif. Il n’a pas voté pour lui aux primaires de
New-York car il était inscrit sur les listes démocrates. Cohen est diplômé de
l'Américan University et de l’école de droit Thomas M. Cooley. Il a voté pour
Barack Obama en 2008 mais il prétend avoir été déçu par lui.
Cohen vit à New York
City, est marié et a deux enfants. C’est en quelque sorte une prise de
guerre. Il est considéré comme le «pitbull»
de Trump car il est toujours en première ligne pour défendre son patron : «Si
quelqu'un fait quelque chose que Trump n'aime pas, je fais tout ce qui est
en mon pouvoir pour le résoudre à l'avantage de Trump. Si vous faites
quelque chose de mal, je vais venir à vous, vous attraper par le cou, et
je ne vais pas vous laisser aller jusqu'à ce que je sois fini».
Certains de ses opposants le traitent de «bon gars»
et «d’amateur» mais sans expertise politique pour gérer la candidature
de Trump. Pourtant il n’est pas novice en politique. En 2003 il a brigué un
siège au sénat de New-York, en vain. Il dispose d’une fortune personnelle
importante après avoir beaucoup investi dans le bâtiment et avoir
réalisé de nombreux projets en association avec Trump.
Cohen a grandi
à Long Island. Sa mère était infirmière et son père était un chirurgien qui a
échappé à un camp de concentration nazi avec sa famille durant la Seconde
Guerre mondiale. Il a arrosé de son argent à la fois les Démocrates et les Républicains.
Il est marié et a deux enfants.
Cohen est capable de ruiner la carrière de tous ceux
qui s’en prennent à la vie privée de Trump. Il confirme le lien étroit de
Donald Trump avec le peuple juif qui date déjà du père, Fred Trump, promoteur
immobilier à Brooklyn : «Rien ne me met plus en colère que lorsque des
médias libéraux honteux traitent Trump de raciste. En tant qu’enfant d'un
survivant de la Shoah, le racisme n'a jamais été autorisé dans notre maison et
je ne travaillerai jamais pour quelqu'un qui a ces tendances. Ne peut pas être
raciste quelqu’un qui a assisté à la Bar-Mitsva et la Bat-Mitzvah de mes
enfants. Trump traite toutes les personnes exactement de la même façon sans
distinction de race, de religion, de croyance ou de couleur».
IVANKA TRUMP
Âgée de 34 ans, Ivanka la fille d'Ivana et de Donald
Trump occupe une place importante dans la campagne électorale. Elle a été à
l’origine de l’élimination de l’ancien directeur de campagne Corey Lewandowski.
Elle détient une position élevée à la fois dans la famille, dans l’entreprise
et même dans la campagne.
Elle s’est convertie au judaïsme orthodoxe en 2009
sous la direction de l’influent Rabbi Haskel Lookstein. Selon de nombreux
témoins elle observe les préceptes de la religion avec sérieux en ce qui
concerne le shabbat et la nourriture «Glatt
Kasher». Elle envisage plusieurs projets d'affaires en Israël.
Rabbi Haskel Lookstein avec Ivanka |
JARED KUSHNER
Jared Kushner, 35 ans, a épousé Ivanka Trump en
2006, et est devenu l'un des meilleurs acteurs
de la politique américaine. En tant que l’un des plus proches
conseillers stratégiques de Trump, il gère la campagne et organise des réunions
de haut niveau. C’est lui qui a rédigé le discours de Trump à la réunion de
l’AIPAC.
Kushner est également le propriétaire et éditeur du New York Observer. Kushner a orienté la campagne Trump
dans une direction plus sobre et plus respectable. Il a été impliqué dans
la décision de virer Corey Lewandowski, ancien directeur de campagne de Trump.
CHARLES KUSHNER
Charles Kushner,
né en 1954, est le père de Jared. En tant que grande sommité dans la promotion
immobilière, il représente l’un des plus importants donateurs démocrates du
pays. En 2005, il a été reconnu coupable par un tribunal fédéral de contributions illégales de campagne, évasion fiscale et subornation de témoin.
Cela lui a valu 14 mois de prison. C’est un philanthrope pour les milieux juifs
du Nord-Est et il fut, quinze ans plus tôt, le plus grand donateur de la campagne
sénatoriale d'Hillary Clinton. C’est dire s’il s’agit d’une bonne prise de
guerre pour Trump.
STEVEN MNUCHIN
Stevin Mnuchin est président national de la campagne
de financement de Trump. Ancien de Goldman Sachs, il dirige son propre fonds d’investissement.
Mnuchin a été accusé de se livrer à des relations d'affaires moralement
peu recommandables. Les documents publics attestent que Mnuchin est un ancien donateur
d’Obama et de Clinton. Mais il ne semble pas avoir la même réussite avec
les Républicains car Trump a récolté seulement 3 millions de dollars en mai par
rapport aux 72 millions de Mitt Romney en juin 2012. En raison de ses compétences, certains le verraient bien au Trésor.
Heather et Stevin Mnuchin |
SHELDON ADELSON
Sheldon Adelson, né en 1933 à Boston dans une famille
d’origine juive ukrainienne modeste, le père était chauffeur de taxi, est un
milliardaire américain, promoteur immobilier et propriétaire de plusieurs
casinos. Il a évolué politiquement car il n’a pas soutenu Trump dès le départ; il penchait plutôt pour Marco Rubio. Le 13 mai, il a rejoint la campagne de Trump après
un article dans le Washington Post.
Adelson était présent à la cérémonie
d'investiture de Benjamin Netanyahou au début 2009. Il a créé le quotidien
gratuit Israël Hayom réputé favorable au premier ministre
israélien et devenu le second quotidien le plus lu du pays. Il a rompu avec
l’AIPAC en 2008 sur la question du soutien à la solution à deux États.
Adelson est un
grand philanthrope pour les institutions israéliennes. En 2006, il a donné 25
millions de dollars à l'organisation israélienne Birthright Israel, qui finance
des voyages de Juifs en Israël dans le but de resserrer les liens entre Israël
et la diaspora. En 2007, Adelson donna à nouveau 25 millions de dollars au même
programme. En 2011, il donna 25 millions de dollars pour soutenir le Mémorial
de Yad Vashem à Jérusalem. Enfin, il finance en grande partie l’université
d’Herzliya, Interdisciplinary Center Herzliya (IDC).
IDC Herzliya |
8 commentaires:
Bref, pas de grands intellectuels juifs, ni ce qui pourrait faire la fierté de notre communauté...
Excusez-moi, cher Monsieur Benillouche, de ne pas très bien comprendre où vous voulez en venir avec ce répertoire des Juifs de Donald Trump. Pas plus d'ailleurs, qu'en son temps, je n'avais compris votre autre répertoire : "Les Juifs de François Hollande" ?
Cela va-t-il servir ou desservir le candidat ? La religion ne fait-elle pas partie de la vie privée, et en conséquence doit-elle être invoquée pour peser sur le vote ?
Peut-être saurez-vous me tirer de ma perplexité ?
Chère Marianne,
L’entourage d’un président étranger est important lorsqu’il s’agit de jauger la politique qu’il adoptera vis-à-vis d’Israël. Le boutade est toujours présente chez les Juifs à l’occasion de toute décision ou de toute nomination : «est-ce que c’est bon pour les Juifs?.
Israël a toujours besoin de soutiens face à la multitude de ses ennemis et comme c’est un État juif pour certains ou l’État des Juifs pour d’autres, la religion ici prend une dimension différente.
Cordialement
Cher monsieur Benillouche,
Si je vous ai bien compris, vous avez "jaugé" que Donald Trump, du fait de son entourage juif, appliquerait une politique favorable à Israël, ce qui justifie, selon vous, que les votes des Juifs américains se portent sur lui, à la prochaine élection présidentielle ?
De toutes façons qu'on y soit oû qu'on n'y soit pas, on nous (les juifs) soupçonnera toujours s'organiser le mythique complot juif.
Alors mieux vaut être du côté du manche !! Et je dirai même ouvertement du côté du manche!!
D'une part, pour l'équilibre des choses, j'aurais aimé au moins connaître aussi la liste des Juifs de Clinton.
D'autre part, celle des Catholiques, Protestants, Mormons, Musulmans et Agnostiques de chacun des camps permettrait une appréciation plus judicieuse de l'orientation religieuse de chacun des camps.
Ne se borner qu'à cette compilation semble impliquer qu'il existerait une « entente juive » dont la responsabilité ne manquera d’être invoquée en cas d'échecs ou de problèmes.
Enfin cela ne donne que du grain à moudre aux antisémites.
Et on retrouve dans cet article l'éternel travers du juif qui croit fermement que le monde tourne autour de lui.
Comme dit Monsieur SMIA les antisémites pourront se servir de ces références pour en rajouter.
Gardons un peu d'humilité et espérons que ces conseillers ne nous desserviront pas.
Bernard Meyer
Excellent article qui apporte des informations .Savoir s'il faut également énumérer les juifs des Démocrates et présenter les musulmans, les catholiques etc.. Des deux camps n'offre aucun intérêt ! Tout le monde sait que seuls les juifs intéressent !
NO JEWS NO NEWS !
Bravo à Jack Benillouche .
Enregistrer un commentaire