LES PALESTINIENS DOIVENT D’ABORD NÉGOCIER ENTRE EUX
Par Jacques BENILLOUCHE
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Avant de négocier avec
les Israéliens, les Palestiniens devraient d’abord négocier entre eux car l’union
nationale qu’ils ont scellée dans un accord est illusoire puisque le différend
entre Fatah et Hamas s’est accentué avec la guerre de Gaza. Mahmoud Abbas, sous
son aspect de benêt en politique, a bien manœuvré en proposant de se lier avec
ses adversaires pour les neutraliser. Il a bloqué les sommes réservés à Gaza
aux anciens employés du gouvernement afin d’user de moyen de pression contre le
Hamas.
Réconciliation
illusoire
Khaled Mechaal |
Khaled Mechaal avait constaté la stratégie sournoise suivie par le Fatah puisque le 21 septembre il avait déclaré : «Dès que la guerre de Gaza a pris fin, l'attaque contre le Hamas a commencé. L'objectif est d'inciter à une campagne médiatique hostile. Le Hamas n'a pas de temps à perdre avec des batailles secondaires. Nous avons des priorités, la plus importante est la question relative à la reconstruction de Gaza».
Il avait été en effet informé sur le contenu d'une réunion secrète organisée à Ramallah par le président de l’Autorité avec une trentaine de dirigeants privés. Ils ont révélé que Mahmoud Abbas s'était montré insensible aux conséquences de la guerre de Gaza puisque le Hamas ne remettait pas officiellement ses pouvoirs au gouvernement palestinien de Cisjordanie. Aucune réconciliation ne pouvait donc avoir lieu tant qu’Ismaël Haniyeh continuait à gérer seul Gaza, avec une main de fer.
Haniyeh et Mechaal à Gaza |
Ces révélations ne sont pas nouvelles. Le secrétaire général du Conseil
révolutionnaire du Fatah avait confirmé que la base des négociations du Caire
porterait sur l’extension à Gaza de l’autorité du gouvernement de Mahmoud
Abbas. Il a ainsi justifié le refus de l'Autorité palestinienne de payer les salaires des fonctionnaires à Gaza,
au-delà de décembre 2014, car le Hamas a une manière personnelle d’interpréter
l'accord de réconciliation. Certes, l’organisation islamiste continue à être
financée par l’étranger et se sent loin de l’effondrement économique.
Alternatives
Mahmoud Al-Zahar |
D’ailleurs Mahmoud Al-Zahar, ancien ministre des affaires étrangères et membre de la direction politique du Hamas a
ouvertement confirmé le 18 septembre que le gouvernement de consensus était un
échec et a lancé sa menace : «Si le
gouvernement n'est pas en mesure d'atteindre ses objectifs au cours des six
prochains mois, le Hamas devra trouver des alternatives». Par
ailleurs l'ancien vice-premier ministre de Gaza, Ziad al-Zaza, s’est exprimé à
la télévision le 17 septembre lors d'une
interview télévisée : «Si le
gouvernement ne peut pas remplir son devoir, il doit démissionner et former une
autre équipe. Le gouvernement a renforcé la division palestinienne».
En tout état de cause, les Israéliens portent de faibles espoirs sur les pourparlers
du Caire, qui commencent le 1er octobre, en raison de la mauvaise
volonté du Hamas. Youval Steinitz, ministre des affaires stratégiques, a déclaré : «Je n'ai pas beaucoup d'espoir en ce qui concerne les pourparlers
du Caire. Sans le désarmement du Hamas, il n'y aura pas de véritable solution à
long terme à la situation de Gaza ;
mais le cessez-le-feu
est toujours en vigueur et illimité».
Salah Bardawil |
À Gaza, le porte-parole du Hamas, Salah Bardawil, a déclaré que les
prochaines négociations seront indirectes, et devront répondre à un certain
nombre de points : «nous allons
discuter des questions qui ont été reportées jusqu'à la fin de ce mois, en priorité
les problèmes du port, de l'aéroport ainsi que des prisonniers. Nous allons
aussi discuter du processus de
reconstruction dans la bande de Gaza.»
Accord a minima
Il est cependant fort probable qu’un accord a minima sera obtenu, à
savoir la seule reconduite illimité du cessez-le-feu car le Hamas refuse tout désarmement de ses troupes.
Les Israéliens pourraient à la rigueur accepter que les miliciens gardent les
armes qu’ils détiennent actuellement, sans pour autant recevoir de
l’armement venu de l’extérieur. Le Hamas est formel à ce sujet : «Nous rejetons en bloc le désarmement de la
résistance, et c’est la raison pour laquelle les pourparlers n’ont pas abouti à
plusieurs reprises. L’accord a été conclu après qu’Israël a renoncé à exiger le
retrait de ces armes».
Lors d’une conférence de presse le 28 août, le chef du bureau politique
du Hamas, Khaled Mechaal, avait appuyé cette exigence : «La résistance et ses armes sont sacrées, dans la mesure où il s’agit
d’une icône du peuple, d’un bouclier qui le protège et de sa voie vers la
libération. Nous n’accepterons pas qu’elles soient à l’ordre du jour des
discussions politiques internes, car il n’y a pas de politique sans la
résistance et ses armes.»
Abbas-Zaki |
L’illégitimité du désarmement du Hamas est aussi confirmée par le Fatah. Abbas
Zaki, membre du Comité central du Fatah, a exprimé le point de vue de
l’Autorité le 14 août à l’occasion d’une interview sur la chaîne Al-Mayadeen : «les dirigeants palestiniens sont convenus
du fait qu’accepter le désarmement de la résistance serait une trahison».
Divergences inter-palestiniennes
Mais les divergences entre Palestiniens, sur l’interprétation de l’accord
conclu, sont immenses car selon le texte égyptien, présenté aux parties à propos
des dispositions sur l’ouverture des points de passage et la fin du siège de
Gaza, les demandes palestiniennes ont été fondées sur le principe de la prise
de contrôle de Gaza par l’Autorité palestinienne. Mais le Hamas ne voit aucune
incompatibilité : «S’il est vrai que
les points de passage, les frontières et le territoire de Gaza seront
complètement sous l’administration de l’Autorité palestinienne, cela ne
signifie pas un désarmement de la résistance. Il existe un accord entre les groupes
palestiniens selon lequel l’existence simultanée à Gaza de l’Autorité
palestinienne et des armes de la résistance n’est pas contradictoire.»
Pourtant le quotidien libanais An-Nahar a révélé le 29 août «le
projet américain, soumis aux Nations Unis, de faire de Gaza une zone sans armes
ni personnes armées. La résolution stipule la transformation de la bande de
Gaza en une zone sans armes ni personnes armées, à l’exception des armes de
l’Autorité palestinienne, ainsi que la destruction de tous les tunnels
transfrontaliers avec Israël et l’Égypte».
On assiste donc à un dialogue de sourds qui ne facilitera pas l’émergence
d’un véritable accord entre Israël et les Palestiniens dès lors où les
Palestiniens eux-mêmes ne sont pas sur la même longueur d’onde.
Dernière mise à jour du 25 septembre à 18 heures 32:
Les Palestiniens au Caire |
Les factions palestiniennes rivales du Hamas et le Fatah sont parvenues à un accord jeudi 25 septembre par lequel le gouvernement d'union nationale dirigé par le président Mahmoud Abbas prendrait le "contrôle immédiat" de la bande de Gaza. L'information
a été confirmée par Azzam Al-Ahmad, le chef de la délégation du Fatah et Moussa
Abou Marzouk, un haut responsable du Hamas au Caire.
L'accord
prévoit que 3.000 membres des forces de sécurité, employés par l'Autorité
palestinienne, seront fusionnés dans les services de sécurité de Gaza et
chargés de contrôler les passages frontaliers du territoire. L'inconnue reste cependant la réalité de l'application de cet accord car le passé a démontré que le Hamas s'oppose à la perte de son pouvoir à Gaza.
1 commentaire:
IL est probable que de paix ,ces êtres ne sont ni prêts, ni doués,et que dire d'une région ascétique où ne coule que sang et pleurs.
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