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dimanche 31 août 2014

DROITE-GAUCHE EN ISRAËL : CONCEPT SÉCURITAIRE PÉRIMÉ


DROITE-GAUCHE EN ISRAËL : CONCEPT SÉCURITAIRE PÉRIMÉ

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
            
          

          Sur les questions sécuritaires, il est illusoire de maintenir en Israël la classification politique de gauche-droite car, à quelques différences minimes, la stratégie est la même et l'idéologie politique ne peut perturber le consensus de partis qui défendent avant tout l’intégrité d’Israël. Durant cette dernière guerre de Gaza, aucune critique de la gauche n’est venue ternir le soutien total à l’armée qui obéissait au pouvoir politique. On a même vu des personnalités de gauche se comporter en tenants d’un activisme que certains qualifieraient d’extrême-droite.




Différences idéologiques

Itzhak Herzog

            Certes il existe une différence idéologique entre la droite et la gauche sur les questions économiques et sociales mais tous les partis se sont retrouvés unis contre le Hamas dans l’opération «bordure protectrice». L’existence d’Israël ne se monnaye pas et ne souffre d’aucune exception. Benjamin Netanyahou aurait d’ailleurs pu, durant cette période de guerre anormalement longue, constituer un gouvernement d’union nationale tant les politiques avaient confié à Tsahal leur confiance totale pour mener le combat. Sa cote de popularité atteignait d’ailleurs 82% le 23 juillet, au début de l'offensive terrestre dans l'enclave palestinienne. On a même pu constater, à certains égards, une plus grande modération parmi les gens de droite que parmi ceux de gauche qui voulaient en découdre.
Aide humanitaire du Qatar

Le sentiment d'une menace existentielle a été renforcé après la découverte d'un réseau dense de tunnels creusés par le Hamas pour perpétrer des attaques en Israël. C’est ainsi que même le chef de l'opposition, le travailliste Itzhak Herzog, s'est félicité tout haut du lancement de l'offensive et n’a pas ménagé ses éloges à une armée israélienne engagée sur un front difficile. 
Il n’a émis aucune critique à l’encontre du pouvoir politique : «Les décisions qui ont été prises jusqu’à présent étaient responsables et ciblées. Il y a un consensus national en Israël quant à la justification de cette opération pour plusieurs raisons. Premièrement, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a agi avec retenue, cherchant à éviter l’incendie. Deuxièmement, Israël a accepté et mis en œuvre plusieurs trêves humanitaires, qui ont toutes ont été rejetées ou violées par le Hamas. La troisième raison du soutien général pour la campagne militaire israélienne est la découverte de dizaines de tunnels d’attaque. Cela peut sembler absurde mais psychologiquement, de nombreux Israéliens vivant dans le sud du pays s’étaient résignés à vivre avec les tirs de roquettes constants de Gaza. Mais maintenant qu’ils ont appris qu’une plus grande menace existait sous leurs villes, de nombreux résidents du Sud, même de gauche, donnent leur appui à la campagne»

Une gauche activiste

Itzhak Herzog a par ailleurs exprimé une attitude que certains qualifieraient d’extrême-droite : «Si j’avais été premier ministre, j’aurais porté un coup plus dur au Hamas, et ensuite j’irais à Ramallah, frapperais à la porte de la Muqata, entrerais dans le bureau de Mahmoud Abbas, et commencerais à négocier la paix avec lui». Pour se distinguer à gauche, il a seulement reproché au pouvoir politique de n’avoir pas saisi l’opportunité de cette guerre pour s’allier avec des pays arabes modérés. Il faisait bien sûr allusion à la Jordanie et l’Arabie saoudite sachant que le soutien de l’Égypte était déjà acquis.
Haim Oron

Le parti d’extrême-gauche Meretz a lui-aussi prouvé son attitude sioniste en appuyant l’opération militaire. Haïm Oron,  l'un de ses leaders charismatiques, interrogé par le quotidien Haaretz le 14 août, n’a trouvé aucune critique à adresser au gouvernement et s’est même vanté d’avoir son fils général de brigade et ses petits-enfants au front de Gaza. Il en a profité pour fustiger ceux qui à l’extrême-gauche refusaient de faire leur service militaire pour des soi-disant causes morales. Il a rappelé que la «gauche israélienne n'a pas besoin de prouver sa loyauté envers l'État».    
De nombreuses personnalités cataloguées à gauche ont été jusqu’à reprocher au gouvernement sa mollesse face à des tirs continus de missiles sur le sud du pays. Ils ont condamné son refus d’intensifier le combat contre le Hamas. L’ancien député travailliste et historien, Michaël Bar-Zohar, dans un article au Yediot Aharonot en août a émis ses réserves : «Au lieu de cibler les dirigeants du Hamas, l'armée israélienne est en train de détruire leurs maisons. Il n'est pas étonnant que le Hamas pense qu'il a gagné la guerre de Gaza». Il s'est aussi étonné que le gouvernement accepte des négociations indirectes avec le Hamas. 

Il prônait au contraire l’anéantissement de l’organisation terroriste pour s’assurer que la guerre ne reprendrait pas dans quelques années. Il s’inquiète en effet de la détention par le Hamas de certaines armes non-conventionnelles qui pourraient atteindre le cœur d’Israël. Il ne croit pas à la volonté des Occidentaux et des organisations internationales, le Conseil de sécurité en particulier, de procéder au désarmement du Hamas, qui seul pourrait apporter le calme dans la région.

La presse de gauche


Le quotidien Makor Rishon dont le rédacteur en chef Amnon Seigneur est un  ancien de Shalom Archav, la Paix Maintenant, a publié le 24 août une tribune signée par des militants travaillistes traitant le premier ministre de «lâche» pour avoir longtemps hésité à lancer l’opération terrestre. C'est étonnant de la part de ce journal de gauche. Tous les médias à gauche ont été sur la même longueur d’onde en n’émettant aucune critique sur l’opération de Gaza et ils ont même évité de publier des images d’origine palestinienne sur les morts civils.

Seule ombre à ce tableau le comportement étonnant, certains diront inexcusable, du journaliste Gidéon Levy du journal Haaretz qui a été le seul à tracer un portrait négatif d’Israël dans une série d'articles très critiques contre l'armée, qu’aucun antisioniste palestinien n’aurait désavouée. Dans le pays qu’il défendait, il aurait été depuis longtemps emprisonné pour trahison en temps de guerre et même pendu comme les nombreux malheureux qui ont osé critiquer le régime en place. L’opinion israélienne a été choquée par un journal qui a cherché à faire du buzz pour augmenter sa diffusion en publiant n'importe quoi. Elle a estimé que la liberté de la presse avait des limites lorsque des jeunes militaires de vingt ans subissent les coups des terroristes du Hamas et lorsque 64 de nos élites militaires ont laissé leur vie sur le champ d’honneur.
 Le pays sait s'unir dans les moments difficiles, sans manifester son positionnement politique  et, comme durant les guerres de 1967 et de 1973, l’étiquette de droite ou de gauche est superflue quand le pays subit les frappes de ses ennemis.


1 commentaire:

Pat Quartier a dit…

Une coquille ne se serait-elle pas glissée dans votre titre vu la teneur de l'article?
J'ai failli lire le concept sécuritaire "primé" et non pas "périmé".
L'article fait à juste titre état de facto d'une quasi union nationale dans le cadre de la guerre menée contre le Hamas.
Mais les similitudes semblent superficielles quant au but politique visé par l'opération "sécuritaire".
La gauche -et même l'extrême gauche par la bouche de Zahava Galon-comme vous le relevez se sont affichés plus militaristes que la droite ou plutôt que le centre gauche dirigé par Natanyahou dans un seul but : - finir cette guerre (sans que cela soit dit par la gauche au détriment de nos soldats de terre) pour installer à Gaza Abou Mazen seul reconnu apte selon cette gauche à signer un traité avec Israel.
Or de point de vue, le concept,plus précisément la conception sécuritaire n'est pas périmée.
Natanyahou contrairement à la gauche ne croit pas et ne veut pas d'Abou Mazen, certainement plus dangereux aux yeux de la droite qu'à ceux de la gauche qui poursuit son fantasme naif ou hypocrite "de deux Etats dans la paix" vivant côte à côte avec un Abou Mazen qui comme Arafat, dans le bouillonnement islamiste soit ne peut signer un accord exhaustif, soit acceptera de signer des bribes d'accord pour les violer dès que possible au détriment d'Israel.
Par contre une fois compris par la gauche ce concept cette fois-et sept fois-périmé dun accord avec l'OLP ou le Fatah, on retrouvera gauche et droite réunies par la force des évènements provoqués par l'islamisme à nos frontières un concept sécuritaire primé.
Nécessité oblige de crante de se voir 'sup-primé" de la carte.