ISRAËL ET LE PLAN EUROPÉEN
La chronique de André NAHUM
Judaïques F.M
Apparemment les États-Unis et
l’Union européenne vont proposer sinon imposer aux Israéliens et aux
Palestiniens, par l’intermédiaire de l’infatigable John Kerry, un plan cadre
qui mettrait fin à leur conflit centenaire. Je ne suis pas dans le secret
des Dieux, mais les grandes lignes de ce projet sont à peu près connues ou pour
le moins prévisibles.
Échanges de territoires
En gros, Israël reviendrait aux
lignes de 1967 avec quelques corrections et échanges de territoires. Il
garderait les grands blocs d’implantations et évacuerait les autres. États-Unis
et Europe vont probablement signifier à Netanyahou que telle est leur
volonté, que s’il n’acceptait pas de s’y soumettre il serait confronté à un
boycott de plus en plus efficace et au risque d’une troisième intifada. Comme
on peut l’imaginer, chez les Palestiniens comme chez les Israéliens, il y aura
des gens qui applaudiront des deux mains et d’autres qui y seront farouchement
opposés.
Certains Israéliens comme Yaïr
Lapid pensent que le boycott annoncé affaiblirait d’au moins trente pour cent
le train de vie des Israéliens et compromettrait gravement l’essor formidable
que connait le pays. D’autres au contraire en minimisent les dangers et
assurent que les exportations israéliennes concernent des produits de haute
technologie, dont les clients ne peuvent se passer et que les inconvénients en
seront mineurs.
La position de Benyamin Netanyahou
est loin d’être confortable. S’il accepte d’évacuer des dizaines de milliers
d’habitants des implantations et d’abandonner une partie de Jérusalem, il n’est
pas sûr qu’il trouverait au sein de son gouvernement, comme au sein de la
population, une majorité pour lui permettre de le faire. Mais, aussi
douloureuses soient-elles, ces concessions ne sont pas l’essentiel du problème.
L’essentiel est la question de la confiance qu’il peut accorder à ses
partenaires et leur crédibilité.
Conditions à remplir
Si une majorité d’Israéliens sont
résignés à accepter la création d’un État palestinien, ils ne peuvent
l’admettre que s’il est démilitarisé, au moins pendant une longue période
probatoire, qu’il ne dispose ni de son espace aérien, ni du contrôle
de ses frontières, ce qui diminuerait considérablement son indépendance et il
n’est pas sûr que les Palestiniens l’accepteraient. Mais même si ces conditions
sont remplies, l’imbrication géographique est telle et les distances si courtes
que la crainte demeure que la Judée et la Samarie puissent devenir de nouveaux «Gaza»
et que quelques roquettes tirées par exemple sur des centres vitaux ou sur l’aéroport
Ben Gourion, paralysent le pays.
Le président égyptien Anouar Al
Sadate l’avait dit, le manque de confiance joue un rôle considérable dans les
relations israélo-palestiniennes. Au point où en sont les choses, l’État
palestinien, même admis par une majorité d’Israéliens, ne peut se réaliser
pleinement qu’après un temps plus ou moins long d’observation mutuelle. Le
Moyen-Orient vit actuellement des bouleversements majeurs, des violences
que l’on n’aurait jamais pu imaginer et tout peut y arriver.
Barak Obama et les dirigeants
européens devraient avoir la sagesse de le comprendre et même s’ils ont à cœur
d’en finir avec ce conflit et d’imposer une pax americana, elle ne peut
prendre effet que lorsque la région sera plus stabilisée et après une période
plus ou moins longue d’observation mutuelle et d’apprentissage de la
cohabitation. Lorsqu’Israéliens et Palestiniens seront rassurés sur leur bonne
volonté et leur fiabilité réciproques, tout sera alors possible, mais rien
n’empêche de planter dès maintenant le décor de leur réconciliation.
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