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mercredi 12 avril 2023

Hamas-Hezbollah : une alliance perdant-perdant par Albert NACCACHE

 


HAMAS HEZBOLLAH : UNE ALLIANCE PERDANT-PERDANT


Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE 


     

Lucy Rina and Maia Dee

Tout d’abord n’oublions pas les récentes victimes du terrorisme palestinien.

Evènements

Le mois de Ramadan est propice à la méditation ou aux violences, c’est selon. Cette fois les violences surviennent au moment où les Musulmans sont au milieu du mois de ramadan et juste au moment où les Juifs célèbrent Pessah. Elles se manifestent de diverses façons.

- Attentats contre des civils israéliens

- Interventions de la police israélienne pour déloger des émeutiers palestiniens, dont certains portaient des masques, qui avaient stocké des pierres et des feux d’artifice dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.

- Roquettes tirées depuis le Liban vers le territoire israélien  

- Roquettes tirées depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien  

- Roquettes tirées depuis la Syrie vers Israël

- Ripostes d’Israël

L’alliance islamiste

C’est dans ce contexte explosif que l’on voit se dessiner les contours d’une alliance entre le Hamas et le Hezbollah contre Israël. Ce processus s’est développé après l’élection de Saleh al-Arouri au poste de vice-président du bureau politique du Hamas en octobre 2017. Arouri a tenu à renforcer les liens avec l’Iran et le Hezbollah.

Les dirigeants terroristes

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a reçu le 9 avril 2023 à Beyrouth le leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas en Cisjordanie, Saleh al-Arouri. Les photos accrochées au mur de cette salle de réunion illustrent l'allégeance du Hezbollah à l'Iran et non au Liban. Les trois dirigeants terroristes ont discuté «des derniers développements en Palestine occupée, des événements d'Al-Aqsa et de l'augmentation de l'activité de résistance en Cisjordanie et à Gaza» ainsi que des «développements politiques dans la région». La dernière escalade à la frontière libano-israélienne montre le rôle instigateur du Hezbollah dans les tirs de roquettes et l’intensification de la coopération militaire et sécuritaire entre les deux organisations islamistes. De plus le Liban est devenu un refuge pour les dirigeants du Hamas à la suite du blocus du Qatar en 2017 par les émirats du Golfe. Saleh al-Arouri s’était alors réfugié à Beyrouth. Ziad Nakhaleh, le chef du Jihad islamique palestinien, est aussi basé à Beyrouth. Le Hamas a aussi établi une présence militaire au Liban, dans le camp de Bourj el-Chemali, près de Tyr.

Esmail Ka’ani

Selon la chaîne libanaise Al Mayadeen, proche du Hezbollah, Esmail Ka’ani, commandant des forces Quds de l’unité d’élite des Gardiens de la révolution, et actuellement à Damas, est responsable de l’attaque syrienne. La Syrie joue un jeu dangereux en permettant à des groupes terroristes comme le Hezbollah et le Jihad islamique d’opérer à la frontière israélienne.

L’Iran mène le jeu

       «L'Iran lance une guerre sur plusieurs fronts au Moyen-Orient contre Israël. Une semaine d'attaques contre Israël, y compris des roquettes tirées depuis le Liban, Gaza et la Syrie, représente la manifestation d'une stratégie iranienne pour confronter Israël à de multiples menaces sur différents fronts. Bien que différents groupes puissent être derrière les attaques à Gaza, au Liban et en Syrie, ces groupes sont probablement tous liés à l'Iran. Les groupes impliqués comprennent le Hamas, le Hezbollah, le Jihad islamique palestinien et d'autres groupes qui peuvent porter des noms différents ou nouveaux, mais qui sont des mandataires de Téhéran. L'Iran a longtemps cherché à amener son conflit avec Israël aux frontières d'Israël. Son soutien au Hezbollah et au Hamas a été la clé de cette stratégie au fil des décennies... L'Iran a également soutenu le Jihad islamique palestinien, qui est encore plus un mandataire iranien que le Hamas. Hezbollah : allié clé de l'Iran dans la guerre sur plusieurs fronts. Le Hezbollah est le plus grand des principaux alliés de l'Iran dans la région… Il a déplacé ses forces vers des zones proches du Golan, En 2019, le Hezbollah a même amené des drones dans cette zone pour menacer Israël… Aujourd'hui, l'Iran montre qu'il peut réchauffer n'importe quelle frontière quand il le souhaite en utilisant divers groupes ». [1]

Affiche représentant Nasrallah, Bashar al-Assad et l'ayatollah Ali Khamenei près de la frontière libano-syrienne dans le village d'al-Ain, Liban

      Tous rêvent de détruire Israël, rêvent d’une danse du scalp de «l’entité sioniste» et se frottent déjà les mains. Ainsi à l'occasion de la Journée de la Terre de ce 30 mars dernier, un appel unanime des factions de la résistance souligne que la Palestine historique est une terre  «dont nous ne pouvons pas abandonner un seul grain de sable, et qui appartient aux Palestiniens. L’occupation sioniste disparaîtra inévitablement» [2]

Résistance tous azimuts

Ainsi pour Nasrallah

«Quoi qu’il en soit, ô mes frères et sœurs : aujourd’hui, Israël est accablé et défait, comme on le voit, à un degré sans précédent dans l’histoire de cette entité usurpatrice temporaire. Jamais elle n’a été dans un tel état d’impuissance, de faiblesse… Je ne parle pas d’une faiblesse telle qu’Israël va s’effondrer demain, non, je parle de manière relative et comparative. Jamais Israël n’a été dans un tel état de faiblesse, d’impuissance, de bourbier, de crise, de confusion, de lutte intestine, de désespoir et d’absence de confiance les uns en les autres, d’absence de confiance dans leur avenir que ce qui se passe aujourd’hui au sein de l’entité. Ce n’est pas nous qui disons qu’ils ne parviendront pas à 80 ans, c’est eux-mêmes qui expriment constamment cette crainte ! Et il est possible qu’ils n’atteignent jamais les 80 ans. Avec la grâce de Dieu, ils n’atteindront pas les 80 ans. On parle donc (d’un risque de disparition dans les) quelques années à venir (Israël a bientôt 75 ans). [3]

Et pour Khamenei.

Le guide suprême d’Iran Ali Khamenei a déclaré à des responsables iraniens que le «régime sioniste» s’effondrait plus tôt qu’il ne l’avait escompté, du fait de divisions internes sur la réforme judiciaire très controversée du gouvernement.

Ali Khamenei

En réalité

Ce n’est pas nouveau. Depuis la création de l’État d’Israël, tous ses ennemis rêvent de le détruire. Si «I ’axe de la résistance» se sent pousser des ailes, en cas d’échec il pourra dire adieu à un État palestinien. La crise profonde que traverse le peuple israélien sera surmontée devant l’imminence du danger.  L’unité sera ressoudée. Si l’Iran et le Hezbollah ont marqué des points, les tirs de roquettes ne représentent qu’un danger mineur aujourd’hui et n’ont aucun impact sur la puissance militaire de l’État juif. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, a promis lundi soir de «restaurer la sécurité dans son pays en agissant sur tous les fronts».

Au Liban

Les Libanais en ont assez des guerres dans lesquelles le Hezbollah les entraîne sans leur consentement. Ils voient d’un très mauvais œil l’installation des forces armées du Hamas sur leur sol,  «On s’en tape de la cause palestinienne et de la résistance. On a d’autres soucis à gérer. On a un pays qui s’effondre et un peuple qui souffre». [4]

Sur le plan interne, l’accueil du Hamas par le Hezbollah et sa rhétorique constante d’un front unifié ont ouvert de vieilles blessures. Ils se rappellent l'OLP qui lançait ses opérations contre Israël à partir du Liban et des bombardements israéliens qui s'en suivaient. Les mouvements palestiniens armés au Liban sont les fossoyeurs de la cause palestinienne et les agents de l’Iran dans sa mainmise sur le Liban.



Fin du Liban chrétien  

Le renforcement du Hezbollah au Liban dans le cadre de l’axe chiite mettrait fin à la survie politique des chrétiens du Liban  

Vieilles blessures

Le massacre des Palestiniens par le régime syrien est passé aux oubliettes. En particulier le siège et le bombardement de Yarmouk qui ont fait la une de l’actualité (en 2019, 3.987 palestiniens dont 467 femmes et 200 enfants ont été tués)

Le front syrien  

En Syrie, Israël frappe régulièrement des cibles liées au Hezbollah. Avec des frappes aériennes sur l’ensemble du territoire syrien : au moins 9 frappes depuis le séisme destructeur du 6 février, les 4 dernières ayant visé Damas en 5 jours consécutifs ; la quatrième ayant eu lieu la nuit du 3-4 avril. Les réactions arabes et internationales - dont la Russie- à ces frappes sont quasi inexistantes. D’où l’absence de coûts politiques, militaires ou humains pour Israël. Ces offensives ne mènent pas nécessairement à une déflagration.

Réactions arabes

Le front iranien  

Il faut donc attaquer le mal à sa racine : les hauts dirigeants de l’Iran. Le peuple iranien qui n’en peut plus du joug des mollahs n’en serait que plus soulagé. Le front iranien demeure une zone potentielle d’escalade Ici, nous devons distinguer deux niveaux d’escalade : l’un stratégique visant la destruction du programme nucléaire iranien par des frappes militaires dévastatrices ; l’autre tactique visant son ralentissement dans le cadre de la «guerre de l’ombre» menée contre des cibles iraniennes. Le niveau stratégique semble improbable, sans le feu vert de Washington et son implication directe ou indirecte. Quant au niveau tactique, Israël le pratique depuis des années ; les éliminations, la cyber-guerre, les bombardements aériens et les missiles lancés sur des cibles iraniennes en Syrie, et il est fort probable que ce niveau s’intensifie dans les jours à venir, sans pour autant réussir à exporter sa crise interne et à éteindre ses étincelles. [5]

Et pour toutes ces raisons, l’alliance Hamas Hezbollah ne sera pas Gagnante-Gagnante mais Perdante-Perdante !

 

[1] Seth J. Frantzman Jerusalem Post 9 AVRIL 2023

[2] Rédaction al-Mayadeen -30.03.23

[3] Discours de Nasrallah, le 22 mars 2023 Source : Le Cri des Peuples

[4] Achkar Carlos  le 09 avril 2023 L’Orient-le jour

[5] D’après l’analyse de Oraib al Rantawi Directeur du Centre d’études politiques Al-Quds à Amman 

4 commentaires:

Georges Kabi a dit…

Pour l'instant, l'Iran ou ses intermediaires ont la main haute. Les attaques cyberetiques sur les institutions israeliennes sont quasiment quotidiennes. Tout ce qui est informatise en Israel (soit plus de 90% dde l'Etat) est sous cette menace directe, qui, si elles ne font pas encore des victimes civiles ovu militaires, seront dans peu de temps tres dangereuses.
Ce qui n'empeche pas le Premier Ministre israelien a attaque son opposition, la menacant meme de mettre fin aux manifestations par l'intervention de groupes armees issues du Likoud et de ses partenaires. Ainsi, il fait preuve, encore une fois, de sa faiblesse securitaire et de son reve de briser l'opposition dans le sang.
Bref, je suis moimns optimiste que M.Naccache, sachant qu'une deliquescence de la vie politique d'Israel est un encouragement a la poursuite des attaques violentes et meurtrieres contre ce pays.

Anonyme a dit…

Georges Kabi, tout Israël réfléchit à une «après-crise». Et cette sortie de crise viendra. Par une constitution ? Une Séparation du « Sanhédrin »(je ne veux blesser personne) et de l’État ? Les voisins se rapprochent entre eux. Pas grave. Tsahal est plus que prêt (et le Hezbollah le sait). Les Usa sont fragiles, pas Israël. Et cette crise en Israël va renforcer chaque israélien. Je suis admiratif de l’énergie et de la créativité de ce pays !

Anonyme a dit…

Il serait temps que la crise interne judiciaire soit resolue par les temps qui courent. Cette crise a des repercussions sur le moral des officiers superieurs de Tsahal. D'aure part l'alliance Russie Iran Chine n'est pas de bonne augure. Israël a intérêt à resserrer ses liens avec les USA pltot que compter sur neutralité de Pouyonr dans sa lutte contr l'Iran.

Georges Kabi a dit…

"La crise interne judiciaire" n'aurait pas existe si l'actuel Premier Ministre n'avait pas ete poursuivi en justice. Il suffit donc d'annuler ces proces (!!!) pour clore cette crise.
Une autre voie a ete choisie: inculper les juges! Si bien que d'un diffferend judiciaire, on en est arrive a preparer un changement de regime de la democratie liberale dans une dictature ultra-orthodoxe. Quel sera l'avenir. Nul n'est prophete dans son pays, mais il est certain que cela a deja entraine des degats profonds en Israel qui seront difficiles a reparer.