RELATIONS TENDUES ENTRE ISRAËL ET LES ÉTATS-UNIS
Par Jacques BENILLOUCHE
Les Américains ont relevé cette anomalie et ont
chargé l’ambassadeur Tom Nides de transmettre un message à Netanyahou à ce
sujet. Washington a été critiqué pour son immiscion dans les affaires
intérieures d’Israël. Joe Biden s’est justifié en déclarant : «Nous ne
voulons pas interférer... Nous n'interférons pas. Ils connaissent ma position.
Ils connaissent la position de l'Amérique. Ils connaissent la position juive
américaine. Comme beaucoup de fervents partisans d'Israël, je suis très
inquiet. Et je crains qu'ils ne comprennent cela. Ils ne peuvent pas continuer
dans cette voie. Et j'ai en quelque sorte précisé cela. J’espère que le Premier
ministre agira de manière à essayer de trouver un véritable compromis. Mais
cela reste à voir».
Netanyahou a trouvé cette remarque déplacée : «Israël
est un pays souverain qui prend ses décisions par la volonté de son peuple et
non sur la base des pressions de l'étranger, y compris des meilleurs amis. Je
connais le président Biden depuis plus de 40 ans et j'apprécie son engagement
de longue date envers Israël. L'alliance entre Israël et les États-Unis est
incassable et surmonte toujours les désaccords occasionnels entre nous».
Thomas Nides |
L’ambassadeur Nides a voulu calmer le jeu : «le
Premier ministre israélien sera invité à la Maison Blanche dès que leurs
horaires pourront être coordonnés. Je suis sûr qu'il viendra relativement
bientôt. Je suppose qu'après la Pâque, évidemment aucune date n'a encore été
fixée. Il ne fait aucun doute qu'il viendra rencontrer Biden. Ils se verront
personnellement, j'en suis sûr, très bientôt». Mais la Maison Blanche a
ensuite précisé qu'aucune date pour une telle réunion n'était prévue et
qu'aucune invitation ne devrait être lancée dans un proche avenir.
L’administration
américaine a réagi avec violence. Elle a accusé Netanyahou et son ministre des
Affaires stratégiques, Ron Dermer, «d'avoir fait une grossière erreur de
calcul sur la réaction américaine. Il est hors de question que Jérusalem
veuille être là où elle est aujourd'hui. Comme l'a indiqué le président, ce qui
se passera ensuite dépend de Ron et Bibi. Les politiciens israéliens de droite
peuvent essayer de salir l'administration Biden comme ils le souhaitent, mais
ce n'est pas utile».
Ben-Gvir a déclaré que les États-Unis doivent comprendre «qu'Israël
est un pays indépendant et pas une autre étoile sur le drapeau américain». Par
ailleurs Joe Biden a exprimé de profondes inquiétudes quant à la décision de
Netanyahu de limoger le ministre de la Défense Yoav Galant car il est considéré
comme son interlocuteur privilégié et le plus modéré au sein du gouvernement de
Netanyahu.
Le chef du parti d’Unité nationale, Benny Gantz a
approuvé les Américains : «Biden a envoyé ce soir un signal d'alarme
urgent au gouvernement israélien et a noté que les relations préjudiciables
avec les États-Unis – notre meilleur ami et notre allié le plus important –
sont un attaque stratégique». Gantz a conseillé à Netanyahou «de réintégrer
Galant immédiatement à son poste, de confisquer les responsabilités du ministre
des Finances Bezalel Smotrich sur les implantations juives de Cisjordanie et de
mettre un terme au saccage du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir».
Et c’est dans cette atmosphère tendue que le Consul général d’Israël à New York
et à l’ONU, Asaf Zamir, a choisi de démissionner pour des raisons idéologiques
en raison de son opposition au projet judiciaire : «Je suis
profondément préoccupé par la direction que prend le pays en ce moment».
6 commentaires:
C'est l'histoire de la souris qui prétend dresser le lion !
A quand le retour du réalisme ???
Gantz conseille à Netanyahu d’écarter les sionistes religieux donc de perdre la majorité et de préparer l’arrivée de Gantz au poste de Premier ministre
Bonsoir,
La nation Israélienne ne serait-elle pas en train de "subir" l'âge de l'indépendance ?
Je penche pour le oui; l'âge où papa Amerique et maman Europe ne peuvent plus rien faire et, donc, l'âge où la sensibilité rencontre la raison.
C'est la question que je me pose: Israël ne serait-il pas en train de mûrir, de s'affermir ?
Cordialement,
Israel est un Etat dependant, une espece de republique bananiere. Il veut etre independant? Qu'il renonce sur le champ a l'aide annuelle americaine de 3,8 milliard de dollars! Et qu'il s'engage a rembourser toutes les aides americaines depuis 1948.
Sinon, que ses politiciens se taisent, ou mieux qu'on leur arrache la langue!
Bonsoir,
Georges, je vous trouve bien rude et peu optimiste. Concrètement parlant, ces aides viennent du poids de la diaspora juive ainsi que de certains chrétiens très pratiquants.
Ce n'est pas un choix d'inféodation à la base mais juste une aide. Ceci dit, comme vous, il m'apparait qu'une aide, à terme, induit toujours une obligation... Une aide se transforme en dette.
Je peux me tromper mais je crois qu'Israël a développé les bases de son indépendance technologique et financière (la nation vit par elle mm).
Alors que se passe-t-il ? L'aide étrangère entre en conflit avec les intérêts politiques du dit pays. C'est un point pivot où l'on commence à savoir nager par soi-mm sans bouées :)
Bref, je n'épilogue pas.
PS: je remercie M. Benillouche pour ce blog ainsi que les différents auteurs (j'apprécie particulièrement l'écriture propre, les idées et les anecdotes), enfin je remercie également les personnes qui commentent, c'est plaisant de lire le contraste entre leurs pensées et celle des auteurs.
Contrairement a ce que vous pensez, les aides americaines ont ete votees et approuvees par le Congres americain. Les Juifs americains y sont pour quelque chose, mais leurs dons sont tres loin derriere cette aide gouvernementale americaine.
L'economie israelienne est en grande partie subventionnee par les Americains. Les echanges commerciaux sont favorises au detriment d'autres pays. L'aide americaine prend, en fait, en charge les besoins militaires d'Israel. Ainsi, le fameux Dome de Fer, invention israelienne, a pu etre developpe qu'avec l'aide americaine, et leur fabrication se fait aux USA et sont partie integrante de l'aide annuelle. D'ailleurs, cette aide est a double tranchant: elle soulage le budget israelien tout en supprimant la quasi totalite de l'industrie militaire israelienne. Ainsi les chaussettes, calecons et chemises sont fabriquees en Chine sous commande americaine. Si bien que ces produits ont cesse d'etre fabriques en Israel et cela a contribue a la fermeture des usins textiles locales.
Autre exemple, beaucoup plus grave, est la dependance quasi totale de la high-tech israelienne au marche americain. Et a part Intel (qui menace de fermer ses usines israeliennes si la reforme judiciaire est adoptee) et quelques autres firmes, tout le reste de l'activite depend de la Silicon Valley, Israel ne faisant fonction de sucvcursale, assez insignifiante d'ailleurs.
Les USA sont inquiets, a juste titre, ses "dons", ou "aides" ne sont que des investissements et les investisseurs sont inquiets de voir leur argent partir en fumee dans les colonies illegales baties en Cisjordanie ou dans la formation d'une police politique dependant d'un fou furieux.
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