La malédiction des coalitions israéliennes

 

LA MALÉDICTION DES COALITIONS ISRAÉLIENNES

Par Jacques BENILLOUCHE

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Galant, Netanyahou et Halevi

          La déclaration du ministre de la Défense Yoav Galant a fait l’effet d’une bombe car elle officialise la division au sein du Likoud : «Mais maintenant, je le dis à voix haute, publiquement - pour la sécurité d'Israël, pour le bien de nos fils et filles :  Nous devons arrêter le processus législatif en ce moment - pour permettre au peuple d'Israël de célébrer la Pâque et le Jour de l'Indépendance ensemble et pleurer ensemble le Memorial Day et le jour de l'Holocauste.  Ce sont des jours saints pour nous». Il s’agit d’une déclaration courageuse parce qu'elle s’oppose à la décision de Netanyahou de poursuivre le processus judiciaire et qu’elle remet en question le maintien du ministre à son poste.

Galant n’est pas seul à soutenir la pause dans la réforme législative. Yuli Edelstein, l’ancien président de la Knesset et actuel président de la commission des affaires étrangères et de la défense, a salué ce geste : «Je remercie mon ami, le ministre de la défense Yoav Galant, d'avoir rejoint la voie que je mène depuis des semaines. La majorité des gens veulent comprendre la nécessité de changements dans le système judiciaire, mais cela doit être fait avec patience, dialogue et dialogue large afin de parvenir à un large consensus». Mais ils ne sont pas seuls à prôner cette position politique car pour les frondeurs il faut «empêcher que le fossé de la société israélienne ne s'approfondisse».

Avi Dichter

En attendant, le ministre de l’Agriculture Avi Dichter, sans aucune coordination avec Galant, cherche à convaincre les ministres du Likoud et le Premier ministre de reporter la législation. Tali Gottlieb du Likoud a été sévère dans son commentaire : «Alors, qu'est-ce que ce laxisme et cette reddition ? Probablement que la flatterie et les caresses de la gauche sont plus délicieuses que vous ne pouvez l'imaginer». Le président de la coalition, Ofir Katz, a été aussi dur : «Celui qui ne vote pas pour la réforme cette semaine, a mis fin à sa carrière politique au Likoud». L'entourage du ministre de la Justice Yariv Levin a également réagi aux propos du ministre de la Défense et lui a envoyé une piqûre : «Contrairement au ministre de la Défense, le ministre de la Justice respectera le Premier ministre et attendra une réponse pour son retour en Israël».

Shlomo Karai

Le député Likoud Shlomo Karai a écrit : «Je demande pardon aux électeurs du Likoud pour notre ministre de la Défense qui s'est rendu sous la pression de la gauche. L'État d'Israël se trouve à un carrefour historique entre démocratie et dictature et son ministre de la Défense choisit la dictature et donne le vent à la résistance et au coup d'État militaire. La décision du peuple n'est pas annulée pour se faire chouchouter par les médias et l'élite. Ce n'est pas démocratique. Cela ne doit pas être autorisé !!»

Haim Bibbs, maire de Modi'in Maccabim Reut et soutien de Netanyahou a déclaré : «Je soutiens l'appel du ministre de la Défense Galant à geler la législation et à convoquer immédiatement un processus de véritable dialogue, qui conduira à un large consensus. Maintenir l'unité avec le peuple d'Israël et la sécurité de l'État d'Israël sont les choses les plus importantes à la fois». Le député Likoud David Bitan insiste : «Comme je l'ai dit il y a quelques semaines, la législation devrait être arrêtée et des négociations immédiates devraient être entamées et des accords larges devraient être conclus».

David Bitan

Enfin, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir est formel dans son attaque directe : «J'appelle le Premier ministre à licencier Galant qui est entré au ministère de la Défense avec la voix de la droite mais a succombé à la pression de ceux qui menaçaient de refuser et tentent de mettre un terme à la réforme importante. Il gère aussi dans la pratique une politique de «confinement» et d'absence de réponse à Gaza et dans l'Autorité palestinienne ainsi que dans cette politique. Il tourne le dos aux électeurs de droite qui veulent une pleine droite de gouvernement, que ce soit en termes de réforme juridique ou dans le retour de la sécurité personnelle et de la gouvernance à Israël».

De son côté, l’opposition exulte à l’instar du chef de l’opposition Yaïr Lapid : «Ce soir, le ministre de la Défense Galant mène une étape courageuse et vitale pour la sécurité de l'État d'Israël. Le coup d'État porte gravement atteinte à la sécurité nationale et c'est son rôle et sa responsabilité d'arrêter la dangereuse détérioration. C'est le moment de vérité. J'appelle le gouvernement - Arrêtez tout, ne faites pas passer le changement en commission pour la nomination des juges et la loi Dehry cette semaine, et venez tenir des pourparlers chez le président. Ce soir, je salue les centaines de milliers de défenseurs de la terre, les patriotes israéliens qui sont descendus dans la rue pour lutter pour la démocratie israélienne».

Lapid et Lieberman

Le président du parti Israël Beitenu, le député Avigdor Lieberman : «Je félicite le ministre de la Défense Galant pour son appel à arrêter la législation et j'attends du reste de ses membres du Likoud qu'ils rejoignent et arrêtent la folie. Le temps est venu pour le gouvernement de placer les citoyens d'Israël en tête de liste des priorités et de travailler pour préserver la sécurité, l'économie et l'État d'Israël en tant qu'État juif, sioniste et libéral».

On attend la décision du premier ministre qui doit rentrer de Londres et qui doit tenir compte de la levée de bouclier de quelques pointures historiques du Likoud. La décision sera difficile dans un sens ou dans l’autre mais elle pourrait conduire à des démissions ou des renvois qui officialiseraient la dissension au sein du grand parti Likoud. Avec une majorité de 64 députés, le gouvernement avait un boulevard de quatre années devant lui si de telles turbulences internes ne mettent pas en danger son avenir. En Israël, les coalitions sont frappées d’une véritable malédiction qui leur donne une durée de vie limitée.