DEUX DÉCISIONS COURAGEUSES EN ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
Le commandant de la région nord, Netanyahou et galant |
Le premier ministre a pris une décision sage pour
éviter que le pays ne se déchire plus encore, pour que les fêtes de Pessah se
passent dans le calme et dans la joie des familles. Il a eu beaucoup de courage
car un rétropédalage en politique est toujours considéré comme une défaite. Il
y avait trop de troubles dans le pays, trop d’opposition de certains corps
constitués, trop de dérèglement économique. Même si le gouvernement était dans
son droit de procéder à des réformes, la démocratie implique aussi que l’on
respecte la minorité, l’autre moitié du pays.
Benny Gantz s’est déjà proposé pour ouvrir des négociations dans les
locaux de la Présidence avec des experts qui finiront certainement par trouver
un consensus. Le premier ministre a pris la bonne décision et il faut lui
savoir gré.
Le courage est une qualité rare chez les députés
israéliens très attachés à leurs avantages matériels et à leur espoir de
devenir ministre dans ce qui s’apparente le plus à une armée mexicaine, 38
ministres sur 130 députés. Yoav Galant a pris date dans l’Histoire comme le
premier dirigeant du Likoud à s’opposer frontalement à Netanyahou. Il a certes
perdu son poste prestigieux de ministre de la Défense mais il ne sera pas perdu
pour tout le monde. S’il n’est pas réintégré dans ses fonctions après avoir
fait preuve de rébellion, il deviendra un opposant irréductible et un candidat
soit au leadership du Likoud, soit à la tête d’un nouveau parti libéral
d’opposition. Grand ami de Benny Gantz, il pourrait collaborer avec lui.
Netanyahou a profité de la prise de position de Galant pour attraper la meilleure
chance d'éviter une crise constitutionnelle. Il sait que Galant est un
politicien de la droite forte qui compte beaucoup au parti et qui est unanimement apprécié au sein de Tsahal.
Avi Dichter |
D’autres députés avaient fait acte d’opposition,
Yuli Edelstein, Avi Dichter, et David Bitan mais ils se sont vite dégonflés
sachant qu’ils seront certainement récompensés pour calmer leur ardeur
d’opposition. David Dudi Amsalem n’avait pas pris part aux votes à la Knesset ces
derniers temps car il s’estimait trahi par le premier ministre pour ne pas
avoir été nommé ministre. Il vient d’obtenir un poste de ministre
supplémentaire au ministère de la Justice, ministre de la Coopération régionale
et ministre de Liaison entre le gouvernement et la Knesset. Il va certainement
rentrer dans le rang et retrouver sa place d’aboyeur à la Knesset. Avi Dichter,
qui avait montré un début d’opposition au projet, s’est vite ravisé pour espérer prendre la place libérée par Galant. Les
intérêts personnels priment sur les convictions et pour lui, il n’y a aucune
honte à se soumettre.
Après le licenciement du ministre de la Défense, au
Likoud on avait mesuré le risque d’effondrement de Netanyahou et du parti avec
lui. Mais le premier ministre avait voulu envoyer un message à ceux des
militants qui contesteraient son leadership. Il avait déjà laissé percer sa
décision pendant qu'il était à Londres. Pour ne pas mettre en évidence son
rétropédalage, il a d’ailleurs insisté d’abord sur la nécessité d’accélérer la
législation sur la réforme judiciaire, le temps d’amadouer ses alliés
d’extrême-droite en leur offrant des compensations sonnantes et trébuchantes. Ainsi,
le gouvernement a donné à Itamar ben Gvir la responsabilité de la Garde
nationale israélienne. Il s’agit d’une unité au sein de la police des
frontières, formée sous le mandat du gouvernement précédent, comprenant près de
900 combattants réguliers et des milliers de réservistes. Déployée dans tout le
pays, elle est chargée de lutter contre les attaques terroristes. C’est un
poste qui lui va comme des gants.
La décision de stopper le processus judiciaire
semble avoir été prise à Londres après un voyage mouvementé. À sa sortie du 10
Downing Street, il a été violemment conspué par des Israéliens en nombre aux cris de «boucha (honte)» Il s’est d’abord montré solennel comme
si rien ne pouvait le toucher mais il a baissé la tête devenue soudain alourdie
par les insultes extérieures. Il a compris qu’il était devenu un dirigeant
isolé, plongé dans la tourmente. Il était habitué d’être vénéré à l’étranger
mais les protestations de quelques activistes israéliens l'ont poursuivi
pendant tout le voyage. Pour lui, il s’agissait d’une image triste couverte par
des sifflets et des battements de tambour. La semaine précédente à Berlin, il
avait entendu les mises en garde du chancelier allemand Olaf Scholz contre
toute atteinte aux droits des minorités. Il l’avait exhorté à adopter une
approche consensuelle de la réforme judiciaire.
La déclaration de Bezalel Smotrich à Paris, déniant
l’existence d’un peuple palestinien, a entrainé une crise la Jordanie et une
froideur avec les autres pays arabes. Pire, les États-Unis alliés indéfectibles
d’Israël ont montré leur mauvaise humeur en convoquant l’ambassadeur Mike
Herzog à la Maison Blanche pour protester contre le vote de la Knesset.
D’ailleurs, au lendemain de la décision de Netanyahou, une invitation en bonne
et due forme a été lancée pour qu’il se rende à Washington. Les pressions
internationales étaient trop fortes.
Par ailleurs en tant que bon gestionnaire,
Netanyahou a entendu les experts financiers le mettre en garde contre un
désastre économique. Par ailleurs, il a été convaincu par Yoav Galant qui lui a
expliqué le problèmes des réservistes de Tsahal qui risquaient de faire défaut.
Il a communiqué ses inquiétudes à Netanyahou sur le fait qu'un tel refus
constituait une menace pour la sécurité : «L'État ne peut pas exister
sans l'armée. Vous n'aurez pas d'État. C'est très simple. Toutes les lignes
rouges ont été franchies ici». Il a convaincu le premier ministre d’arrêter
le processus de réforme pendant les pourparlers. Le courage n’est pas de s’entêter
mais de renoncer à ses certitudes pour le bien du pays.
4 commentaires:
Article beaucoup trop optimiste sur BB, il suffit d'observer ce qu'il a fait immédiatement après, déposer le projet de loi pour le faire voter en 24h si sa coalition met un veto à toutes modifications qui lui retirerait son contrôle sur la nomination des juges.on ne nogocie pas de cette façon. BB ment comme à son habitude.
Étonnant cet article qui ne parle pas de la pression faite par le président de la Histadrout en appelant à la grève générale. Quant à la Garde nationale qui était sous le contrôle de la police dans la coalition précédente, Netanyahou sous la menace du chantage, a accepté la demande de Ben Gvir d’en détenir l’exclusivité. Autrement dit une milice comme on en voit dans les régimes totalitaires. Plus près de nous on a un bel exemple: l’Iran avec les Gardiens de la Révolution. C’est contraint et forcé que Netanyahou a plié. Ce n’est pas par courage.
Bibi est machiavélique et il ne fait que rouler tout le monde dans la farine. Pour calmer la situation qui prenait trop d’ampleur à son goût et pour gagner du temps.il ne changera rien à son programme dévastateur.il fera tout pour annuler son procès.dans son dernier discours il a chauffé les extrémistes de son camp pour casser les “gauchistes “on a vu le résultat hier nuit.
Comme quoi, B.N. est un des plus grands illusionnistes de la vie politique. Il parvient même à tromper, apparemment, un vieux routier expert de cet univers.
Il faudrait analyser sa déclaration de ''suspension'', comme un chef d'oeuvre de tromperie, alliant, mensonge assumé, déstabilisation, incitation à violence, évitement de sujets sensibles, fausses justification.....
Courage, oui, mais malheureusement dans le pire du jeu personnel.
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