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dimanche 19 février 2023

Les startups israéliennes risquent de pâtir de la réforme judiciaire

 

LES STARTUPS ISRAÉLIENNES RISQUENT DE PÂTIR DE LA RÉFORME JUDICIAIRE

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           

Des employés d'une entreprise de haute technologie bloquent une route de Tel Aviv

      Des militants politiques manifestent tous les samedis dans plusieurs villes de pays pour contester la décision du gouvernement de refondre le système judiciaire. Mais, et cela est nouveau, ils ont été rejoints dans leurs manifestations par les entreprises de haute technologie. La startup nation bouge alors que le secteur israélien de la haute technologie souffre d'une grave pénurie de main-d'oeuvre depuis de nombreuses années. Fin 2021, la pénurie était estimée à environ 18.000 personnes, contre 11.000 l'année précédente. Par solidarité avec les Israéliens, la Silicone Valley de Californie, a suivi le mouvement.




            Ces manifestations marquent une inquiétude sérieuse après que le géant Papaya Global, la plateforme mondiale de paie approuvée dans plus de 160 pays, a décidé de se retirer d’Israël et de transferrer tous ses fonds à l’étranger car il est inquiet de l’évolution juridique du pays. Papaya s’occupe, entre autres, des paies de Boeing, Société Générale, et Huawei, Le groupe n’a plus confiance dans les décisions juridiques qui pourraient un jour le toucher. La P.D-G, Eynat Guez s’est justifiée : «Les déclarations du Premier ministre Netanyahou, selon lesquelles il est déterminé à adopter des réformes, seraient préjudiciables à la démocratie et à l'économie d'Israël». Automatiquement le shekel a dévissé et l’euro est passé de 3,45 à 3,70 shekels. Cette inquiétude a été communiquée au fonds d’investissement Disruptive Technologies Venture Capital qui lui-aussi, a retiré tous ses fonds d’Israël.

Eynat Guez


            Ces startups sont inquiètes des déviances judiciaires qui pourraient un jour les toucher aussi. Des dirigeants économiques, sans affiliation politique, ont lancé leur propre manifestation pour s’opposer à toute réforme. Le ministre de la Justice, Yariv Levin, persiste dans sa volonté de restreindre les pouvoirs de la Cour Suprême en ne lui permettant pas d'annuler les lois et les décisions du gouvernement, et en instituant une «clause dérogatoire» permettant à une majorité simple de 61 députés de relégiférer ces lois. Il veut aussi modifier la méthode de désignation des juges de la Cour, sans contrôle parlementaire, pour que les députés soient à la fois contrôleurs et contrôlés.

            Pour la première fois dans l’Histoire et dans le monde de la haute technologie, des startups ont bloqué la circulation à Tel Aviv. D’autres sociétés sont entrées dans la contestation. Le cofondateur et P.D-G Shaul Olmert de la société Piggy s’est justifié : «Je suis excité et fier de voir tous nos partenaires dans cette lutte, qui ne veulent pas abandonner leur pays. De nos jours, il est important pour nous tous de sortir de nos zones de confort. Nous ne devons pas éviter d'exprimer nos opinions. Le succès de l'État d'Israël dépend de l'existence d'institutions gouvernementales stables et équilibrées. Si celles-ci sont secouées, la société israélienne pourrait perdre tout».  

La société de cybersécurité Wiz a annoncé lundi qu'elle transférerait son argent d'Israël vers des comptes bancaires dans le monde entier à la lumière de l'intention du gouvernement de réorganiser le système judiciaire. Les lois d'exception inquiètent toujours les financiers.

Shaul Olmert
            
         Cette question de réforme juridique peut avoir des conséquences économiques importantes. La haute technologie a représenté 43% des exportations en 2021 tandis que le personnel de ces startups occupe 10% des emplois du pays et participe à l’économie du pays avec 25% de l’impôt sur le revenu. Le message est fort car ces manifestants, aux différences idéologiques importantes, ne sont pas des militants politiques et ils craignent que la réforme mette en danger l’économie et leur mode de vie en Israël.  Ils y voient une atteinte à leurs libertés individuelles et une discrimination contre les minorités. 

     Pour eux la Cour suprême est le dernier rempart de la liberté. Malgré les mises en garde internationales et la dernière d’Emmanuel Macron, il ne semble pas que le gouvernement veuille renoncer à sa réforme car elle conditionne l’existence de la coalition gouvernementale. Pour Yariv Levin, "il n'y aura pas de gel de la législation même pour une minute". Renoncer à la réforme, ce serait s’engager à nouveau vers de nouvelles élections et vers le désordre parlementaire. Le Likoud, et Netanyahou en particulier, ne peuvent pas perdre le pouvoir même si cela entraine l’effondrement d’une partie de l’économie et surtout la division au sein de la population.


5 commentaires:

Avraham NATAF a dit…

Pour l'homme de la rue, il est difficile de comprendre pourquoi les entreprises qui se sont développées et prospères dans les années Netanyahou sont si hostiles à ce nouveau gouvernement.

Anonyme a dit…

Peut-être parce que l’intelligence futuriste de nos funambules de la croissance (d’Israël et du Monde), au 21e siècle, se heurte à la certitude de ceux, qui, sachant compter jusqu’à 61, pensent garder éternellement le pouvoir… de décider pour tous.

Bibi, il est urgent de faire passer la « Loi française » qui congèlerait le passé et te permettrait d’exprimer ton talent d’homme d’état (qui est grand !), jusqu’au terme du Mandat.

Après ? Sans nul doute, tu resteras dans l’Histoire d’Israël, vu que tu n’as pas fini de nous étonner… et de t’éblouir.
[J. Living.]

Anonyme a dit…

Netanyaou a bien changé depuis ce que vous appelez « les années Netanyaou ». inquiet d’échapper à la prison du fait de ses 3 procès sur le dos, ses intérêt personnels passent avant l’intérêt du pays. Il suffit de regarder tous les projets de loi qui sont sur la table depuis qu’il est revenu au pouvoir : la plupart visent à permettre aux élus (et à leurs équipes) de se placer au dessus de tout contrôle. La prise de contrôle de la cour suprême entraîne de facto Israël vers la dictature car les 3 autorités (exécutif, législatif et judiciaire) seront dans les mains du même homme et de sa coalition). Or l’économie libérale ne fait pas bon ménage avec la dictature.

Georges Kabi a dit…

Un nouveau projet de loi a ete depose a la Knesset: suppression du droit de greve, transformant ainsi les salaries en esclaves. C'est l'un des projets de loi qui inquiete le plus les salaries de la High Tech, et au dela des retraits de fonds, les salaries du High Tech commencent a preparer leurs relocalisations en dehors d'Israel. Mais cela n'a pas l'air d'inquieter les malfrats du present gouvernement. Je crois meme que Bibi est pret a sacrifier l'Etat d'Israel pour ne pas se voir conduit a la prison. La preuve de ce que j'avance a ete les 5 tours d'election, uniquement destines a assurer l'impunite de Bibi. Celui-ci s'inspire de ses amis Erdogan et Poutine.
La "reforme" judiciaire n'a rien d'une reforme, mais bien de la suppression du pouvoir judiciaire que des messianistes et autres gredins quasiment illetres ne savent pas ou ne veulent pas savoir comment la democratie repose sur l'equilibre des 3 pouvoirs, judiciaire, representatif et executif. Sans le fonctionnement de cet equilibre, il n'y a que la dictature ou bien le pouvoir inefficace exerce il y a 2000 ans, pouvoir qui mena a la dislocation et la suppression de l'independance du peuple juif. Dommage!

Harry NUSSBAUM a dit…

Qu'importe à Bibi le secteur de la haute technologie israélien ? La seule chose qui compte pour lui, c'est d'échapper aux poursuites judiciaires dont il est l'objet.
Il est prêt pour ça à démolir la démocratie israélienne et à se mettre à dos tous les amis d'Israël, à commencer par les Etats-Unis.