CIVILS ARMÉS EN
CISJORDANIE : WESTERN EN PERSPECTIVE
Par Jacques BENILLOUCHE
Ben-Gvir est photographié tirant une arme sur des Palestiniens dans le quartier Sheikh Jarrah |
Armes au supermarché |
La décision de Ben Gvir peut mener à des débordements incontrôlés contre les Arabes sans distinction des bons citoyens et des terroristes. L'extrême droite israélienne considère la possession généralisée d'armes à feu comme un moyen d'imposer sa loi aux terroristes. Ben Gvir n'est pas le premier dirigeant israélien à appeler à une politique des armes à feu plus permissive. Gilad Erdan, au cours de son mandat de cinq ans, en tant que ministre de la Sécurité publique, avait également fait pression pour des restrictions plus souples sur les armes à feu.
Mais Ben Gvir, qui est
l’héritier putatif du rabbin extrémiste américain Kahane, semble suivre le même
chemin. Sa stratégie fait écho de manière inquiétante aux messages déployés par
la droite américaine à la suite des fusillades de masse aux États-Unis. En
reflétant cette rhétorique dans le contexte israélien, Ben Gvir signale une
frontière renouvelée dans les efforts d'Israël pour écraser le terrorisme
palestinien.
L'affiche indique Kahane avait raison |
L’armement généralisé des
civils peut conduire à la création de milices incontrôlables dont certaines
d’ailleurs opèrent déjà dans le Néguev. Cette «jeunesse des collines»
veut s’octroyer le droit de rétablir l’ordre parce qu’elle estime que la police
est soit incompétente soit bridée par les autorités. Cela entrainera surtout la
multiplication des gangs mafieux qui s’opposent à la politique de l’État et qui
rançonnent la population. Israël a réussi tant bien que mal à éradiquer la
mafia juive en Israël mais en la laissant prospérer dans les villages arabes.
Il sera alors difficile de distinguer la terreur «raisonnable» du
désordre généralisé. Des civils armés deviendront membres des gangs du crime
qui n’hésiteront pas à violer les droits civils, par des pillages et des
cambriolages, sans compter le trafic d’armes qui deviendra incontrôlé. On
aidera ainsi les groupes terroristes à s'armer sur le marché civil pour devenir des mouvements révolutionnaires.
Des membres de la Haganah fouillent deux Palestiniens à la porte de Tel-Aviv le 20 janvier 1948 |
Les pionniers juifs historiques
étaient certes tous armés mais à l’époque, la structure de Tsahal n’existait
pas. Seule la Haganah a assumé son rôle d’armée régulière disciplinée aux ordres
du pouvoir civil. On ne doit pas permettre à quelques groupes de développer la
guérilla pour se substituer au pouvoir sécuritaire central. L’autodéfense juive
pourrait se transformer en terrorisme israélien. Sous couvert de lutte contre
le terrorisme, certains gangs n’hésiteront pas à lancer des attaques armées
contre les Palestiniens pour se faire justice eux-mêmes.
Les armes pourraient aussi
d’entrer dans les universités avec le risque d’attaques contre les étudiants
arabes qui seront, à tort, tous accusés de terrorisme sans distinction. Il ne
faudrait pas que certains éléments extrémistes se comportent comme l’arme
extralégale de la police en menant des attaques de quartiers contre des civils
désarmés.
On ne peut pas soutenir
l’argument que la police et le Shin Bet n’effectuent pas leur travail. Plus de
3.000 Arabes palestiniens qui étaient armés pour défendre leurs quartiers ont
été arrêtés, des centaines faisant face à des inculpations et à des peines
sévères. Par
ailleurs, il ne faut pas oublier que le gouvernement israélien a organisé une «Garde
nationale» composée de milliers de volontaires armés légalement et formés
dans les unités de combat de l'armée pour soutenir les efforts de la police afin
de protéger les civils israéliens. Ces milices sont officielles et encadrées.
Volontaires français dans Mahal |
La décision de Ben Gvir risque d’être l’occasion de crimes racistes incontrôlés contre les Arabes et d’encourager certains Juifs israéliens à violer les lois. Avec tous les défis auxquels est soumis le gouvernement, il n’est pas temps aujourd’hui de pousser les Palestiniens à une guérilla sanglante grâce à la multiplication des armes et à leur trafic illicite. Alors que les armes vont se développer au sein de la communauté juive, la Knesset vient de proposer un projet de loi pour lutter contre les armes illégales dans le secteur arabe.
3 commentaires:
Jacques, j'acquiesce pleinement au contenu de ton article. Et si la terre d'Israël se transformait en une similitude de Fat West ressuscité?
Un vrai cauchemar, où sont les bonnes âmes du Likoud, Meridor et les autres? Et leurs parlementaires ? Quelques démissions mettraient fin à ce qui semble irréversible.
Les Arabes des Territoires sont plus ou moins armes. Les Arabes d'Israel sont tous armes. Un journaliste leur a demande pourquoi. Et eux de lui repondre, on ne nous fera pas le coup de 1948 de nouveau!!!
Ben Gvir n'y connait rien a la paix civile. Il ne reve que d'exterminer tous les Arabes, Druzes et Bedouins compris. D'ou cette proposition d'armer les civils juifs. Alors, j'annonce ici: "je ne prendrai pas d'armes si on ne l'ordonnnerai pas"!
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