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samedi 25 février 2023

Civils armés en Cisjordanie : western en perspective



CIVILS ARMÉS EN  CISJORDANIE : WESTERN EN PERSPECTIVE


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           

Ben-Gvir est photographié tirant une arme sur des Palestiniens dans le quartier Sheikh Jarrah

          La décision de Ben Gvir d’armer les civils et en particulier ceux de Cisjordanie est une mesure limite et dangereuse. Autant il faut armer les chauffeurs de bus, les responsables sécuritaires dans les implantations et aux abords des écoles, autant la libération totale des armes devient un danger public car elle peut conduire à des excès, voire à des ratonades gratuites. La terreur totale se retrouve toujours au bout du chemin. On revivra les années du western américain où le colt servait soit de dissuasion soit d’argument ultime pour éliminer un gêneur ou un concurrent. Il a même permis l’éradication totale de la communauté indienne. 


Armes au supermarché


La décision de Ben Gvir peut mener à des débordements incontrôlés contre les Arabes sans distinction des bons citoyens et des terroristes. L'extrême droite israélienne considère la possession généralisée d'armes à feu comme un moyen d'imposer sa loi aux terroristes. Ben Gvir n'est pas le premier dirigeant israélien à appeler à une politique des armes à feu plus permissive. Gilad Erdan, au cours de son mandat de cinq ans, en tant que ministre de la Sécurité publique, avait également fait pression pour des restrictions plus souples sur les armes à feu. 

Mais Ben Gvir, qui est l’héritier putatif du rabbin extrémiste américain Kahane, semble suivre le même chemin. Sa stratégie fait écho de manière inquiétante aux messages déployés par la droite américaine à la suite des fusillades de masse aux États-Unis. En reflétant cette rhétorique dans le contexte israélien, Ben Gvir signale une frontière renouvelée dans les efforts d'Israël pour écraser le terrorisme palestinien.

L'affiche indique Kahane avait raison

L’armement généralisé des civils peut conduire à la création de milices incontrôlables dont certaines d’ailleurs opèrent déjà dans le Néguev. Cette «jeunesse des collines» veut s’octroyer le droit de rétablir l’ordre parce qu’elle estime que la police est soit incompétente soit bridée par les autorités. Cela entrainera surtout la multiplication des gangs mafieux qui s’opposent à la politique de l’État et qui rançonnent la population. Israël a réussi tant bien que mal à éradiquer la mafia juive en Israël mais en la laissant prospérer dans les villages arabes. Il sera alors difficile de distinguer la terreur «raisonnable» du désordre généralisé. Des civils armés deviendront membres des gangs du crime qui n’hésiteront pas à violer les droits civils, par des pillages et des cambriolages, sans compter le trafic d’armes qui deviendra incontrôlé. On aidera ainsi les groupes terroristes à s'armer sur le marché civil pour devenir des mouvements révolutionnaires.

Des membres de la Haganah fouillent deux Palestiniens à la porte de Tel-Aviv le 20 janvier 1948


Les pionniers juifs historiques étaient certes tous armés mais à l’époque, la structure de Tsahal n’existait pas. Seule la Haganah a assumé son rôle d’armée régulière disciplinée aux ordres du pouvoir civil. On ne doit pas permettre à quelques groupes de développer la guérilla pour se substituer au pouvoir sécuritaire central. L’autodéfense juive pourrait se transformer en terrorisme israélien. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, certains gangs n’hésiteront pas à lancer des attaques armées contre les Palestiniens pour se faire justice eux-mêmes.

Les armes pourraient aussi d’entrer dans les universités avec le risque d’attaques contre les étudiants arabes qui seront, à tort, tous accusés de terrorisme sans distinction. Il ne faudrait pas que certains éléments extrémistes se comportent comme l’arme extralégale de la police en menant des attaques de quartiers contre des civils désarmés.



On ne peut pas soutenir l’argument que la police et le Shin Bet n’effectuent pas leur travail. Plus de 3.000 Arabes palestiniens qui étaient armés pour défendre leurs quartiers ont été arrêtés, des centaines faisant face à des inculpations et à des peines sévères. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le gouvernement israélien a organisé une «Garde nationale» composée de milliers de volontaires armés légalement et formés dans les unités de combat de l'armée pour soutenir les efforts de la police afin de protéger les civils israéliens. Ces milices sont officielles et encadrées. 

Volontaires français dans Mahal


La décision de Ben Gvir risque d’être l’occasion de crimes racistes incontrôlés contre les Arabes et d’encourager certains Juifs israéliens à violer les lois. Avec tous les défis auxquels est soumis le gouvernement, il n’est pas temps aujourd’hui de pousser les Palestiniens à une guérilla sanglante grâce à la multiplication des armes et à leur trafic illicite. Alors que les armes vont se développer au sein de la communauté juive, la Knesset vient de proposer un projet de loi pour lutter contre les armes illégales dans le secteur arabe.

3 commentaires:

Marc Lev a dit…

Jacques, j'acquiesce pleinement au contenu de ton article. Et si la terre d'Israël se transformait en une similitude de Fat West ressuscité?

Sara GABBAI a dit…

Un vrai cauchemar, où sont les bonnes âmes du Likoud, Meridor et les autres? Et leurs parlementaires ? Quelques démissions mettraient fin à ce qui semble irréversible.

Georges Kabi a dit…

Les Arabes des Territoires sont plus ou moins armes. Les Arabes d'Israel sont tous armes. Un journaliste leur a demande pourquoi. Et eux de lui repondre, on ne nous fera pas le coup de 1948 de nouveau!!!
Ben Gvir n'y connait rien a la paix civile. Il ne reve que d'exterminer tous les Arabes, Druzes et Bedouins compris. D'ou cette proposition d'armer les civils juifs. Alors, j'annonce ici: "je ne prendrai pas d'armes si on ne l'ordonnnerai pas"!