TUNISIE
- L’ISLAM DANS LA CONSTITUTION : TOUT CHANGER POUR QUE RIEN NE CHANGE
Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE
Sadok Belaïd Kais Saied |
Sadok Belaïd, président de l’instance nationale consultative
chargée de l’élaboration de la Constitution, s’est rendu le lundi 21 juin au
Palais de Carthage, pour remettre sa copie. Kaïs Saïed, élu démocratiquement fin 2019, s’est
arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 en limogeant le Premier ministre
et en suspendant le Parlement contrôlé par les islamistes, avant de le
dissoudre en mars dernier. Dans une feuille de route censée sortir le pays de
la crise, M. Saïed a annoncé un référendum sur une nouvelle Constitution le 25
juillet 2022, avant des législatives le 17 décembre.
Kais et Sadok |
Les commentateurs en France - sans avoir lu le texte - ont voulu
voir dans le projet de réforme de la constitution tunisienne une volonté de
tourner le dos à toute référence à l’islam. Par exemple Courrier
international du jeudi 9 juin 2022, «Réforme. Dans la nouvelle
Constitution tunisienne, l’islam ne sera plus religion d’État». Qu’en
est-il réellement ?
«Religion de la nation vs religion d’État »
Rappel : Le premier article de la Constitution actuelle adoptée en
2014, trois ans après la chute de Zine El Abidine ben Ali, stipule, tout comme
celle de 1959, que la Tunisie «est un État libre, indépendant et souverain,
l’islam est sa religion, l’arabe sa langue et la République son régime». Dans
son préambule, la Constitution de 2014 évoque «l’appartenance culturelle et
civilisationnelle (du peuple tunisien) à l’Oumma arabe et islamique et
son identité arabe et islamique».
Cet article de Khalil Rajehi de CNews + AFP est à la source de
l’information en France et de sa confusion …Notons au passage qu’Ennahda est
présenté par l’AFP comme un parti «islamo-conservateur ou d’inspiration
islamiste»…«La Tunisie pourrait abandonner l’islam
comme religion d’Etat dans sa nouvelle Constitution, une première dans les pays
arabes par Khalil Rajehi + AFP. «L’islam pourrait ne plus être inscrit comme religion d’Etat
dans la nouvelle constitution tunisienne mais comme une religion de la nation.
Le but étant d’inclure les autres religions dans la société tunisienne et de
combattre le parti d’inspiration islamiste Ennahda (Renaissance). L’islam
demeurerait néanmoins la religion dominante dans ce pays du Maghreb. Climat
tendu en Tunisie. Sadok Belaïd, le juriste qui dirige la commission chargée de la
rédaction de ce texte, avait affirmé dans un entretien à l’AFP le 6 juin qu’il
présenterait au président un projet de charte expurgée de toute référence à
l’islam, pour combattre les partis d’inspiration islamiste comme Ennahda,
suscitant un vif débat dans le pays. Le président tunisien Kais Saïed a confirmé mardi 21
juin que l'islam ne sera pas inscrit comme religion d’État dans la nouvelle
Constitution qu'il soumettra à référendum le 25 juillet prochain. Une situation
inédite dans les pays arabes. Dans la prochaine Constitution de la
Tunisie, nous ne parlerons pas d’un Etat dont la religion est l’islam mais (de
l’appartenance de la Tunisie) à une Oumma (nation) dont la religion est
l’islam. La Oumma et l’Etat sont deux choses différentes», a déclaré M. Saïed à
des journalistes à l’aéroport de Tunis». CNews 21 juin 2022
Invité du journal télévisé de 20 heures sur la chaîne publique Al-Wataniya,
l’homme de 83 ans a notamment expliqué que l’État, en tant qu’entité morale, ne
pouvait avoir une religion. Dans le même entretien, il a accusé l’islam
politique d’être à l’origine du «ravage» politique et économique des dix
dernières années.
Rached Ghannouchi, leader d’Ennahda lors du congrès du parti |
Ennahda condamne
Le parti islamiste a condamné la remise en
cause de «questions que le peuple a tranchées dès l'Indépendance et les a
incluses dans la Constitution de la révolution». Le parti islamo-conservateur
tunisien Ennahda a mis en garde lundi contre l’omission de toute référence à
l’islam dans la nouvelle Constitution. Dans un communiqué de son bureau
exécutif, Ennahda a «mis en garde contre toute tentative de porter atteinte
aux principes fondamentaux du peuple, à son identité arabe et musulmane, ou au
caractère civil de l’État». Ennahda a condamné les «viles tentatives de
les instrumentaliser contre les dissidents». Réitérant son appel à
boycotter le référendum, Ennahda a estimé dans son communiqué que cette consultation
«vise à falsifier la volonté du peuple pour donner une légitimité factice au
pouvoir tyrannique d’un seul homme». Source AFP
Complaisance d’une certaine gauche qui applaudit les
islamistes : «Comme Mandela, Ghannouchi risque tout pour la réconciliation et la démocratie. Rached Ghannouchi tente
de forcer un changement fondamental dans la politique de la Tunisie
postrévolutionnaire pour la protéger du chaos qui l’entoure» [1]
Autres Réactions islamistes
D’autres islamistes ont réagi, dont le président du bureau politique du
parti de la coalition Al-Karama, Yosri Dali. «Il s’agit là d’un message
clair à l’Occident pour qu’il soutienne Kaïs Saïed et sa bande. Il courtise
l’islamophobie occidentale… C’est un appel à un soutien, en échange de
l’élimination de l’islam politique en Tunisie», déclare-t-il au site
panarabe Al-Araby Al-Jadid.
UGTT Le 11 juin 2022 à Tunis |
Le refus de la puissante centrale syndicale UGTT de participer à la
commission créée par Kais Saïed en vue de l’élaboration d’une nouvelle
Constitution a rebattu les cartes dans la crise politique qui secoue le pays. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT), devient
une force d’opposition à Kais Saïed, comme le démontre la grève générale du 6
juin dernier, qui a été très largement suivie dans tout le pays.
De plus, le chef de l’UGTT, Noureddine
Taboubi, a rejeté les réformes réclamées par le Fonds monétaire international
(FMI) pour accorder un prêt à la Tunisie. «Nous refusons ces conditions du FMI en raison du faible niveau des
salaires, du manque des moyens et de la hausse du taux de pauvreté et du
chômage», a déclaré à la presse le secrétaire général de l’Union générale. Pour
le FMI «la Tunisie doit remédier de toute urgence aux déséquilibres de ses
finances publiques en améliorant l’équité fiscale, en limitant la croissance de
l’importante masse salariale dans la fonction publique, en remplaçant les
subventions généralisées par des transferts à destination des plus pauvres, en
renforçant son dispositif de protection sociale et en réformant les entreprises
publiques qui perdent de l’argent». Ce refus risque d’aggraver la situation économique et sociale de la population
tunisienne déjà fortement touchée par la pandémie et le contrecoup de la guerre
en Ukraine.
Noureddine Taboubi UGTT |
Mais pour M. Taboubi, le gouvernement tunisien actuel, nommé par le
président Kais Saïed n’a pas la légitimité pour mener des discussions avec le
FMI sur des réformes. En attendant, le blocage politique actuel risque d’avoir de graves conséquences
sociales. Pour un observateur local «Selon moi, le pays s’enfonce de jour en
jour et je crains une guerre civile car le peuple a faim avant tout. Certains
mangent dans les poubelles. Jamais on n’a vu ça». Et cet épisode de la
vraie fausse réforme du statut de l’islam en Tunisie est déjà fortement
instrumentalisé par les islamistes.
Le président tunisien Kais Saïed est bien seul. |
Occupez-vous de vos gondoles
Certains
membres de la nouvelle instance électorale (ISIE), émettent des
réserves sur l’organisation de la consultation à la date choisie. Un avis
également partagé par la Commission de Venise – une instance
consultative du Conseil de l'Europe dont la Tunisie est membre – qui, estime
que le court délai entre la publication du texte du référendum et le scrutin ne
peut «conférer une légitimité démocratique au processus».
Ces critiques
sont balayées d’un revers de la main par un président déterminé à appliquer son
projet envers et contre tous. Le président tunisien Kais Saïed, n’a pas du
tout digéré l’avis négatif de la commission de Venise. Le lundi 30 mai, sur la
page Facebook de la présidence, Saïed hurle à l’ingérence et somme la
commission de Venise de prendre ses cliques et ses claques et de «s’occuper
de ses gondoles». Le texte de la nouvelle Constitution n’était toujours pas présenté
aux Tunisiens un mois avant le Référendum.
[1] David Hearst et Peter Oborne
Middle East Eye, 7 novembre 2018
3 commentaires:
شكرا للكاتب الصحفى "ألبرت نقاش " على إثارته إشكللية الإسلام في الدستور أو بالأحرى التركيز في الدستور على أن تونس دولة إسلامية..كأنها لم تكن من قبل دولة إسلامية وكأن التونسي ليس بمواطن مسلم.. تونس دولة " إسلامية " معنى ذلك أنها ستظل تحت جناح حركة النهضة التي لم تقدم للإسلام شيئا و لا لتونس شيئا.. إنها حركة منذ ظهورها سنة 2011 وهي تنهب،سطت على الأخضر و اليابس..مع أن الإسلام دين مرحمة و لكن حركة النهضة إعتصرت الشعب و امتصت دمه ولم يعد هناك من حلّ، غير تحوير الدستوركما أراد الرئيس التونسي قيس سعيد وأعتقد أنه على صواب لأن تاريخ تونس لم يبدا سنة 2011..تعالت الأصوات و تتعالى ضد كتابة الدستو خاصة الفصل الأول منه ليس من أجل الإسلام أو الخوف على المسلمين التونسيين.. تونس دولة مسلمة منذ غابر الأزمنة.. ولكن ؟؟ الأصوات تتعالى التي تتعالى هي أصوات الأحزاب الفاشلة. تتعالى أصوات هذه الأحزاب خوفا من افتضاح أمرها و تعقب مؤسسيها.. أما الإتحاد العام التونسي للشغل فقد مال مع الكفة الراجحة كفة الأحزاب الفاشلة و حركة النهضة التي خاب مسعى رئيسها في الفوز بالكرسي ، كذلك بقايا التجمع والبعض من الناشطين السياسيين الذين يدركون أن عديد المنافذ التي كانوا يتمعشون منها ستسد أمام فسادهم.. الإشكالية في نظري أعمق من التناحر على إظافة " تونس تولة مسلمة " في الدستور. الإشكالية : دستور سنة 2012 الذين كتبواالدستور جلهم من المرتزقة الذين عملوا و مازال بعضهم يعمل على إرضاء سيدهم راشد الغنوشي. إسلامهم؟ الإسلام الذي يريون سيكتب تاريخا يعمل لصالحهم. تاريخ يمحو كل الحضارات التي قامت في تونس الحضارات، التي سارت تونس و حكامها على خطاها .. هذه الإشكالية في نظري إن لم يجدوا لها حلا.. ستعود بتونس و تاريخها حيث ظهرالإسلام وكثر الحديث حوله واشتد الإحتراب... النشاة ، الحكم الصارم، تطبيق ما جاء في القرآن .. الميراث ، المرأة ، الحجاب.. تعدد الزوجات الخ.. من المبكيات المضحكات .. أنهم .. رغم تشبثهم بالإسلام لم يطبقوه عندما نهبوا الدولة وسرقوا الأموال عندما جوعواالشعب..أصبحوا أثرياء بمال الشعب.من مال الشعب.. الشعب الذي أصبح بعضه يأكل من القمامة .. الإشكالية أيضا أوالمصيبة ـ رغم ادعاءاتت البعض ـ أنّ تونس دولة متقدمة .. الواقع الذي نعيش يكذبهم.. تونس دولة متعثرة منذ سنة 2011 وقد اختلط فيها الحابل بالنابل و تخلفت عن الركب، ركب التفكير بالعقل ركب المفكرين الذين يعملون و يجتهدون .. نحتاج في هذا الظرف إلى العقل نحتاج أن نفكر بعقولنا الآخر وهنا مربط الفرص ـ قطع الطريق أمام الجاليات الأخرى ـ ليس دوما سيئا ..التاريخ السابق يمكن أن يكون منارة للاحق من التاريخ. لماذا لا نتقدم؟ لماذا نصرعلى استعمال موروث قديم يحولنا غلى عبيد. أو طواغيت نستعبد غيرنا..؟
تونس هي تونس لا تشبه أي بلد ولا يشبهها أي بلد هي فريدة في خصوصيتها هي بمفردها أمة ولا تنتمي إلى أية أمة تونس الحرية و التسامح والرقي تونس الإنسانية في أبهى صورها. قف إنتهى
Traduction des commentaires en langue arabe
NAZIHA TABAINIA a dit… Merci au journaliste Albert Naccache d'avoir soulevé la problématique de l'islam dans la constitution, ou plutôt l'accent mis dans la constitution sur le fait que la Tunisie est un État islamique... comme si elle n'avait jamais été un État islamique, comme si le Tunisien n'était pas musulman citoyen... La Tunisie est un État "islamique", c'est-à-dire qu'il restera sous l'aile du mouvement Ennahda, qui n'a rien offert à l'islam ni à la Tunisie. C'est un mouvement depuis son apparition en 2011 et il a pillé, pillé tout et tout…bien que l'islam soit une religion miséricordieuse, mais le mouvement de la Renaissance Ennahda a pressé le peuple et a sucé son sang et il n'y a plus de solution. Mais modifier la constitution, comme le voulait le président tunisien Kais Saied, et je pense qu’il a raison, car l'histoire de la Tunisie n'a pas commencé en 2011. Des voix se sont élevées et retentissent contre l'écriture de la constitution, surtout le premier chapitre de celle-ci, pas pour l'islam ou par peur pour les musulmans tunisiens, la Tunisie est un pays musulman depuis l'antiquité. Mais ?? Les voix qui s'élèvent sont celles des partis qui ont échoué. Les voix de ces partis s'élèvent par peur d'être démasqués et poursuivis. Quant à l'Union générale tunisienne du travail, l'UGTT a fait pencher la balance en faveur des partis défaillants et du Mouvement de la Renaissance Ennahda, qui a gagné ainsi le fauteuil de président de l’assemblée. Certains militants politiques s’y opposent car cela bloquerait leur corruption. Le problème, à mon avis, est plus profond que la rivalité autour de l'ajout de « la Tunisie, une femme musulmane » dans la constitution.
Le problème est la constitution de 2012. Ceux qui ont rédigé la constitution étaient pour la plupart des mercenaires qui travaillaient et certains d'entre eux travaillent encore pour plaire à leur maître Rashid Ghannouchi. Leur islam ? L'islam qu'ils verront écrira une histoire qui jouera en leur faveur. Une histoire qui efface toutes les civilisations qui se sont élevées en Tunisie, les civilisations que la Tunisie et ses gouvernants ont suivies sur leurs traces. Ce problème, à mon avis, s'ils n'y trouvent pas de solution…, Malgré leur attachement à l'islam, ne l'ont pas mis en œuvre lorsqu'ils ont pillé l'État et volé de l'argent lorsque le peuple mourait de faim. Ils sont devenus riches avec l'argent du peuple, qui mange des ordures. Aussi le problème ou la calamité - malgré les affirmations de certains - que la Tunisie est un pays développé. La réalité dans laquelle nous vivons les dément. La Tunisie est un pays qui trébuche depuis 2011. Ceux qui travaillent et s'efforcent d’avancer ont besoin de raison dans cette circonstance. Nous devons penser différemment. Les étapes précédentes peuvent être un phare pour l'histoire ultérieure. Pourquoi n'avançons-nous pas ? Pourquoi insistons-nous pour utiliser une ancienne tradition qui fait de nous des esclaves ? Ou les tyrans asservissent les autres ?
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La Tunisie est une Tunisie qui ne ressemble à aucun pays et aucun pays ne lui ressemble. Elle est unique dans sa particularité. Elle est une nation unique et n'appartient à aucune autre nation. La Tunisie est la liberté, la tolérance et le progrès, la Tunisie est l'humanité à son meilleur.
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