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jeudi 2 juillet 2020

Les Français sont versatiles


LES FRANÇAIS SONT VERSATILES

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            

        Les Français sont versatiles et le peuple indiscipliné rend difficile la tâche de gouverner.  Ils ne peuvent pas maintenir plus de six mois leur soutien qui s’effrite vite au fil du temps. Ils sont instables politiquement et incapables de faire confiance aux gens qu’ils élisent. Ils sont torturés au point de réclamer sans cesse de nouveaux dirigeants, sans avoir laissé le temps à ceux qu’ils ont désignés de faire leurs preuves. Ils sont impatients de voir les choses changer et quand ils finissent par s’y résoudre, ils s’inquiètent et freinent tout changement et toute réforme.





Gouvernement Macron

Au départ, ils étaient heureux d’avoir bousculé tous les partis et d’avoir neutralisé leurs dirigeants pour les renvoyer à leurs chères études. Alors ils se sont félicités d'avoir élu un homme politique nouveau, même si a priori, il n’avait pas le profil d’un dirigeant politique expérimenté. Le changement les boostait parce que la jeunesse était au rendez-vous.
Devant la communauté française de Bucarest en Roumanie, le 24 août 2017, Emmanuel Macron avait fait un bon diagnostic en prétendant être l'homme capable de changer l'état d'esprit des Français qui, selon lui, «détestent les réformes». Il était convaincu que : «La France n'est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n'y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes. Dès qu'on peut éviter les réformes, on le fait». Il s’est montré par la suite très optimiste en estimant que la France avait le mérite d'avoir fait le choix «un peu fou» d'un homme politique nouveau. Mais la France ne supporte pas d’être transformée en profondeur à travers de nouveaux projets. Le conservatisme est le seul combat qui fasse rêver les Français.
Macron en Roumanie

            Les résultats des dernières élections démontrent que la tâche sera ardue et que le Président ne pourra pas changer à marche forcée car des générations de Français ont changé. Les institutions de la Vème république sont devenues poussiéreuses et obsolètes. Les étiquettes gauche/droite n’ont plus de sens et les migrations des politiciens d’un bord vers l’autre sont devenues monnaie courante. Ils pensent plus à leurs carrières et à leurs avantages matériels qu’à l’intérêt du pays. De leur côté, les Français s’endorment comme des veaux, selon la terminologie du général de Gaulle.
            Alors de temps en temps ils se réveillent au moment de certaines élections, pour montrer qu’ils existent, en exigeant tout le contraire de qu’ils avaient souhaité quelques mois auparavant. On efface tout et on recommence après s’être débarrassé d’une classe politique qu’ils jugent soudain sclérosée et de politiciens prétendus médiocres. Ils prouvent que si parfois ils ne bronchent pas, ils n’en pensent pas moins et ils ne se laissent pas bousculer facilement.
            Alors le changement est toujours pour aujourd’hui pour le seul plaisir de voir des têtes nouvelles mais la politique compte peu dans ce changement. Souvent elle n’est pas présente dans leur raisonnement. Ils ne croient plus à la politique car le Parlement est constitué de godillots, donc faible puisqu’il ne dispose d’aucun pouvoir réel face au gouvernement et surtout face au Président. C’est pourquoi le peuple ne s’exprime plus à travers ses représentants mais à travers les élections diverses quand ce n’est pas à travers les manifestations générales.  

            Les décisions ne se négocient plus dans l’hémicycle mais certains extrémistes, comme ceux qui poussent les gilets jaunes, voudraient bien que la rue arbitre en permanence. Les syndicats, trop nombreux pour être efficaces sont plus occupés à se faire la guerre qu’à défendre les intérêts des salariés. Ils disposent d’un pouvoir démesuré par rapport à leur nombre d’adhérents et à leur influence. Ils ne défendent plus les intérêts du pays mais ceux d’un clan. Alors en l’absence de réformes indispensables, la France accumule un retard qui ne cesse de se creuser, au fil des années, à coups de passivité, de reculade, d’inertie et de stagnation. La France, impatiente, est devenue un pays ingouvernable.
La fonction essentielle du bulletin de vote est de choisir puis d’attendre les résultats en les sanctionnant le cas échéant au scrutin suivant. Cette attitude peut être taxée d’angélique mais elle dénote plutôt une certaine maturité politique. Or, les  Français élisent leur président avec une majorité confortable, désignent une Assemblée ultra-majoritaire pour l’aider dans sa tâche mais ils empêchent le gouvernement, qui en est issu, de réaliser le programme pour lequel il a été élu. La France est ingouvernable.
            Une certaine morosité règne dans les esprits alors que la France est un pays riche, avec de multiples ressorts économiques qui doivent permettre de surmonter la période difficile due au coronavirus. La résignation a envahi tous les secteurs de la population. Le chômage est la tare du pays. Il fait fuir de nombreux cerveaux à l’étranger.

            Les Français ont voté en masse pour un régime mais ils le regrettent au bout de trois mois parce que les changements ne se concrétisent pas si vite à leurs yeux et qu’ils attendent tout de l’État. Alors ils ont choisi ce qui peut être considéré comme une aventure avec des nouveaux venus aux élections locales. Les écologiques sont des gens convaincus, honnêtes, persévérants, d’autres diront naïfs mais leur entourage est dangereux, surtout pour les Juifs et Israël. Ils sont entourés de gauchistes antisionistes, voire antisémites, d’idéologues intransigeants, d’islamistes camouflés sous l’étiquette de la France insoumise, de gauchistes partisans de l’ouverture de toutes les frontières. Des grandes villes comme Bordeaux, Lyon, Marseille, Strasbourg, gagnées par les Écologistes, disposent de budgets dont on peut craindre une utilisation douteuse.
            Cependant la France a voté. Elle a voulu le changement, elle l’aura mais pendant six ans elle risque de subir les décisions de dirigeants opportunistes qui n’auront de cesse de financer des organisations politiques et idéologiques sans rapport avec l’écologie, ni même parfois avec la France. Les citoyens risquent de payer cher leur naïveté alors que la majorité des électeurs ne s’est pas déplacée pour voter. Elle le regrettera. Le coronavirus a bon dos.    

4 commentaires:

V. Jabeau a dit…

Excellent @jacques Benillouche. Oui elle va regretter. La gentrification des centre-villes va envoyer les familles, les vieux, les pauvres en banlieue, rendant la vie plus difficile. L’idéologie sectaire va faire reculer les libertés, mais aussi la sécurité et même ... la santé (beaucoup d’anti-vaccins par exemple). L’inquiétude de voir un duel ecolo-extreme gauche contre extrême droite à la présidentielle surgit. Les lignes de fracture sont différentes d’Israël, et les Juifs français sont bien embêtés : rester en France où le niveau de vie, leur liberté et leur sécurité baissent, ou émigrer dans un pays en proie à d’autres difficultés, Juif certes, mais bien difficile aussi où ils seront des immigrés. Il va falloir beaucoup de solidarité, en sommes-nous capables ?

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Permettez-moi, en commentaire à cet article très "franco-français", de rappeler quelques chiffres - concernant l'élection de monsieur Macron au second tour de la présidentielle de 2017 - qui pourraient apporter un bémol à votre assertion que : "Les Français ont voté en masse pour un régime...".

66,1% : score définitif d'Emmanuel Macron

25,4% : taux des abstentions (plus forte abstention depuis 1969)
11,5% : taux des votes blancs ou nuls

43,6% : score d'Emmanuel Macron rapporté au nombre des électeurs inscrits

Emmanuel Macron reste à ce jour, le président LE PLUS MAL ÉLU de la Vème République.

Très cordialement.

Jacques BENILLOUCHE a dit…

Chère Marianne,

Dans mon raisonnement j'incluais la vague de députés macronistes qui ont obtenu la majorité absolue à l'Assemblée.

Amicalement

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Si vous voulez parler de "la vague des députés macronistes", parlons-en !
Pas un seul d'entre eux n'a réussi à gagner une seule mairie, aux dernières élections municipales !
On peut donc affirmer, sans risque d'être démenti, que les Français ont administré une CLAQUE FRANCHE ET MASSIVE à Macron et à ses sbires !

Très amicalement vôtre.