LE CASUS BELLI DES MISSILES IRANIENS BASÉS EN IRAK
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Selon les services de
renseignements, l’Iran profite de la déstabilisation en Irak, liée à la
démission du Premier ministre Adel Abdel Mahdi, pour y envoyer et cacher un
stock de missiles balistiques à courte portée pouvant atteindre Israël. L’État juif n’est pas seul visé car la menace
concerne aussi les alliés des Américains dans la région et en particulier
l’Arabie saoudite. Il s’agit d’un effort
grandissant de l’Iran pour déstabiliser le Moyen-Orient et pour étendre et consolider
son pouvoir.
Milice chiite Irak |
Les nombreuses milices chiites
inféodées à l’Iran ont été chargées du transport des missiles et de leur
camouflage. En l’absence d’un régime fort, ces milices ont investi plusieurs
routes ainsi que des ponts et des infrastructures de transport en Irak pour
faciliter l’introduction en fraude des missiles ainsi que des pièces permettant
de les fabriquer sur place. L’Iran prétend que ce déploiement d’armement a
uniquement pour but de protéger ses intérêts et de se donner les moyens de
riposter en cas d’attaque de la part de ses ennemis.
Le modèle précis de missiles
balistiques est en cours d’investigation mais il semble qu’ils aient une portée
de plus de 600 kms pouvant donc atteindre Tel-Aviv depuis l’Irak. Au sein de
Tsahal, tout est mis en œuvre pour contrecarrer tout projet d’attaque contre le
cœur d’Israël. La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni semblent tout à coup
mesurer la situation préoccupante en adressant une lettre à l'ONU le 4 décembre,
révélant que l'Iran développait des «missiles balistiques à capacité
nucléaire». Ces trois pays ont donc demandé instamment au secrétaire
général de l'ONU, Antonio Guterres, de pousser ses investigations concernant
l’activité de l'Iran dans le domaine des missiles sachant qu’elle est «incompatible»
avec l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.
L’inquiétude provient de la diffusion
d’images, le 22 avril 2019, montrant un test d’un missile balistique de moyenne
portée Shahab-3, «équipé d'un véhicule de rentrée manœuvrable». Le
booster de Shahab-3 utilise un système techniquement capable de lancer une arme
nucléaire sans compter que l’Iran disposerait de quatre autres types de
missiles à capacité nucléaire.
Selon les Européens, qui pour
l’instant se bornent à des mises en garde stériles, «ces activités sont les
dernières d'une longue série d'avancées dans la technologie des missiles
balistiques iraniens. De plus, l'Iran continue sa prolifération de technologies
de missiles balistiques dans la région en violation de la résolution du Conseil
de sécurité».
Comme il fallait s’y attendre, la
réunion du Conseil de sécurité de décembre 2018 n’a bien sûr rien donné. En
revanche, pour la première fois le Kremlin s'est dit «inquiet» de la
décision de Téhéran de commencer à enrichir de l'uranium à un niveau prohibé
par l'accord international sur son programme nucléaire. Poutine commence à
avoir des doutes sur les objectifs cachés de l’Iran.
Usine nucléaire Fordo |
La
compagnie russe TVEL de combustible nucléaire contrôlée par l'État vient d’ailleurs
d’annoncer qu’elle suspendait un projet de recherche conjoint avec l'Iran en
raison de sa décision de reprendre l'enrichissement d'uranium à Fordo. Cette
société travaille principalement dans l'extraction et la production d'uranium
et était censée reconvertir les installations de Fordo dans le but de produire
des isotopes à des fins médicales, à partir d’uranium enrichi à 20%. Mais il
semble que l’enrichissement de l’uranium a été poussé à 90%, permettant ainsi la
fabrication d’une bombe.
Les
missiles balistiques constituent la principale force de dissuasion de l’Iran
qui les a implantés partout où il est présent et influent : en Irak, en
Syrie et au Yémen. L’Irak, d’ailleurs gangrené par les forces chiites, semble
être petit à petit devenu le plus important dépôt d’armements iraniens. Israël,
qui n’est pas resté inactif avec ses centaines de frappes aériennes contre les
centres iraniens, a contraint Téhéran à se replier en Irak où il a
considérablement renforcé son influence ces dernières années. Il n’a pas hésité
à envoyer ses drones armés et ses chasseurs agir en territoire irakien pour
prouver qu’aucune zone, où les Iraniens installent leurs bases, n’était un
sanctuaire à l’abri de son aviation. Il veut contrecarrer au mieux le projet de
faire de l’Irak une pièce importante entrant dans sa stratégie iranienne de
sécurité nationale.
Paradoxalement,
alors que les pays arabes ne cessent de condamner Israël pour «l’occupation
de la Palestine et pour ses agissements criminels envers son peuple», ils
ferment les yeux sur la réelle occupation par l’Iran de l’Irak, de la Syrie,
du Yémen et du Liban dans le but de domination chiite du monde sunnite, en
prétextant agir au nom d’un «axe de la résistance».
Kohavi en exercice |
La
guerre contre l’Iran voit ses prémices avec les frappes israéliennes contre les
bases en Irak. Israël, qui lutte pour son existence, ne peut pas se permettre de
rester passif à l’instar des Américains qui n’ont pas réagi aux attaques de
navires dans le Golfe, à la frappe contre un de leur drone et aux attaques
contre les installations pétrolières saoudiennes. Cette passivité américaine ne
cesse d’étonner et de convaincre les Israéliens qu’ils doivent agir seuls. Les Européens
sont trop occupés à garder leur neutralité car ils entretiennent l’illusion de
devenir des médiateurs des conflits. Cependant, le désengagement américain intervient
au moment où sur le plan intérieur certains peuples se révoltent contre l’arc
chiite en menaçant des régimes, souvent religieux, bien établis.
Tsahal
sait que le danger vient de trois fronts : le Hezbollah avec ses 140.000
missiles, le Hamas et le djihad islamique avec leurs 20.000 roquettes et enfin
la Syrie et l’Irak avec la présence des Iraniens qui ont montré qu’ils étaient
capables de narguer les Américains en envoyant simultanément 25 drones et
missiles contre les installations saoudiennes, en toute impunité. En cas
d’attaque de l’Iran ou de l’un de ses inféodés, les Israéliens seront seuls et
certainement pas soutenus par les Européens. Alors, fidèles à leur stratégie
préventive, ils ne peuvent pas attendre que l’Iran tire le premier après avoir
fabriqué sa bombe et rééditer le drame de la Guerre du Kippour.
Unite de commando |
En
l’absence d’un gouvernement qui tarde à se constituer, Israël s’en remet à l’un
de ses meilleurs chef d’État-major qui a couvert toutes les fonctions de
commandement de Tsahal : commandant de la Cisjordanie, chef des renseignements
militaires et commandement de la région nord. Avec son équipe, il a conçu son
plan «Momentum» (C’est le moment) qu’il a bien sûr présenté au premier
ministre Netanyahou mais aussi à Benny Gantz, faisant fonction de chef de
l’opposition.
Comme en 1967, il s’agit d’un engagement sur tous les fronts,
simultanément pour dérouter l’ennemi et se prémunir contre une union sacrée. Certains
sont sceptiques sur les conséquences d’une telle attaque contre les sites
nucléaires car ils pensent que l’Iran en tirerait profit en se présentant alors
comme le défenseur du monde musulman et le seul capable de contrer «l’impérialisme
israélien». Le peuple iranien trouverait une raison de se rassembler pour
faire front contre l’ennemi et pour consolider le régime des Mollahs.
Selon
quelques indiscrétions volontaires, le plan ambitieux de Kohavi prévoit la
destruction des capacités iraniennes, la reprise du contrôle de Gaza,
l’éradication des djihadistes, la neutralisation du Hamas et cerise sur le
gâteau une réconciliation avec le Liban après la mise en déroute du Hezbollah. L’Arabie
approuverait ce plan car les sunnites reprendraient alors le contrôle du Liban
et de Gaza. Par ailleurs, le réchauffement des relations avec les Jordaniens,
les Égyptiens et l’Arabie saoudite, voire les Syriens, acterait la fin du
conflit au Proche-Orient. Cela ferait l’affaire des gouvernements faibles du
Liban, d’Iran et de Syrie qui misent sur une guerre pour sortir de leur impasse
politique et économique.
Mark Milley en Israël |
Ce
scénario idyllique permettrait à Netanyahou de se sortir, au moins
temporairement, de ses problèmes judiciaires. Aviv Kohavi est devenu l’homme
fort du pays après la mise à l’écart des politiques. Il est le seul capable de
recréer l’union du pays face au danger. Il vient d’avoir le soutien affiché du
chef d’État-major des Armées Américaines, Mark Milley, en déplacement en Israël,
qui avait été précédé six mois auparavant par le chef de l’US Air Force, le général
David L. Goldfein.
Leur
voyage en Israël n’est pas anodin. Les deux hauts-gradés sont venus entendre de
la bouche de Kohavi que l’Iran est devenu la première puissance du Moyen-Orient
en termes de missiles balistiques. Il est fort probable que les chefs
militaires américains aient approuvé, voir légitimé une action israélienne
éclair préventive et aient donné leur imprimatur. Israël est certain de la
neutralité des Européens, des Américains et même des Russes qui n’envisagent
pas de s’impliquer dans un conflit où ils n’ont rien à gagner.
La
seule inconnue reste le jour du déclenchement de la guerre qui dépend d’une
provocation d’un bord ou de l’autre, ou alors de la décision de Tsahal
d’anticiper le conflit pour mieux se défendre. Israël sera alors internationalement
condamné mais on le remerciera discrètement d’avoir détruit des organisations
terroristes et empêché l’Iran de nuire avec sa bombe sachant par ailleurs que les
dirigeants iraniens, comme ceux du Hamas ou du Hezbollah, n’ont aucun scrupule
à sacrifier des milliers de vies pour rester au pouvoir en se prétendant
incarner la «Résistance à
l’Occident».
Ron Dermer |
Ron Dermer, ambassadeur
d’Israël aux Etats-Unis abonde dans ce sens : «Si l’Iran ne quitte pas la
Syrie, les chances d’une confrontation militaire augmenteront. Je ne parle pas
d’année ou de mois, je vous parle de semaines». Il sait de quoi il parle.
2 commentaires:
Qu'ISRAEL se défende contre ses ennemis.. c'est son droit absolu, que tout un chacun, normalement constitué, approuve.. car aucun pays du monde, petit ou grand, n'accepterait de vivre sous la menace au quotidien de ses ennemis...comme l'est actuellement ISRAEL !!! Tout le soutien des gens sérieux de ce Monde, est de son côté.
toutes les dictatures se sont achevées dans le sang!
Les troubles en Iran sont inquiétants: la solution pour les dirigeants est de déclencher une répression, et si elle n'est pas suffisante, une guerre contre un ennemi réel, ou dans le cas d'Israël supposé, soit directement, ou mieux pour eux pars ses supplétifs, leur permettant de dire qu'ils n'ont pas déclenchés les hostilités! Quoi mieux qu'une guerre pour souder le peuple derrière ses dirigeants!
je pense que la guerre est inévitable et que les dirigeants israéliens doivent choisir le moment le plus propice pour la mener! Il ne faut pas avoir un nouveau Kippour 73!
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