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mardi 10 décembre 2019

Le casus belli des missiles iraniens en Irak


LE CASUS BELLI DES MISSILES IRANIENS BASÉS EN IRAK

Par Jacques BENILLOUCHE
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        Selon les services de renseignements, l’Iran profite de la déstabilisation en Irak, liée à la démission du Premier ministre Adel Abdel Mahdi, pour y envoyer et cacher un stock de missiles balistiques à courte portée pouvant atteindre Israël.  L’État juif n’est pas seul visé car la menace concerne aussi les alliés des Américains dans la région et en particulier l’Arabie saoudite.  Il s’agit d’un effort grandissant de l’Iran pour déstabiliser le Moyen-Orient et pour étendre et consolider son pouvoir.


Milice chiite Irak

            Les nombreuses milices chiites inféodées à l’Iran ont été chargées du transport des missiles et de leur camouflage. En l’absence d’un régime fort, ces milices ont investi plusieurs routes ainsi que des ponts et des infrastructures de transport en Irak pour faciliter l’introduction en fraude des missiles ainsi que des pièces permettant de les fabriquer sur place. L’Iran prétend que ce déploiement d’armement a uniquement pour but de protéger ses intérêts et de se donner les moyens de riposter en cas d’attaque de la part de ses ennemis.
            Le modèle précis de missiles balistiques est en cours d’investigation mais il semble qu’ils aient une portée de plus de 600 kms pouvant donc atteindre Tel-Aviv depuis l’Irak. Au sein de Tsahal, tout est mis en œuvre pour contrecarrer tout projet d’attaque contre le cœur d’Israël. La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni semblent tout à coup mesurer la situation préoccupante en adressant une lettre à l'ONU le 4 décembre, révélant que l'Iran développait des «missiles balistiques à capacité nucléaire». Ces trois pays ont donc demandé instamment au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de pousser ses investigations concernant l’activité de l'Iran dans le domaine des missiles sachant qu’elle est «incompatible» avec l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

            L’inquiétude provient de la diffusion d’images, le 22 avril 2019, montrant un test d’un missile balistique de moyenne portée Shahab-3, «équipé d'un véhicule de rentrée manœuvrable». Le booster de Shahab-3 utilise un système techniquement capable de lancer une arme nucléaire sans compter que l’Iran disposerait de quatre autres types de missiles à capacité nucléaire.
            Selon les Européens, qui pour l’instant se bornent à des mises en garde stériles, «ces activités sont les dernières d'une longue série d'avancées dans la technologie des missiles balistiques iraniens. De plus, l'Iran continue sa prolifération de technologies de missiles balistiques dans la région en violation de la résolution du Conseil de sécurité».
            Comme il fallait s’y attendre, la réunion du Conseil de sécurité de décembre 2018 n’a bien sûr rien donné. En revanche, pour la première fois le Kremlin s'est dit «inquiet» de la décision de Téhéran de commencer à enrichir de l'uranium à un niveau prohibé par l'accord international sur son programme nucléaire. Poutine commence à avoir des doutes sur les objectifs cachés de l’Iran.  
Usine nucléaire Fordo

            La compagnie russe TVEL de combustible nucléaire contrôlée par l'État vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle suspendait un projet de recherche conjoint avec l'Iran en raison de sa décision de reprendre l'enrichissement d'uranium à Fordo. Cette société travaille principalement dans l'extraction et la production d'uranium et était censée reconvertir les installations de Fordo dans le but de produire des isotopes à des fins médicales, à partir d’uranium enrichi à 20%. Mais il semble que l’enrichissement de l’uranium a été poussé à 90%, permettant ainsi la fabrication d’une bombe.
            Les missiles balistiques constituent la principale force de dissuasion de l’Iran qui les a implantés partout où il est présent et influent : en Irak, en Syrie et au Yémen. L’Irak, d’ailleurs gangrené par les forces chiites, semble être petit à petit devenu le plus important dépôt d’armements iraniens. Israël, qui n’est pas resté inactif avec ses centaines de frappes aériennes contre les centres iraniens, a contraint Téhéran à se replier en Irak où il a considérablement renforcé son influence ces dernières années. Il n’a pas hésité à envoyer ses drones armés et ses chasseurs agir en territoire irakien pour prouver qu’aucune zone, où les Iraniens installent leurs bases, n’était un sanctuaire à l’abri de son aviation. Il veut contrecarrer au mieux le projet de faire de l’Irak une pièce importante entrant dans sa stratégie iranienne de sécurité nationale.
            Paradoxalement, alors que les pays arabes ne cessent de condamner Israël pour «l’occupation de la Palestine et pour ses agissements criminels envers son peuple», ils ferment les yeux sur la réelle occupation par l’Iran de l’Irak, de la Syrie, du Yémen et du Liban dans le but de domination chiite du monde sunnite, en prétextant agir au nom d’un «axe de la résistance».
Kohavi en exercice

            La guerre contre l’Iran voit ses prémices avec les frappes israéliennes contre les bases en Irak. Israël, qui lutte pour son existence, ne peut pas se permettre de rester passif à l’instar des Américains qui n’ont pas réagi aux attaques de navires dans le Golfe, à la frappe contre un de leur drone et aux attaques contre les installations pétrolières saoudiennes. Cette passivité américaine ne cesse d’étonner et de convaincre les Israéliens qu’ils doivent agir seuls. Les Européens sont trop occupés à garder leur neutralité car ils entretiennent l’illusion de devenir des médiateurs des conflits. Cependant, le désengagement américain intervient au moment où sur le plan intérieur certains peuples se révoltent contre l’arc chiite en menaçant des régimes, souvent religieux, bien établis.
            Tsahal sait que le danger vient de trois fronts : le Hezbollah avec ses 140.000 missiles, le Hamas et le djihad islamique avec leurs 20.000 roquettes et enfin la Syrie et l’Irak avec la présence des Iraniens qui ont montré qu’ils étaient capables de narguer les Américains en envoyant simultanément 25 drones et missiles contre les installations saoudiennes, en toute impunité. En cas d’attaque de l’Iran ou de l’un de ses inféodés, les Israéliens seront seuls et certainement pas soutenus par les Européens. Alors, fidèles à leur stratégie préventive, ils ne peuvent pas attendre que l’Iran tire le premier après avoir fabriqué sa bombe et rééditer le drame de la Guerre du Kippour.
Unite de commando

            En l’absence d’un gouvernement qui tarde à se constituer, Israël s’en remet à l’un de ses meilleurs chef d’État-major qui a couvert toutes les fonctions de commandement de Tsahal : commandant de la Cisjordanie, chef des renseignements militaires et commandement de la région nord. Avec son équipe, il a conçu son plan «Momentum» (C’est le moment) qu’il a bien sûr présenté au premier ministre Netanyahou mais aussi à Benny Gantz, faisant fonction de chef de l’opposition. 
         Comme en 1967, il s’agit d’un engagement sur tous les fronts, simultanément pour dérouter l’ennemi et se prémunir contre une union sacrée. Certains sont sceptiques sur les conséquences d’une telle attaque contre les sites nucléaires car ils pensent que l’Iran en tirerait profit en se présentant alors comme le défenseur du monde musulman et le seul capable de contrer «l’impérialisme israélien». Le peuple iranien trouverait une raison de se rassembler pour faire front contre l’ennemi et pour consolider le régime des Mollahs.
            Selon quelques indiscrétions volontaires, le plan ambitieux de Kohavi prévoit la destruction des capacités iraniennes, la reprise du contrôle de Gaza, l’éradication des djihadistes, la neutralisation du Hamas et cerise sur le gâteau une réconciliation avec le Liban après la mise en déroute du Hezbollah. L’Arabie approuverait ce plan car les sunnites reprendraient alors le contrôle du Liban et de Gaza. Par ailleurs, le réchauffement des relations avec les Jordaniens, les Égyptiens et l’Arabie saoudite, voire les Syriens, acterait la fin du conflit au Proche-Orient. Cela ferait l’affaire des gouvernements faibles du Liban, d’Iran et de Syrie qui misent sur une guerre pour sortir de leur impasse politique et économique.
Mark Milley en Israël

            Ce scénario idyllique permettrait à Netanyahou de se sortir, au moins temporairement, de ses problèmes judiciaires. Aviv Kohavi est devenu l’homme fort du pays après la mise à l’écart des politiques. Il est le seul capable de recréer l’union du pays face au danger. Il vient d’avoir le soutien affiché du chef d’État-major des Armées Américaines, Mark Milley, en déplacement en Israël, qui avait été précédé six mois auparavant par le chef de l’US Air Force, le général David L. Goldfein.
            Leur voyage en Israël n’est pas anodin. Les deux hauts-gradés sont venus entendre de la bouche de Kohavi que l’Iran est devenu la première puissance du Moyen-Orient en termes de missiles balistiques. Il est fort probable que les chefs militaires américains aient approuvé, voir légitimé une action israélienne éclair préventive et aient donné leur imprimatur. Israël est certain de la neutralité des Européens, des Américains et même des Russes qui n’envisagent pas de s’impliquer dans un conflit où ils n’ont rien à gagner.
            La seule inconnue reste le jour du déclenchement de la guerre qui dépend d’une provocation d’un bord ou de l’autre, ou alors de la décision de Tsahal d’anticiper le conflit pour mieux se défendre. Israël sera alors internationalement condamné mais on le remerciera discrètement d’avoir détruit des organisations terroristes et empêché l’Iran de nuire avec sa bombe sachant par ailleurs que les dirigeants iraniens, comme ceux du Hamas ou du Hezbollah, n’ont aucun scrupule à sacrifier des milliers de vies pour rester au pouvoir en se prétendant incarner la «Résistance  à l’Occident».
Ron Dermer

            Ron Dermer, ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis abonde dans ce sens : «Si l’Iran ne quitte pas la Syrie, les chances d’une confrontation militaire augmenteront. Je ne parle pas d’année ou de mois, je vous parle de semaines». Il sait de quoi il parle.




2 commentaires:

  1. Qu'ISRAEL se défende contre ses ennemis.. c'est son droit absolu, que tout un chacun, normalement constitué, approuve.. car aucun pays du monde, petit ou grand, n'accepterait de vivre sous la menace au quotidien de ses ennemis...comme l'est actuellement ISRAEL !!! Tout le soutien des gens sérieux de ce Monde, est de son côté.

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  2. toutes les dictatures se sont achevées dans le sang!
    Les troubles en Iran sont inquiétants: la solution pour les dirigeants est de déclencher une répression, et si elle n'est pas suffisante, une guerre contre un ennemi réel, ou dans le cas d'Israël supposé, soit directement, ou mieux pour eux pars ses supplétifs, leur permettant de dire qu'ils n'ont pas déclenchés les hostilités! Quoi mieux qu'une guerre pour souder le peuple derrière ses dirigeants!
    je pense que la guerre est inévitable et que les dirigeants israéliens doivent choisir le moment le plus propice pour la mener! Il ne faut pas avoir un nouveau Kippour 73!

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