TSAHAL IGNORE LES LIMITATIONS AÉRIENNES IRAKIENNES
Par Jacques BENILLOUCHE
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Chammal : Ravitaillement en vol d'un rafale par un KC10 américain |
En septembre
2014, la Syrie avait déclaré que l’armée israélienne avait abattu un de ses
avions de combats dans le sud du pays en transgression de la résolution 2170
qui «réaffirmait l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité
territoriale de la République d’Irak et de la République arabe syrienne»
mais qui autorise la lutte contre «la menace que représentent, pour la
région notamment, l’État islamique d’Irak et du Levant et le Front el-Nosra». Le
Conseil de sécurité autorisait donc l’usage de la force contre ces groupes terroristes par une coalition internationale dirigée par les États-Unis. C’est
dans ce cadre que l'opération Chammal a été organisée, nom donné à la
participation des forces armées françaises, au sein de cette coalition.
Adel Abdel Mahdi |
Pour faciliter les opérations de la coalition, le gouvernement irakien avait
accordé des autorisations spéciales pour les vols dans son espace aérien. Mais le
premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, avait annulé le 15 août ces autorisations
en précisant qu’elles s’appliquaient «aux missions de reconnaissance, aux
avions de chasse, aux hélicoptères et aux drones». Cela impliquait que tout
aéronef volant sans autorisation sera «considéré comme un appareil hostile
et sera immédiatement traité par la défense aérienne». Israël était visé en premier.
Cela était justifié par les multiples incidents aux origines indéterminées.
En juillet 2019 à Amirli dans la province de Salah-ad-Din, une base occupée par
des milices irakiennes soutenues par l’Iran, Hachd al-Chaabi, a subi une
attaque de drone suivie d’explosions. Au moins un membre des Gardiens iraniens
de la Révolution a été tué.
Le quotidien Asharq Al-Awsat, sur la base d’informations occidentales, a
affirmé que des F-35I israéliens auraient frappé à deux reprises des entrepôts
iraniens stockant des armes et des missiles, au nord-est de Bagdad. Selon les
experts, qui précisent que la base israélienne de Névatim se trouvant à plus de
1.000 kms, l’opération ne pouvait s’exécuter qu’au moyen d’un avion
ravitailleur. Une sorte d’exercice grandeur nature pour une attaque
d’envergure à longue distance.
Le 12 août, une autre explosion a eu lieu dans un autre dépôt d’armes situé
dans le camp militaire de Saqr, au sud de Bagdad, appartenant aux mêmes
milices. Israël est seul accusé alors que la coalition anti-djihadiste ne cesse de
mener des opérations aériennes. Pour les seuls Français, les Rafale basés en
Jordanie ont effectué 450 sorties aériennes au cours du premier semestre 2019. Pour l’instant, les forces irakiennes ont de
fortes lacunes dans le domaine aérien en ce qui concerne les capacités ISR (Intelligence,
surveillance, reconnaissance) ce qui laisse l’espace aérien tout à fait ouvert
aux aviations militaires étrangères.
Frappe à Al-Balad |
Le 20 août 2019, la base militaire d’Al-Balad dans la province de
Salahuddin a été bombardée. Il s’agirait d’une action militaire israélienne,
non confirmée par Tsahal, contre des entrepôts d'armes iraniennes et de
missiles qui ont fait l’objet d’incendie de grande envergure. Selon le quotidien
Asharq Al-Awsat, ces attaques ont eu lieu sous couvert d’un accord américano-russe en partant pour principe que «la sécurité d'Israël est une priorité, tout comme les
attaques contre l'Iran en Irak et en Syrie». Tsahal n’a certes pas reconnu
officiellement ces raids pour éviter les complications régionales mais depuis
2018, le gouvernement israélien avait annoncé qu’il se gardait le droit de
frapper les sites et les entrepôts de missiles balistiques iraniens en Irak et
en Syrie.
Israël avait prévenu ses alliés occidentaux de sa volonté «d'étendre ses
opérations contre l’Iran en Irak» malgré trois obstacles majeurs. Washington
craint en effet que ces frappes aient une influence sur sa présence en Irak,
sur la guerre contre Daesh et surtout sur le gouvernement irakien. Par
ailleurs, Israël doit ménager ses relations avec la Russie après qu’un de ses
avions avait été frappé en septembre 2018.
Général Norkin |
Enfin Israël doit tenir compte de l’état
de préparation des avions F-35 qui n’avaient pas obtenu le baptême du feu et
surtout de sa capacité à assurer leur ravitaillement en vol. Tsahal est à
présent prêt et on doit cette information au commandant de l'armée de l'air
israélienne. Le général Amikam Norkin avait annoncé en mai 2019 que les F-35
seraient les premiers à être utilisés à l’étranger dans des frappes militaires : «Les
avions de combat F-35 israéliens volent dans tout le Moyen-Orient, et nous
sommes les premiers à les utiliser en combat».
Cette déclaration coïncidait avec
la visite de Benjamin Netanyahu en Russie et il est fort probable qu’il a
discuté avec le président Vladimir Poutine d’une coordination militaire en
Syrie pour éviter tout incident entres les armées. Il a été aussi prévu que le
système de missiles S-300 ne soit pas activé contre les avions israéliens dès
lors où seuls les Iraniens étaient visés.
Bolton, ben Shabbat et Patrushev |
D’ailleurs une réunion importante s’est
tenue fin juin à Jérusalem entre John Bolton, conseiller à la sécurité
nationale de la Maison Blanche, Meir Ben-Shabbat, conseiller israélien à la
sécurité nationale et Nikolai Patrushev, secrétaire du Conseil de sécurité
russe. La réunion avait entériné la priorité à la
sécurité d'Israël en Syrie et en Irak. C'est à cet effet que les États-Unis avaient donné
le feu vert à cette action contre l’Iran. Il est probable que Tsahal ne se contentera pas de cette seule action militaire tant que le danger iranien rode à ses frontières. Un bon moyen de "roder" les nouvelles escadrilles de F-35.
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