HEZBOLLAH : DEUXIÈME ARMÉE
DU MOYEN-ORIENT
Par Jacques BENILLOUCHE
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Contretemps
On
comprend mieux pourquoi l’État-major a voulu isoler les risques du Sud en négociant
au mieux avec le Hamas pour concentrer tous les moyens militaires au nord, aux
frontières syrienne et libanaise. Le quotidien israélien Yediot Aharonot
rapporte, sur la base d’informations sécuritaires, que le Hezbollah est à
présent la deuxième armée du Moyen-Orient au vu de ses capacités militaires : «La plus forte armée du Moyen-Orient après
l’armée israélienne a reçu un nouvel arsenal d’armes comportant des dispositifs
de vision nocturne spéciaux et de haute qualité, des armes de combat
électroniques des drones, ainsi que des mortiers transportant une demie-tonne
d’explosifs et des roquettes».
Hezbollah en Syrie |
On n’ira pas jusqu’à dire comme Hassan Nasrallah que «la
Résistance au Liban, avec ses armes, ses hommes, ses capacités, son expertise,
sa foi, sa détermination est plus forte que l'armée israélienne». Mais
le risque s’est accru et le Hezbollah est devenu une véritable armée avec qui
il faut compter. En cas de conflit, il ne s’agirait plus d’une guerre
asymétrique mais d’une guerre entre armées de métier.
Enterrement Hezbollah |
Les miliciens libanais ont
acquis chèrement, au prix de centaines de morts, une certaine expertise des
combats en Syrie. Selon Yediot : «L’armée israélienne réalise que le
Hezbollah a acquis une grande expérience dans la guerre en Syrie. Voilà
pourquoi elle ressent plus que jamais la nécessité d’instaurer des changements
radicaux pour se préparer à la prochaine épreuve de force avec l’armée la plus
forte du Moyen-Orient après l’armée israélienne. Pour la première fois, les
forces terrestres de l’armée israélienne mettent en œuvre une stratégie de «
bataille combinée » en quatre dimensions en prévision d’une éventuelle guerre
avec le Hezbollah. Ces derniers jours, les militaires israéliens ont mené les
exercices d’entraînement les plus importants menés par la 36ème division blindée,
y compris la 7ème brigade blindée».
Il ne s’agit pas de propos alarmistes mais réalistes
car on ne doit pas sous-estimer ses ennemis. C’est pourquoi les gesticulations
politiques pour la nomination du prochain chef de Tsahal sont déplacées car
l’armée doit se sentir unie et soutenue par la population. La politique et la
religion n’ont rien à y faire. Le gouvernement doit désigner le véritable
général qui aura la charge d’améliorer les capacités stratégiques de Tsahal sachant
que la compétence doit être le seul credo du général choisi.
Gadi Eizenkot, qui est un
stratège reconnu, avait anticipé ce risque en 2015 en présentant son plan
quinquennal «Gideon», du nom du guerrier de la Bible à qui
Dieu avait ordonné de combattre les Madianites et de détruire leurs idoles. Le
plan Gideon, qui reconnaît que dans un État démocratique l'armée est
soumise à la suprématie du gouvernement, repose sur trois piliers définis
depuis la création de l’État par David Ben Gourion : dissuasion, alerte rapide
et résultat décisif. Un quatrième vient d’être rajouté : la défense. Tsahal considère que sa mission consiste à
repousser et à neutraliser les menaces, créant ainsi une dissuasion efficace, à
reporter si possible la confrontation, mais aussi à utiliser des stratégies
défensives et offensives et la force de la manière la plus déterminée et la
plus efficace, dans le respect du droit international et des règles de la
guerre.
Eizenkot avait alors
décrit le Printemps arabe comme un bouleversement aux rebondissements
inattendus : «L'ancien ordre s'est effondré. Quatre pays - la
Syrie, la Libye, le Yémen et l’Irak - ont été façonnés par la guerre civile et
le déclin du gouvernement central». Il avait vu juste. La
stratégie de Tsahal considère aujourd’hui le Hezbollah comme un ennemi
dangereux en possession de près de 100.000 missiles et roquettes pouvant être
dirigés sur presque tous les sites militaires ou stratégiques en Israël. Fait étonnant, Eizenkot, se référant
certainement aux renseignements de l’armée, a peu mentionné l’Iran dans son
document et il le définit comme une menace contre Israël, uniquement à travers
son soutien aux groupes terroristes dans la région. Contrairement à Benjamin
Netanyahou, il ne soulève pas le problème de son programme nucléaire. Eizenkot
et ses principaux commandants militaires ont en effet critiqué l’accord
nucléaire avec l’Iran mais ils reconnaissent qu’il contient des éléments positifs,
au moins pour la durée de 10 ans, sauf si l’Iran trichait.
Eizenkot avec la brigade golani au Golan |
Après la guerre du Liban
et dans cet esprit, Eizenkot a réorganisé l’armée à sa façon pour l’adapter à
la réalité émergente. Le nombre de chars a été réduit de 75% et celui des avions
de combat de 50% en éliminant les modèles anciens ou périmés pour garder les
plus efficaces. Il a étendu la flotte de sous-marins à six avec, selon les
informations des chancelleries étrangères, une capacité de lancer des missiles
nucléaires. Il a augmenté de 400% le nombre de drones, amélioré les capacités
de renseignement et de cyber. Eizenkot, dont on parle de lui comme du meilleur
chef d’État-major de l’Histoire d’Israël, a précisément mesuré les défis, les risques et
les opportunités auxquels Israël est confronté mais il sent qu’il existe une
certaine réticence de la part du gouvernement à admettre sa stratégie.
Le bataillon «Gideon»,
faisant partie de la brigade Golani, a été renforcé pour prendre en charge la
défense de la zone de Gilboa. Ce bataillon célèbre a conduit l’opération «Assaf»
pendant la guerre d’Indépendance, la prise de Tel Facher, de Tel Azziat et des
ruines de Bāniyās pendant la Guerre des Six Jours, enfin le combat sur le mont Hermon
pendant la Guerre du Kippour et l’Opération «Litani» du
Liban. Il assure aujourd’hui la protection des communautés israéliennes de
la frontière nord. Le bataillon utilise à présent la haute technologie avec ses
24 drones-espions capables de détecter tout élément douteux émettant un signal, d’identifier
sa position et de le neutraliser. Les soldats du bataillon, sont aussi équipés
d’obus de mortier dotés de capacités de contrôle de vol et d’un rayon d’une
précision de cinq mètres.
Tout a été prévu par l’État-major
selon Yediot : «Chaque unité des forces terrestres disposera d’une
batterie de défense anti-aérienne pour combattre les mortiers lourds et les
menaces balistiques des drones. L’unité de l’armée de l’air disposera d’un
petit aéroport avec une équipe de contrôle aérien qui gérera tout ce qui se
passe jusqu’à 1.000 pieds d’altitude. Les forces terrestres et l’aviation
couvriront également le territoire aérien au-dessus de 1.000 pieds, tandis que
la seule zone située au-dessus de 3.000 pieds serait couverte par l’armée de
l’air».
Près de 400 soldats ont
été chargés d’analyser le potentiel du Hezbollah au
Golan, certainement en s’infiltrant derrière les lignes ennemies. Ils constituent
les effectifs pour consolider les services de renseignements de l’armée. Il n’y aura pas de surprise pour Tsahal au
Golan. La deuxième armée du Moyen-Orient est attendue de pied ferme si d’aventure
elle cherchait à se confronter aux Israéliens qui sont cependant convaincus qu’elle
n’en a pas l’intention, pour l’instant, préférant se couvrir derrière les
mercenaires iraniens et les Gardiens de la révolution.
1 commentaire:
Cher monsieur Benillouche,
"Hezbollah deuxième armée du Moyen-Orient", ça fait son petit effet après l'article sur le "tigre en papier" !
"On n'ira pas jusqu'à dire..." mais on dit quand même, et ce qu'on dit fait froid dans le dos.
Mais ce qu'on ne dit pas - que tout le monde sait - c'est que derrière la première armée du Moyen-Orient, il y a la première armée du monde, et que l'Iran est devenu l'ennemi irréductible de Trump.
"Tout est prévu par l'état-major", dites-vous, gageons qu'il a même déjà prévu le nombre de morts.
Très cordialement.
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