TSAHAL À GAZA : LE CHOIX DE LA MODÉRATION
Par Jacques BENILLOUCHE
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Un agriculteur israélien éteint un incendie dans ses champs |
Une question taraude l’esprits
des Israéliens : pourquoi Tsahal réagit mollement aux incendies à la
frontière de Gaza. Il est difficile de justifier cette passivité alors que des hectares
de plantations disparaissent tous les jours en fumée. L’aviation pourrait raser, en quelques
heures, des champs de culture palestinienne à Gaza. Certains pensent qu’en
incendiant par représailles quelques terres cultivées à Gaza, cela donnerait à
réfléchir aux meneurs. Enfin, Israël pourrait fermer l'entrée des marchandises à Gaza depuis le terminal de Kerem Chalom.
Cliquer sur la suite pour voir la vidéo du général Manélis à Paris
Manifestation à Paris pour Gaza |
Mais, malgré cette relative modération de l’armée israélienne,
l’Occident est pourtant vent debout pour la défense des Palestiniens parce qu’il
estime que plus d’une centaine de morts font désordre. On imagine la réaction
mondiale si des mesures militaires plus draconiennes avaient été prises contre
les incendiaires et leurs cultures. L’atteinte à la nature et à l’environnement
ne trouve aucune oreille compatissante quand il s’agit d’Israël.
Il
semble en fait que le gouvernement ne veuille pas attiser la situation et qu’il
mise sur la lassitude des Gazaouis devant la détermination israélienne. Les
meneurs palestiniens n’attendent que des
mesures de force israéliennes pour se positionner en victimes et donner une
occasion aux instances internationales de condamner les actes d’Israël. Les
dirigeants israéliens estiment que la politique œil pour œil prônée par
la Bible n’est pas réaliste quand il s’agit de détruire le gagne-pain d’une
population déjà dans la détresse en raison d’une gouvernance islamiste
égoïste. La vengeance contre des
populations civiles pourrait être alors assimilée à un crime et Israël n’y gagnerait rien.
En
fait des raisons politiques conduisent à cette passivité recherchée. Le Djihad
islamique, encouragé par l’Iran, est responsable des tirs de missiles. Israël
refuse d’entrer dans son jeu consistant à enflammer le Sud pour forcer Tsahal à
faire intervenir en masse ses forces et dégarnir des zones plus sensibles.
Quant à la minorité extrémiste du Hamas, maître d’œuvre de la formation des
jeunes aux cerfs-volants enflammés, elle finira par s’épuiser d’elle-même et
épuiser son stock inflammable. Le Hamas a déjà perdu le contrôle sur la bande
de Gaza et Israël ne veut pas faciliter le jeu iranien.
Le porte-parole de Tsahal, le
général Ronen Manelis estime en effet que «pendant des semaines, le
Hamas a essayé de mener des émeutes sur la barrière frontalière et a échoué
encore et encore. Au cours des deux dernières semaines, il a concentré ses
efforts sur la réalisation d'attentats terroristes - coups de feu, bombes et
autres et il a permis au Djihad islamique soutenu par l'Iran d'attaquer les
villes israéliennes autour de Gaza».
La raison fondamentale de la
retenue d’Israël s’explique aussi parce que les dirigeants du Hamas ne veulent
plus suivre aveuglément la politique iranienne. Le Hamas s'est engagé dans
une négociation diplomatique sous l’égide de l’Égypte et il ne veut pas faire
capoter les discussions qui se sont accélérées ces derniers jours. Les
diplomates se penchent sur une solution pour les prisonniers israéliens et les
corps de soldats tuées en 2014.
Israéliens au Golan |
Par
ailleurs, raison tactique majeure, Tsahal estime qu’il n’a aucun intérêt à mobiliser
ses troupes et ses matériels au sud,
pour quelques cerfs-volants et des centaines d’hectares brûlés, alors que la
situation est plus préoccupante au nord. Il risque d'être contraint de faire appel aux réservistes qui ne sont pas indispensables pour l'instant. En poussant ses vassaux à intervenir à
Gaza, l’Iran escomptait une panique israélienne pour créer un abcès de fixation
au sud. Or, donner une importance démesurée à quelques terroristes dangereux à Gaza
ne constitue pas une bonne stratégie quand, au nord, les Iraniens et le
Hezbollah consolident leurs forces et arment leurs missiles en Syrie, sous
prétexte de s’attaquer aux organisations rebelles, mais en fait pour préparer
le prochain round avec Israël.
De
nombreux diplomates estiment qu’il y a de bonnes chances de parvenir à un
accord avec le Hamas pour maintenir la frontière dans un état pacifique
permanent. Ils ont révélé que
parallèlement à l’intervention égyptienne, des négociations indirectes sur un
accord d'échange de prisonniers entre Israël et le Hamas, sont en cours sous la
médiation de l'Allemagne. Tsahal refuse de donner l’impression qu’il n’a plus
les moyens de la dissuasion mais, aux ordres du pouvoir civil, il privilégie la
paix à la guerre et le calme à l’extension des opérations militaires.
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